Alors que la lumière matinale traversait la fenêtre de mon bureau à domicile, je parcourais les dernières manchettes de l’industrie des télécommunications canadienne—un secteur rarement dépourvu de drame. La nouvelle campagne de Bell Canada contre la réglementation de l’internet de gros n’est pas qu’une simple plainte corporative; elle représente une tension fondamentale dans la façon dont nous construisons l’infrastructure numérique dans notre pays.
Bell, la plus grande entreprise de télécommunications du Canada, a lancé une campagne publique agressive exhortant le gouvernement fédéral et le CRTC à renverser une décision politique qui forcerait l’entreprise à fournir un accès de gros à son réseau de fibre jusqu’au domicile. La campagne, qui a débuté cette semaine, cible ce que Bell décrit comme un cadre réglementaire «dévastateur» qui minerait prétendument sa capacité à investir dans l’infrastructure numérique critique.
«Nous envisageons une réduction potentielle de 8 milliards de dollars dans les investissements réseau au cours des cinq prochaines années si ce régime de gros persiste», a déclaré Mirko Bibic, président et directeur général de BCE, lors d’une conférence téléphonique avec les médias hier. «Ce n’est pas seulement un problème de Bell—c’est un problème de compétitivité canadienne.»
Prenons du recul pour comprendre ce qui se passe réellement. En novembre dernier, le CRTC a statué que les grandes entreprises de télécommunications comme Bell doivent fournir un accès de gros à leurs réseaux de fibre jusqu’au domicile aux fournisseurs de services Internet (FSI) plus petits. Cette décision visait à améliorer la concurrence sur le marché de l’Internet à haute vitesse, menant potentiellement à plus de choix et de meilleurs prix pour les consommateurs.
La décision a renversé une position politique antérieure qui avait exempté ces réseaux de fibre de nouvelle génération des exigences d’accès obligatoire de gros. Sous ce cadre précédent, des entreprises comme Bell avaient l’usage exclusif des réseaux de fibre qu’elles construisaient, faisant valoir que cette exclusivité était nécessaire pour justifier les énormes dépenses en capital requises pour le déploiement.
La campagne de Bell présente des publicités pleine page dans les journaux, des placements médias numériques et un site web dédié encourageant les Canadiens à contacter leurs élus. L’imagerie est sévère: des travailleurs de la construction assis, inactifs, des équipements couverts de poussière, et des communautés rurales dépeintes comme étant laissées pour compte numériquement.
Mais le scénario catastrophe de Bell est-il exact? De nombreux observateurs de l’industrie n’en sont pas convaincus.
«C’est un comportement typique des opérateurs historiques», affirme Laura Tribe, directrice exécutive d’OpenMedia, une organisation de défense des consommateurs. «Face à une concurrence accrue, les géants des télécommunications canadiens ont historiquement prédit l’effondrement des investissements, des pertes d’emplois et la détérioration des réseaux. Ces prédictions se sont rarement concrétisées.»
Les données du Rapport de surveillance des communications du CRT