J’enquête sur les efforts d’application des lois sur la conservation de la faune en Ontario, en me concentrant particulièrement sur une affaire récente qui met en lumière la tension entre les pratiques de chasse traditionnelles et les lois modernes de conservation.
Trois hommes du Nord de l’Ontario font face à de lourdes amendes après avoir été reconnus coupables d’infractions liées à la chasse à l’orignal, selon les documents judiciaires que j’ai obtenus la semaine dernière. La Cour de justice de l’Ontario a imposé des pénalités totalisant 9 000 $ pour des infractions survenues près de Chapleau, à environ 200 kilomètres au nord-est de Sault Ste. Marie.
Les agents de conservation ont initialement reçu un tuyau via la ligne provinciale de signalement des infractions concernant des activités de chasse suspectes dans la région. « Nous avons répondu aux préoccupations du public concernant des coups de feu tirés en dehors des heures légales de chasse, » a expliqué l’agente principale de conservation Megan Richards, qui a dirigé l’enquête.
Lors de ma conversation avec Richards, elle m’a expliqué comment l’affaire s’est déroulée. « Les agents ont mené des opérations de surveillance pendant plusieurs jours avant d’intercepter le groupe qui retournait à leur véhicule avec des parties d’orignal, » a-t-elle déclaré. Lors de l’inspection, les agents ont découvert que les hommes possédaient une femelle orignal sans l’autorisation appropriée.
Les documents judiciaires montrent que Joseph Larocque a été condamné à une amende de 4 000 $ pour avoir chassé illégalement l’orignal pendant les heures interdites et à 1 000 $ supplémentaires pour avoir fait une fausse déclaration à un agent de conservation. Michel Lamarche a reçu une amende de 2 000 $ pour possession illégale de faune abattue illégalement, tandis que Daniel Fournier a été condamné à payer 2 000 $ pour la même infraction.
J’ai examiné les règlements de la Loi sur la conservation de la faune de l’Ontario, qui interdisent strictement la chasse depuis une demi-heure après le coucher du soleil jusqu’à une demi-heure avant le lever du soleil. Ces restrictions horaires existent pour prévenir les conditions de tir dangereuses et pour donner à la faune des périodes naturelles de mouvement et d’alimentation sans perturbation.
« Ces règlements ne sont pas arbitraires, » m’a confié la Dre Emily Sanderson, biologiste de la faune à l’Université Laurentienne, lors de notre entretien. « Les populations d’orignaux dans plusieurs unités de gestion de la faune du Nord de l’Ontario ont diminué d’environ 20 % au cours de la dernière décennie, ce qui rend la gestion appropriée des prélèvements cruciale. »
Le ministère des Richesses naturelles et des Forêts (MRNF) a intensifié ses efforts d’application de la loi en réponse aux préoccupations concernant la population. L’année dernière seulement, les agents de conservation ont enquêté sur plus de 400 infractions liées à l’orignal dans toute la province, entraînant 112 condamnations, selon les données annuelles d’application de la loi du MRNF.
Ce qui rend cette affaire particulièrement remarquable est l’accusation de fausse déclaration. « Lorsque des individus tentent d’induire en erreur les agents de conservation, cela suggère un effort délibéré pour contourner les lois sur la faune plutôt qu’une violation accidentelle, » a expliqué Diane Brooks, avocate en environnement et ancienne procureure. « Les tribunaux considèrent généralement cela comme un facteur aggravant lors de la détermination de la peine. »
J’ai parlé avec plusieurs chasseurs locaux qui ont exprimé leur frustration à l’égard des personnes qui ne respectent pas les règles. « Ceux d’entre nous qui chassent légalement, qui demandent des vignettes par les voies appropriées et respectent les saisons, nous sommes ceux qui souffrent quand d’autres prennent des raccourcis, » a déclaré Marc Tremblay, qui chasse dans la région depuis plus de 30 ans.
La chasse illégale des femelles orignaux pose des défis particuliers en matière de conservation. « L’élimination des femelles en âge de reproduction a un impact disproportionné sur la stabilité de la population, » a expliqué la Dre Sanderson. « Chaque femelle orignal représente non seulement un animal, mais aussi des générations futures potentielles. »
Au-delà des amendes, les trois hommes ont reçu des suspensions de permis de chasse d’un an. La viande d’orignal et l’équipement de chasse ont été saisis par les agents de conservation.
En enquêtant sur cette histoire, j’ai appris que les amendes pour les infractions liées à la faune en Ontario vont directement au Compte à fins particulières pour la pêche et la faune de la province, qui finance des programmes de conservation, y compris des études de population et la restauration d’habitats.
L’agente de conservation Richards a souligné que les signalements du public jouent un rôle crucial dans l’application des lois sur la faune. « Nous couvrons de vastes territoires avec un personnel limité, » m’a-t-elle dit. « Les yeux et les oreilles des amateurs de plein air responsables élargissent considérablement notre portée. »
Pour ceux qui s’inquiètent d’éventuelles infractions liées à la faune, le MRNF exploite une ligne de signalement 24 heures sur 24 au 1-877-TIPS-MNR (847-7667). Les signalements peuvent également être faits en ligne via le site Web du ministère, avec des options pour des tuyaux anonymes.
Alors que le changement climatique et la fragmentation de l’habitat continuent de faire pression sur les populations fauniques, ces mesures d’application reflètent la tension croissante entre les pratiques de chasse traditionnelles et les besoins de conservation modernes—un équilibre que les communautés du Nord de l’Ontario s’efforcent encore de perfectionner.