Après presque 15 ans à observer la scène politique sur la Colline du Parlement, j’ai vu la relation économique du Canada avec les États-Unis se transformer d’un simple partenariat à ce que certains chercheurs appellent maintenant une « intégration profonde ». Cette histoire n’est pas nouvelle, mais ses implications continuent de remodeler notre identité nationale d’une façon que beaucoup de Canadiens ne mesurent peut-être pas pleinement.
En traversant le Château Laurier la semaine dernière, j’ai surpris une conversation entre étudiants en économie qui débattaient si le Canada pourrait un jour vraiment tracer une voie indépendante de l’influence économique américaine. Leur discussion passionnée faisait écho aux questions que j’ai entendues dans les salles communautaires de Victoria à Saint-Jean.
« Nous sommes sur cette voie depuis le Pacte de l’automobile dans les années 1960, » explique Dre Heather McKean, historienne du commerce à l’Université Queen’s. « Mais ce qui a changé, c’est la profondeur et l’étendue de l’intégration qui rend la séparation économique presque impensable aujourd’hui. »
Les chiffres racontent une histoire sobre. Selon Statistique Canada, environ 75% de nos exportations vont au sud de la frontière, tandis que près des deux tiers de nos importations en proviennent. Quand les marchés américains éternuent, les industries canadiennes attrapent une pneumonie – une réalité devenue douloureusement évidente lors de la crise financière de 2008 et de la pandémie de COVID-19.
Vincent Couture, superviseur d’usine à Windsor avec qui j’ai parlé le mois dernier, l’a dit simplement: « Quand Detroit ralentit, nous le ressentons immédiatement. Nos calendriers de production, nos heures supplémentaires, même nos collectes de fonds communautaires dépendent de ce qui se passe de l’autre côté de la rivière. »
L’intensification de cette relation économique n’était pas inévitable. Elle a été construite par des choix politiques délibérés s’étendant sur plusieurs gouvernements, tant libéraux que conservateurs. Le Pacte de l’automobile de 1965 a créé une fabrication continentale. L’Accord de libre-échange Canada-États-Unis de 1988 a abaissé les barrières. L’ALENA en 1994 a élargi l’arrangement pour inclure le Mexique. Chaque étape a lié notre destin économique plus étroitement aux marchés américains.
L’ancien ministre des Finances Paul Martin m’a dit une fois que ces accords étaient considérés comme nécessaires pour qu’une économie de taille moyenne puisse prospérer. « Nous avions besoin de l’échelle que seul le marché américain pouvait fournir, » a-t-il déclaré lors d’une entrevue en 2019 dans son bureau de Montréal. « L’alternative était l’isolement économique. »
Mais des critiques comme Maude Barlow, ancienne présidente du Conseil des Canadiens, mettent en garde depuis longtemps contre les coûts en matière de souveraineté. « Nous avons échangé plus que des tarifs, » a-t-elle noté lors d’un récent forum politique virtuel que j’ai animé. « Nous avons abandonné des pouvoirs décisionnels cruciaux sur la