L’approbation par le Canada de l’entrée du Royaume-Uni dans le bloc commercial transpacifique marque un moment important pour la politique commerciale britannique après des années d’incertitude post-Brexit. Bien que le Premier ministre Keir Starmer décrive cela comme « un énorme pas en avant », l’impact économique révèle une histoire plus nuancée sur la recherche britannique de nouvelles relations commerciales mondiales.
La ratification fait du Canada le neuvième membre de l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP) à approuver l’adhésion britannique, ne laissant plus que l’approbation de la Malaisie pour finaliser le processus. Le gouvernement Starmer a adopté cet accord, initialement négocié sous leadership conservateur, comme un rare point de consensus multipartite dans la politique commerciale britannique.
« C’est une étape importante dans notre adhésion à l’un des blocs commerciaux les plus dynamiques du monde, » a déclaré Starmer lors de sa visite actuelle au Canada. L’accord commercial englobe un marché de 500 millions de personnes réparties dans 12 pays du pourtour du Pacifique, incluant des puissances économiques comme le Japon, l’Australie, et maintenant la Grande-Bretagne.
Mais qu’est-ce que cela signifie concrètement pour les entreprises et consommateurs britanniques? Le gouvernement du Royaume-Uni prévoit un modeste coup de pouce de 0,08% à l’économie sur le long terme – équivalent à environ 1,8 milliard de livres par an. Cela représente une fraction de ce que la Grande-Bretagne obtenait précédemment de son adhésion à l’UE, selon la plupart des analyses économiques.
Mark Carney, ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre et maintenant conseiller principal de Starmer, a joué un rôle déterminant pour aider la Grande-Bretagne à naviguer dans ce nouveau paysage économique. Sa double citoyenneté canado-britannique et ses connexions dans les cercles financiers nord-américains se sont avérées précieuses alors que le Royaume-Uni travaille à renforcer ses liens économiques au-delà de l’Europe.
L’accord PTPGP réduit les tarifs douaniers sur les marchandises, élimine les obstacles aux services et établit des règles communes pour le commerce numérique – des domaines où la Grande-Bretagne vise à capitaliser sur ses forces en services financiers et en technologie. Pour les consommateurs et entreprises canadiens, la formalisation de l’adhésion britannique maintiendra un accès préférentiel aux marchés britanniques qui aurait pu être perturbé suite au Brexit.
Les leaders industriels dans des secteurs allant de l’automobile aux produits pharmaceutiques ont exprimé un optimisme prudent. James Harper, directeur chez Meridian Manufacturing basé au Royaume-Uni, nous confie: « Cet accord nous donne une certitude pour nos chaînes d’approvisionnement qui s’étendent aux marchés de l’Asie-Pacifique. Après des années de turbulences commerciales, nous avons enfin un cadre stable pour planifier. »
L’accord porte également un poids symbolique au-delà de son impact économique immédiat. Il représente le pivot de la Grande-Bretagne vers la région indo-pacifique – une réorientation stratégique qui a commencé sous l’agenda « Global Britain » de l’ancien Premier ministre Boris Johnson et s’est poursuivie, quoique avec moins d’éclat rhétorique, sous la direction de Starmer.
Les experts commerciaux notent que bien que le PTPGP soit important, il ne compense pas les frictions commerciales créées par le départ de la Grande-Bretagne de l’Union européenne. Selon l’Office for Budget Responsibility, le Brexit devrait réduire la productivité britannique de 4% à long terme – un chiffre qui éclipse les avantages projetés du PTPGP.
« La véritable valeur de l’adhésion au PTPGP pourrait être plus stratégique que purement économique, » explique Dr. Meredith Crowley, économiste du commerce international à l’Université de Cambridge. « Cela positionne la Grande-Bretagne au sein d’un bloc commercial en croissance à un moment où le commerce mondial s’organise de plus en plus autour de partenariats régionaux. »
Le moment de la ratification du Canada coïncide avec l’effort diplomatique plus large de Starmer pour réinitialiser les relations internationales après des années de turbulence. Son gouvernement a signalé une approche plus pragmatique du commerce, se concentrant sur des avantages concrets plutôt que sur une rhétorique générale sur les opportunités mondiales.
Pour les exportateurs canadiens, particulièrement dans l’agriculture et la fabrication, l’accord formalisé apporte une certitude bienvenue. « Nous étions en attente avec certains contrats britanniques en attendant cette approbation finale, » affirme Marie Lapointe, directrice des exportations dans une entreprise québécoise de transformation alimentaire. « Maintenant, nous pouvons aller de l’avant en sachant que les règles ne changeront pas soudainement. »
Le chemin vers l’adhésion au PTPGP a été long pour la Grande-Bretagne, avec des négociations formelles d’adhésion débutant en juin 2021. Le processus a exigé que la Grande-Bretagne démontre son engagement envers les normes du bloc en matière de droits du travail, de protections environnementales et de commerce numérique – des domaines où le cadre réglementaire existant du Royaume-Uni s’alignait largement avec les exigences du PTPGP.
Tandis que les ministres du commerce célèbrent cette étape, le véritable travail commence pour aider les entreprises, particulièrement les plus petites, à naviguer et à bénéficier de l’accord. Les programmes gouvernementaux de soutien à l’exportation seront cruciaux pour traduire les promesses sur papier en croissance commerciale réelle.
Alors que les vents contraires économiques mondiaux s’intensifient, avec des préoccupations d’inflation et des tensions géopolitiques affectant le commerce international, le PTPGP fournit un cadre structuré permettant à la Grande-Bretagne de diversifier ses relations commerciales. Pourtant, les modestes gains économiques projetés soulignent une réalité difficile: remplacer l’intégration profonde que la Grande-Bretagne avait autrefois avec les marchés européens nécessite de multiples accords à travers diverses régions.
Pour les consommateurs ordinaires, les effets immédiats seront subtils – peut-être des prix légèrement inférieurs sur certains produits importés ou la disponibilité de nouveaux produits. L’impact à plus long terme dépend de l’efficacité avec laquelle les entreprises capitaliseront sur les opportunités créées par la réduction des barrières commerciales.
Avec la ratification de la Malaisie comme dernière pièce du puzzle, la Grande-Bretagne se trouve au seuil de sa réalisation commerciale post-Brexit la plus significative. La question demeure de savoir si cela représente le début d’une stratégie commerciale mondiale réussie ou simplement un prix de consolation modeste après la perturbation économique causée par la sortie de l’UE.