Près de 9 Canadiens sur 10 qui travaillent avec un conseiller financier humain se sentent confiants quant à leur avenir financier, selon un rapport récemment publié par Fidelity Investments Canada. Cette statistique frappante émerge à une époque où les robots-conseillers et les outils financiers alimentés par l’IA sont de plus en plus accessibles aux investisseurs partout au pays.
L’Indice de confiance financière 2023 révèle que malgré les avancées technologiques rapides dans le secteur des services financiers, le contact humain reste primordial pour la plupart des Canadiens qui gèrent leur parcours financier. Parmi ceux qui travaillent avec un conseiller professionnel, 87 % déclarent se sentir soit « très confiants » soit « plutôt confiants » quant à leur avenir financier, contre seulement 56 % de ceux qui gèrent leurs investissements de façon autonome.
« La technologie a certainement changé la façon dont les Canadiens accèdent à l’information financière, mais ces données confirment ce que de nombreux vétérans de l’industrie soupçonnaient depuis longtemps », explique Michelle Munro, Directrice de la recherche sur la fiscalité et la retraite chez Fidelity Investments Canada. « Les conseils personnalisés, le soutien émotionnel et la responsabilisation qui découlent d’une relation avec un conseiller humain créent une base de confiance financière que les systèmes automatisés n’ont pas encore réussi à reproduire. »
Le rapport a sondé plus de 1 500 Canadiens de différentes tranches d’âge et catégories de patrimoine, explorant la corrélation entre les relations avec un conseiller et le bien-être financier global. Il est particulièrement remarquable que les scores de confiance financière étaient les plus élevés chez ceux qui avaient maintenu des relations avec leurs conseillers pendant cinq ans ou plus.
Cette préférence pour les conseils humains persiste même alors que les grandes banques canadiennes et les startups fintech continuent de lancer des plateformes de conseil numérique sophistiquées. GoalAssist de TD, la gestion de portefeuille automatisée de Wealthsimple et RBC InvestEase ont tous gagné des utilisateurs, mais la migration vers des solutions purement numériques semble être plus lente que ce que les analystes de l’industrie avaient initialement prévu.
Peter Katevatis, conseiller principal en investissement chez Canaccord Genuity Wealth Management à Vancouver, n’est pas surpris par ces résultats. « Les algorithmes derrière les robots-conseillers peuvent construire des portefeuilles, mais ils ne peuvent pas vous tenir la main pendant la volatilité des marchés ou vous aider à naviguer dans les aspects émotionnels des transitions majeures de la vie comme la retraite, l’héritage ou les soins aux parents vieillissants », explique-t-il. « Ces expériences profondément humaines nécessitent de l’empathie et une compréhension contextuelle. »
L’étude identifie plusieurs domaines clés où les conseillers humains créent une valeur distinctive. La planification de la retraite arrive en tête de liste, 74 % des répondants la citant comme principale raison de rechercher des conseils professionnels. La planification successorale, les stratégies d’optimisation fiscale et le transfert de patrimoine intergénérationnel suivent de près.
Les turbulences du marché poussent également les Canadiens vers des conseillers humains. Pendant les périodes de volatilité importante, comme les premières étapes de la pandémie de COVID-19 en 2020, les sociétés de conseil partout au Canada ont signalé des augmentations des demandes de nouveaux clients. Les experts en finance comportementale attribuent cela au « disjoncteur émotionnel » que les conseillers fournissent—aidant les clients à éviter les ventes de panique ou d’autres comportements destructeurs de richesse pendant les périodes de stress du marché.
La répartition démographique révèle également des tendances intéressantes. Alors que les milléniaux (nés entre 1981 et 1996) montrent une plus grande aisance initiale avec les solutions numériques, leur préférence pour les conseils humains augmente de façon marquée autour des grandes étapes de la vie comme l’achat d’une maison, le mariage ou la fondation d’une famille. Les répondants de la génération X (nés entre 1965 et 1980) affichent la plus forte préférence pour les modèles hybrides qui combinent outils numériques et conseils professionnels.
« Ce que nous observons n’est pas nécessairement un rejet de la technologie », note Frank Danielson, associé fondateur de Danielson Group Wealth Management. « Les relations de conseil les plus réussies aujourd’hui intègrent des outils numériques pour l’efficacité tout en préservant les éléments humains irremplaçables de la planification financière—comprendre les valeurs, les craintes et les aspirations d’un client d’une manière que les algorithmes ne peuvent simplement pas faire. »
Le rapport met également en évidence un écart de confiance préoccupant entre les sexes. Les femmes déclarent des scores de confiance financière nettement inférieurs à ceux des hommes, quel que soit leur niveau de revenu. Cependant, cet écart se réduit considérablement chez les femmes qui travaillent avec des conseillers financiers, ce qui suggère que les conseils professionnels peuvent aider à réduire les disparités de genre de longue date en matière d’autonomisation financière.
Les experts de l’industrie suggèrent que l’avenir n’appartient ni aux modèles purement numériques ni exclusivement humains, mais plutôt à des approches intégrées. « La question n’est pas de savoir si la technologie ou les conseillers humains l’emporteront », dit Munro. « Il s’agit de savoir comment nous pouvons combiner les deux pour créer de meilleurs résultats pour les Canadiens à travers tout le spectre de richesse. »
Des facteurs réglementaires peuvent également contribuer à la préférence des Canadiens pour les conseillers humains. La mise en œuvre des Réformes axées sur le client par les Autorités canadiennes en valeurs mobilières a accru la transparence concernant les frais et les conflits d’intérêts potentiels, renforçant potentiellement la confiance dans la profession de conseiller.
Pendant ce temps, les initiatives d’éducation financière dans toutes les provinces continuent de souligner l’importance des conseils professionnels. L’introduction par l’Ontario de la littératie financière dans les programmes scolaires comprend des modules sur quand et comment travailler avec des professionnels financiers—influençant potentiellement l’approche de la prochaine génération en matière de conseils.
Pour les Canadiens qui envisagent de travailler avec un conseiller humain, le rapport suggère de se concentrer sur les qualifications, les structures de frais et le style de communication plutôt que de rechercher les performances passées. Le Conseil des normes de planification financière note que les conseillers détenant la désignation CFP (Certified Financial Planner) doivent adhérer à des normes fiduciaires qui placent les intérêts des clients en premier.
Alors que la population canadienne vieillit et que le plus grand transfert de richesse intergénérationnel de l’histoire se déroule—avec environ 1 billion de dollars passant aux générations plus jeunes au cours de la prochaine décennie—la demande de conseils financiers nuancés et personnalisés semble susceptible de croître davantage.
« En fin de compte, l’argent est profondément émotionnel pour la plupart des gens », conclut Katevatis. « Il représente la sécurité, les opportunités, l’héritage et les valeurs. La technologie soutenant les services financiers continuera d’évoluer, mais la relation humaine au cœur de bons conseils financiers reste irremplaçable pour la plupart des Canadiens qui cherchent à avoir confiance en leur avenir financier. »