Le soleil descend lentement sur le Stade Mosaic tandis que les partisans affluent de toutes directions, plusieurs arborant des vêtements traditionnels sous leurs couleurs vert et blanc. Ce soir n’est pas simplement un autre chapitre de la légendaire rivalité Riders-Bombers – c’est une soirée où la mosaïque des communautés diverses de la Saskatchewan prend place aux côtés du football.
« C’est ce que la Saskatchewan a toujours représenté, » explique Warren Peterson, détenteur d’un abonnement de saison depuis 1998, ajustant son maillot des Riders par-dessus sa chemise ukrainienne brodée traditionnelle. « Mes grands-parents sont arrivés ici il y a des générations, et ils seraient fiers de nous voir célébrer nos origines tout en encourageant notre équipe d’aujourd’hui. »
Les Roughriders de la Saskatchewan accueillent les Blue Bombers de Winnipeg pour leur Soirée annuelle de la Culture Communautaire, une initiative qui est passée d’une modeste célébration de la diversité à l’un des matchs à domicile les plus attendus de la saison. L’événement honore l’héritage multiculturel de la province tout en utilisant le football canadien comme point de rassemblement.
Craig Reynolds, président et directeur général des Saskatchewan Roughriders, explique l’importance de l’événement: « Le football rassemble les gens comme rien d’autre dans cette province. Quand nous avons lancé la Soirée de la Culture il y a cinq ans, nous voulions créer un espace où l’héritage de chacun pourrait être célébré tout en partageant la chose qui nous unit tous – la fierté des Riders. »
Les festivités d’avant-match ont débuté trois heures avant le coup d’envoi avec un « Village Culturel » installé sur le terrain d’entraînement adjacent au Stade Mosaic. Quinze organisations communautaires y présentaient des plats traditionnels, de l’artisanat et des spectacles. Les danseurs de l’Association philippine de la Saskatchewan ont performé dans des costumes éclatants, tandis que l’Association islamique de la Saskatchewan offrait des tatouages au henné et des démonstrations de calligraphie.
Cheryl Standing, qui dirige le Comité d’engagement autochtone des Riders, a coordonné une impressionnante cérémonie d’ouverture mettant en vedette des danseurs de cinq Premières Nations. « C’est la réconciliation en action, » me confie Standing alors que nous regardons une jeune danseuse de robe à clochettes pratiquer ses pas. « Les peuples autochtones faisaient partie de cette terre bien avant le football, mais les Riders sont devenus un fil qui nous relie tous maintenant. »
À l’intérieur du stade, l’expérience du jour de match a été transformée. Les couloirs présentent des vendeurs de nourriture offrant de tout, des pérogies au bannique en passant par le riz jollof. L’écran géant affiche des messages de bienvenue en 22 langues différentes. Même les meneuses de claque incorporent des éléments multiculturels dans leurs routines, avec des tissus et des mouvements représentant différentes traditions.
La zone nord du stade a été temporairement transformée en « Section du Patrimoine » où les groupes culturels s’assoient ensemble, beaucoup portant des tenues traditionnelles combinées avec le vert des Riders. La section devient une brillante mosaïque de couleurs contrastant avec la mer de vert qui remplit le reste du stade.
Pour les Blue Bombers, cette confrontation particulière prend aussi une signification spéciale. Marcus Sayles, demi défensif de Winnipeg dont la mère a émigré des Philippines, voit la valeur de cette célébration.
« Le football est comme ça – des gars de partout qui se rassemblent pour former une équipe, » explique Sayles pendant l’échauffement d’avant-match. « Ma mère vient spécialement pour ce match à cause de la soirée culturelle. Elle dit que ça lui rappelle qu’elle a sa place ici. »
Le gouvernement provincial a également adopté l’événement. Selon les données du ministère du Tourisme de la Saskatchewan, la Soirée de la Culture est devenue le troisième match de saison régulière le plus fréquenté annuellement, avec environ 1 200 visiteurs voyageant de l’extérieur de la province spécifiquement pour la célébration.
« Nous constatons un intérêt de la part de groupes touristiques venant d’aussi loin que Toronto, » note Shauna Hardy de Tourisme Saskatchewan. « C’est devenu un événement de destination qui met en valeur à la fois notre culture du football et notre identité multiculturelle. »
Le timing du match de ce soir est particulièrement significatif, survenant quelques semaines après que des remarques controversées sur l’immigration aient dominé les manchettes nationales. Plusieurs leaders communautaires voient cette soirée comme un puissant contre-récit.
« Ce que les gens voient ce soir, c’est la vraie Saskatchewan, » affirme l’imam Hassan Qualib, qui a participé à la cérémonie d’avant-match. « Nous sommes une province bâtie par des gens du monde entier venus ici pour saisir des opportunités et qui ont trouvé une communauté. Les Riders reflètent simplement qui nous sommes déjà. »
Le match lui-même promet d’être une bataille classique de la division Ouest. Les deux équipes arrivent avec des fiches identiques de 3-2, et le gagnant s’emparera temporairement de la deuxième place derrière la Colombie-Britannique. Le quart-arrière Trevor Harris fera face à une ligne défensive redoutable de Winnipeg, mais le retour du receveur Shaq Evans après une blessure pourrait fournir l’étincelle offensive qui manquait à la Saskatchewan.
Alors que les équipes prennent le terrain pour l’échauffement, le système sonore du stade diffuse un mélange unique de chansons traditionnelles de diverses cultures, chacune se fondant harmonieusement dans la suivante avant de culminer vers l’hymne de combat familier qui fait lever les partisans.
« C’est ce qui rend la LCF spéciale, » me confie Randy Ambrosie, commissaire de la LCF, depuis son siège dans la tribune de presse. « Notre ligue a toujours reflété le Canada – parfois désordonné, parfois magnifique, mais toujours s’efforçant de rassembler les gens. Ce qui se passe ce soir à Regina illustre le meilleur de ce que nous sommes. »
À l’approche du coup d’envoi, le stade tombe dans un silence respectueux pour la bénédiction d’un aîné, délivrée en cri, puis en anglais, puis en français. Ce moment semble profondément canadien – respectueux de la tradition tout en embrassant le présent.
Pour une soirée au moins, l’intense rivalité entre la Saskatchewan et Winnipeg semble secondaire face à une plus grande célébration de la communauté et de l’appartenance. Bien que lorsque le sifflet retentira, on peut être certain que l’ardeur compétitive reviendra en force – une autre tradition que les deux bases de partisans honorent religieusement.
Les prévisions annoncent un temps parfait pour le football, et une foule à guichets fermés de 33 350 partisans représentant des dizaines d’origines culturelles se lèvera comme un seul homme quand leurs bien-aimés Riders entreront sur le terrain. À ce moment-là, ils seront unis par une équipe qui est devenue bien plus qu’un simple club de football – un symbole de la Saskatchewan elle-même, dans toute sa gloire diverse, née des prairies.