L’air est frais, les citrouilles décorent les perrons, et à Chatham, un groupe dévoué d’adolescents se prépare à quelque chose de plus significatif que des fêtes costumées. Les élèves du Collège Ursuline de Chatham mobilisent leur esprit d’Halloween pour une cause qui dépasse la simple collecte de bonbons – nourrir leur communauté.
« L’Halloween n’est plus seulement une question de friandises pour nous, » explique Maya Thompson, représentante du conseil étudiant de 11e année à l’UCC. « La campagne ‘Les Lanciers font peur à la faim’ nous permet de canaliser toute cette énergie vers quelque chose qui aide vraiment nos voisins. »
La collecte alimentaire annuelle, qui en est à sa 14e édition, est devenue une sorte de rituel automnal à Chatham-Kent. Les élèves costumés font du porte-à-porte dans les quartiers pour recueillir des denrées non périssables plutôt que des bonbons. L’an dernier, la collecte a permis d’amasser plus de 3 600 kg de dons alimentaires, soutenant ainsi la Banque alimentaire de Chatham-Kent pendant ses mois traditionnellement maigres avant les Fêtes.
Le timing ne pourrait être plus crucial. Selon les dernières données de Statistique Canada, le taux de pauvreté infantile à Chatham-Kent s’établit à 22,7 %, légèrement au-dessus de la moyenne provinciale. Parallèlement, l’Unité de santé de Chatham-Kent rapporte que l’insécurité alimentaire touche près d’un ménage sur sept dans la municipalité – des chiffres qui se sont aggravés depuis la pandémie et la flambée d’inflation qui a suivi.
« Ce que ces élèves font n’est pas seulement de la charité – c’est de l’engagement civique, » explique Margaret Wilson, coordonnatrice de la sécurité alimentaire à l’Unité de santé publique de Chatham-Kent. « Ils font le lien entre les politiques sociales, les conditions économiques et ce qui se passe quand les voisins s’entraident. »
Les organisateurs étudiants, qui ont commencé à planifier la collecte de cette année dès septembre, ont ajouté des options de dons numériques. Les résidents peuvent désormais scanner des codes QR qui permettent des contributions monétaires à la banque alimentaire s’ils sont absents ou préfèrent ne pas acheter d’articles eux-mêmes.
La directrice Joanne Munroe affirme que l’initiative enseigne aux élèves les réalités complexes de leur communauté au-delà des murs de la classe. « Ils apprennent que la faim existe ici même, pas seulement dans des endroits lointains. Ils voient comment les politiques économiques et les soutiens sociaux – ou leur absence – affectent des familles réelles qu’ils croisent dans les couloirs. »
Cette expérience offre une éducation concrète sur la façon dont les décisions politiques et les allocations budgétaires ont un impact direct sur les communautés locales. Lors d’une récente séance de planification, les élèves ont discuté de la manière dont les taux d’aide sociale provinciaux, les allocations familiales fédérales et les politiques municipales de logement contribuent tous aux défis de la sécurité alimentaire.
En parcourant le gymnase de l’école où des bacs de collecte sont prêts, l’organisateur étudiant Jayden Williams montre la carte des quartiers de l’année dernière. « Nous avons appris quels secteurs ont donné le plus et le moins, et ce n’était pas ce à quoi nous nous attendions. Certains quartiers plus modestes ont été incroyablement généreux. Ça nous a appris à ne pas faire de suppositions. »
La campagne se déroulera du 29 octobre au 2 novembre, la principale soirée de collecte étant le soir d’Halloween. Les élèves distribueront des dépliants dans tout Chatham cette fin de semaine, informant les résidents de quand s’attendre à voir des collecteurs costumés.
Les politiciens locaux ont remarqué l’initiative. La conseillère municipale de Chatham-Kent, Mélissa Harrigan, a salué l’initiative lors de la dernière réunion du conseil. « Ces jeunes font preuve d’un esprit communautaire dont nous avons besoin davantage. Ils n’attendent pas que le gouvernement résolve les problèmes – ils passent eux-mêmes à l’action tout en sensibilisant la population. »
Le directeur de la banque alimentaire, Simon Reynolds, note que les collectes menées par les élèves fournissent environ 20 % de leurs dons annuels. « Le moment est parfait. Début novembre, les dons de l’Action de grâce ont été distribués, mais les collectes de Noël n’ont pas encore commencé. Cela comble un vide crucial. »
La collecte d’Halloween révèle également quelque chose d’important sur l’engagement civique moderne. Alors que le taux de participation électorale des 18-24 ans reste obstinément bas partout au Canada, avec seulement 53,9 % ayant voté lors de la dernière élection fédérale selon Élections Canada, la participation au service communautaire chez les élèves du secondaire est en hausse.
« Ils ne votent peut-être pas encore, mais ces élèves s’engagent dans leur communauté de manière significative, » affirme Amanda Chen, professeure de sciences politiques à l’Université de Windsor. « Ils apprennent comment les systèmes fonctionnent, où ils échouent et comment l’action citoyenne s’inscrit dans le tableau plus large de la gouvernance. »
De retour à l’UCC, les organisateurs étudiants espèrent dépasser le total de l’année dernière d’au moins 15 %. Ils ont organisé une compétition amicale entre les niveaux et créé des défis sur les médias sociaux pour stimuler la participation.
Des parents comme Michelle Doyle apprécient le moment choisi pour cette initiative. « Mes enfants sont tellement concentrés sur leurs propres costumes d’Halloween et leur récolte de bonbons. Ceci redirige une partie de cet enthousiasme vers la pensée des autres. »
À l’approche du jour de la collecte, les élèves finalisent leurs choix de costumes qui mêlent l’amusement d’Halloween à leur mission sérieuse. Certains prévoient de se déguiser en super-héros, d’autres en personnages de séries populaires.
« Être costumé rend moins intimidant de frapper aux portes, » explique Aiden Patel, élève de 10e année. « Mais nous avons quand même des conversations importantes sur pourquoi les banques alimentaires existent et pourquoi certaines familles ont du mal à mettre des repas sur la table. C’est la véritable éducation ici. »
La campagne « Les Lanciers font peur à la faim » nous rappelle que l’engagement civique prend de nombreuses formes, et que les jeunes montrent souvent la voie en reliant les traditions festives aux besoins communautaires. À Chatham-Kent, l’Halloween n’est pas seulement une question de décorations effrayantes et de barres chocolatées – c’est devenu une saison d’entraide entre voisins, avec des adolescents costumés montrant comment l’action communautaire et la sensibilisation peuvent combler les lacunes de notre filet de sécurité sociale.
Pour ces élèves, la chose la plus effrayante à l’Halloween n’est ni les gobelins ni les fantômes – c’est l’idée que des familles puissent avoir faim dans leur communauté.