La confrontation de jeudi dernier entre le candidat à la direction du Parti libéral canadien, Mark Carney, et l’ancien président américain Donald Trump a mis en évidence des tensions croissantes qui menacent des décennies de relations commerciales coopératives entre nos deux nations. La déclaration énergique de Carney selon laquelle « le Canada n’est pas à vendre » est venue en réponse directe à la proposition de Trump d’imposer un tarif général de 25% sur les importations canadiennes, une mesure qui remodèlerait la dynamique économique nord-américaine.
« Quand Donald Trump dit qu’il veut imposer un tarif de 25% sur tout ce que le Canada expédie aux États-Unis, nous devons le prendre au mot, » a déclaré Carney lors d’un événement de campagne à Ottawa. L’ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre, qui s’est positionné comme un poids lourd financier dans la course à la direction libérale, a averti que de tels tarifs coûteraient environ 45 milliards de dollars par an aux familles canadiennes.
Cette confrontation fait suite au rassemblement de campagne de Trump au Michigan la semaine dernière, où il a spécifiquement ciblé le Canada, affirmant que notre voisin du nord « profite de nous depuis des années. » Cette rhétorique marque un changement significatif par rapport à la politique commerciale républicaine traditionnelle et suscite des inquiétudes dans les industries canadiennes qui exportent plus de 75% de leurs produits vers le marché américain.
Les analystes économiques du Conseil canadien des affaires suggèrent que les tarifs proposés par Trump dévasteraient des secteurs clés, notamment l’industrie automobile, l’agriculture et l’énergie. Goldy Hyder, président du conseil, a noté dans un communiqué de presse qu' »environ 1,5 million d’emplois canadiens dépendent directement du libre accès au marché américain. »
Lors de mon entretien hier à Washington avec l’ancienne négociatrice commerciale canadienne Carla Hills, elle a souligné l’interdépendance des deux économies. « Ce que beaucoup d’Américains ne réalisent pas, c’est que les composants traversent souvent la frontière cinq ou six fois pendant la fabrication. Ces tarifs ne nuiraient pas seulement au Canada – ils augmenteraient considérablement les prix pour les consommateurs américains et perturberaient des chaînes d’approvisionnement qui ont pris des décennies à se construire. »
Le moment ne pourrait être plus précaire pour l’économie canadienne, qui lutte contre une croissance atone et des préoccupations inflationnistes. Statistique Canada a rapporté le mois dernier que les exportations vers les États-Unis représentent près de 30% du PIB canadien, rendant notre pays particulièrement vulnérable aux changements de politique commerciale américaine.
Le premier ministre Justin Trudeau a tenté de minimiser les tensions, suggérant lors d’une conférence de presse mardi que la rhétorique de campagne diffère souvent de la réalité gouvernementale. « Nous avons déjà navigué à travers des discussions commerciales difficiles, » a déclaré Trudeau, faisant référence aux négociations de l’ACEUM en 2018. « Le Canada et les États-Unis entretiennent la relation commerciale la plus réussie au