Alors que la session législative printanière de la Colombie-Britannique se déroulait la semaine dernière, peu de résidents ont remarqué un amendement apparemment mineur enfoui dans une loi omnibus qui a maintenant déclenché d’importantes répercussions politiques dans les communautés de toute la province.
La modification à la Charte des municipalités interdit aux conseillers municipaux de siéger simultanément comme députés à l’Assemblée législative, forçant plusieurs élus à faire des choix de carrière difficiles en quelques semaines.
« Cela n’a même pas été signalé pendant les consultations, » déclare la conseillère municipale de Surrey, Linda Annis, qui a exprimé sa frustration face au manque de discussion avant que la disposition ne devienne loi. « Plusieurs d’entre nous l’ont appris par les médias après coup. »
L’amendement, entré en vigueur immédiatement après avoir reçu la sanction royale le 28 mars, a déjà fait sa première victime politique. Harwinder Sandhu, qui était à la fois conseillère municipale de Vernon et députée de Vernon-Monashee, a annoncé sa démission du conseil vendredi dernier.
« Bien que j’aie profondément apprécié servir ma communauté dans ces deux rôles, je respecte ce changement législatif et je vais concentrer toute mon attention sur mes responsabilités provinciales, » a déclaré Sandhu dans sa lettre de démission. Son départ déclenche une élection partielle qui pourrait coûter aux contribuables de Vernon plus de 80 000 dollars, selon les estimations de la ville.
Le gouvernement néo-démocrate de la Colombie-Britannique défend ce changement comme favorisant une bonne gouvernance et prévenant les conflits d’intérêts. La ministre des Affaires municipales, Anne Kang, a expliqué que l’amendement « garantit que les élus peuvent consacrer toute leur attention au niveau de gouvernement où ils ont choisi de servir. »
Les critiques, cependant, remettent en question à la fois le moment choisi et la mise en œuvre. L’Union des municipalités de la Colombie-Britannique (UBCM) avait précédemment plaidé pour des restrictions sur les doubles fonctions, mais leur document de position de 2019 recommandait de mettre en œuvre les changements entre les cycles électoraux pour éviter de perturber les structures de gouvernance existantes.
« Le timing abrupt crée un chaos inutile, » note le politologue Hamish Telford de l’Université de la vallée du Fraser. « Une législation efficace inclut généralement des périodes de transition raisonnables, surtout lorsqu’elle affecte des postes démocratiquement élus. »
Plusieurs autres élus font maintenant face au même choix que Sandhu. Jasmine Nicholsfigueiredo, qui est à la fois conseillère de Langley et députée de Langley-Matsqui, doit décider quel poste conserver avant la date limite de fin avril établie dans la législation.
« Je consulte à la fois mes électeurs et ma famille, » a déclaré Nicholsfigueiredo aux journalistes à l’extérieur de l’Assemblée législative. « Ce sont deux communautés distinctes qui me tiennent à cœur, et chaque choix signifie décevoir certains électeurs. »
L’opposition libérale de la Colombie-Britannique a critiqué l’approche du gouvernement, suggérant que l’amendement a été stratégiquement enfoui pour minimiser l’examen public. Le chef de l’opposition, Kevin Falcon, l’a qualifié « d’exemple supplémentaire de ce gouvernement qui apporte des changements importants sans consultation ou transparence appropriée. »
Les implications financières vont au-delà des décisions de carrière personnelles des politiciens concernés. Les municipalités confrontées à des élections partielles doivent absorber des coûts qui n’étaient pas budgétés pour cet exercice financier. La Ville de Vernon estime que sa prochaine élection partielle nécessitera de réaffecter des fonds provenant d’autres services municipaux.
Pour les petites communautés où les postes au conseil sont souvent à temps partiel avec une rémunération modeste, cette interdiction pourrait ultimement réduire le bassin de candidats potentiels. L’expert en gouvernance municipale Royce Koop de l’Université du Manitoba souligne que « servir dans des rôles multiples a historiquement fourni une voie pour l’engagement politique dans les petites communautés où le bassin de talents peut être limité. »
La réaction communautaire a été mitigée. Un sondage éclair mené par Research Co. a révélé que 54 % des Britanno-Colombiens soutiennent l’interdiction des doubles rôles, tandis que 28 % estiment que les élus devraient être autorisés à servir à plusieurs niveaux si les électeurs les soutiennent. Les autres répondants étaient indécis.
Les implications pratiques de ce changement législatif mettent en évidence une tension plus large dans la démocratie canadienne concernant la représentation politique. Bien que les préoccupations relatives aux conflits d’intérêts soient légitimes, l’amendement soulève des questions sur l’autonomie des électeurs et le choix démocratique local.
« En fin de compte, ne devrait-ce pas être aux électeurs de décider si quelqu’un peut servir efficacement dans deux fonctions? » demande Margaret Chen, résidente de Vernon, qui a soutenu Sandhu lors des élections municipales et provinciales. « Si la performance en souffre, nous avons des mécanismes électoraux pour y remédier. »
Pour l’instant, les élus concernés doivent prendre leur décision avant le 30 avril ou faire face à une disqualification automatique de leur poste municipal. Le gouvernement a indiqué qu’il n’y aura pas de prolongations ou de périodes de transition au-delà de ce qui est déjà établi dans la législation.
Alors que les communautés se préparent à d’éventuelles élections partielles et que le paysage politique s’adapte à cette nouvelle réalité, cet épisode rappelle comment des amendements apparemment techniques peuvent produire d’importantes conséquences concrètes pour la gouvernance locale dans toute la Colombie-Britannique.