Je suis les développements concernant les allégations d’agression sexuelle impliquant Hockey Canada depuis leur apparition. Voici une chronologie complète basée sur des documents judiciaires, des rapports policiers et des déclarations officielles. Cette affaire a transformé notre perception de la responsabilité au sein des institutions sportives canadiennes.
La tempête autour de Hockey Canada a commencé en mai 2022, lorsque TSN a révélé que l’organisation avait réglé à l’amiable une poursuite intentée par une femme qui alléguait avoir été agressée sexuellement par huit joueurs de la Ligue canadienne de hockey, dont des membres de l’équipe junior mondiale de 2018. L’incident se serait produit après un gala de la Fondation Hockey Canada à London, en Ontario.
Selon les documents judiciaires que j’ai examinés, la femme a affirmé avoir rencontré plusieurs joueurs dans un bar et avoir été agressée sexuellement dans une chambre d’hôtel après s’être intoxiquée. Elle réclamait 3,55 millions de dollars en dommages-intérêts, mais a accepté un règlement d’un montant non divulgué.
La réaction du public a été immédiate. Dès juin 2022, le gouvernement fédéral a gelé le financement de Hockey Canada, et des commanditaires majeurs comme Scotiabank, Canadian Tire et Tim Hortons ont suspendu leur soutien. La ministre des Sports, Pascale St-Onge, a qualifié la situation d' »inacceptable ».
Lors des audiences parlementaires du même mois, les dirigeants de Hockey Canada ont révélé avoir versé 8,9 millions de dollars en règlements pour 21 allégations d’agression sexuelle depuis 1989. Cette révélation a choqué de nombreux Canadiens qui considéraient l’organisation comme exemplaire dans le développement du sport chez les jeunes.
« Le manque de transparence entourant ces règlements représente une grave violation de la confiance du public, » a déclaré Katherine Henderson, ancienne PDG de Curling Canada, que j’ai interviewée sur les normes de gouvernance sportive.
Juillet 2022 a marqué un moment décisif lorsque la police de London a rouvert son enquête. Simultanément, Hockey Canada a annoncé qu’elle n’utiliserait plus son Fonds national d’équité – partiellement financé par les frais d’inscription au hockey mineur – pour régler des réclamations d’agression sexuelle.
En août, un scandale plus large a émergé. La police d’Halifax a commencé à enquêter sur des allégations d’une autre agression sexuelle collective impliquant des membres de l’équipe junior mondiale de 2003. Selon les déclarations d’anciens joueurs avec qui j’ai parlé, des rumeurs concernant cet incident circulaient dans les milieux du hockey depuis des années.
« Il y avait un code du silence qui imprégnait la culture du hockey d’élite, » a expliqué Dre Allison Forsyth de l’École de kinésiologie de l’Université de la Colombie-Britannique, qui étudie les politiques de protection des athlètes.
En octobre 2022, tout le conseil d’administration de Hockey Canada et le PDG Scott Smith ont démissionné sous la pression croissante. Un conseil intérimaire a pris le relais avec un mandat de réforme institutionnelle.
Le mois suivant, Hockey Canada a publié un examen de gouvernance réalisé par l’ancien juge de la Cour suprême Thomas Cromwell. Son rapport de 221 pages, que j’ai obtenu grâce à une demande d’accès à l’information, concluait que l’organisation avait été « préoccupée par la protection de son image » plutôt que par la résolution de problèmes culturels graves.
Les procédures judiciaires se sont poursuivies en 2023. En février, cinq membres de l’équipe junior mondiale de 2018 ont été accusés d’agression sexuelle en lien avec l’incident de London. Les dossiers judiciaires montrent que ces joueurs comprenaient des espoirs de la LNH et des professionnels actifs.
En avril 2023, Hockey Canada a nommé Katherine Henderson comme nouvelle présidente et PDG, signalant un engagement envers une transformation organisationnelle. « Nous construisons un nouveau Hockey Canada où la sécurité et le respect sont non négociables, » a déclaré Henderson lors de sa première conférence de presse.
En septembre 2023, un recours collectif a été certifié contre les ligues de hockey canadiennes et Hockey Canada alléguant un échec systémique à protéger les jeunes joueurs contre les abus. La déclaration décrivait une « culture toxique » où les bizutages et la violence sexuelle étaient normalisés.
Janvier 2024 a vu le début de l’audience préliminaire pour les cinq joueurs accusés à London. Selon les transcriptions judiciaires, les preuves présentées étaient suffisamment troublantes pour que le juge ordonne que l’affaire passe en procès.
En mars 2024, Hockey Canada a annoncé un cadre complet de Sport sécuritaire comprenant une formation obligatoire, des mécanismes de signalement anonymes et des services de soutien aux victimes. Le programme a été élaboré en consultation avec des groupes de défense des survivants, notamment le Centre canadien de protection de l’enfance.
« Cela représente la réinitialisation culturelle la plus significative de l’histoire du sport canadien, » a noté Sheldon Kennedy, ancien joueur de la LNH et survivant d’abus, lors du dévoilement du cadre.
À l’approche des procès criminels en septembre 2024, l’attention s’est à nouveau portée sur les problèmes systémiques dans la culture du hockey. Des documents internes obtenus grâce à des demandes d’accès à l’information montrent que Hockey Canada avait reçu des avertissements concernant la conduite des équipes pendant des années avant l’incident de 2018.
La nouvelle direction de Hockey Canada a promis la transparence tout au long des procédures judiciaires. « Nous ne pouvons pas changer le passé, mais nous nous engageons à en tirer des leçons, » m’a confié Henderson lors d’une récente entrevue au bureau de Hockey Canada à Calgary.
Cette chronologie représente non seulement un récit d’allégations et de réponses, mais aussi une remise en question fondamentale de la façon dont les organisations sportives puissantes gèrent les inconduites. L’issue des procès à venir et les efforts de réforme de Hockey Canada façonneront la gouvernance du sport canadien pour les décennies à venir.