L’année 2025 a apporté son lot de défis et d’opportunités pour le portefeuille des Canadiens. Entre les effets persistants de l’inflation, un marché du travail en pleine mutation et des paysages d’investissement de plus en plus complexes, la gestion des finances personnelles exige aujourd’hui une plus grande habileté que jamais.
« L’environnement financier auquel les Canadiens font face aujourd’hui demande une approche plus stratégique qu’il y a seulement trois ans, » affirme Preet Banerjee, expert en finances personnelles et animateur du balado « Mostly Money ». « Les principes fondamentaux n’ont pas changé, mais les outils et les tactiques ont certainement évolué. »
En suivant les tendances économiques à travers le pays, plusieurs stratégies clés sont ressorties de mes conversations avec des conseillers financiers, des Canadiens ordinaires et des données issues des derniers rapports de Statistique Canada sur les dépenses des ménages. Voici ce que recommandent les experts pour renforcer votre situation financière dans l’économie actuelle.
Les fonds d’urgence connaissent une transformation numérique. Le conseil traditionnel de conserver trois à six mois de dépenses reste solide, mais où et comment les Canadiens conservent cet argent a évolué. Les comptes d’épargne à intérêt élevé (CEIE) offrent désormais couramment des taux supérieurs à 4,5 % via des institutions financières principalement numériques, soit près du double de ce que proposent généralement les grandes banques.
« La différence entre les taux d’épargne des grandes banques et les alternatives numériques n’a jamais été aussi importante, » souligne Alyssa Davies, fondatrice de Mixed Up Money. « Les Canadiens qui laissent leurs fonds d’urgence dans des comptes d’épargne traditionnels choisissent essentiellement de gagner moins—c’est comme refuser de l’argent gratuit. »
Plusieurs de mes lecteurs rapportent avoir mis en place des systèmes automatisés qui transfèrent chaque semaine l’excédent de liquidités de leurs comptes chèques vers ces options à haut rendement, créant un mécanisme d’épargne passif qui s’adapte aux habitudes de dépenses.
La crise de l’accessibilité au logement continue de remodeler les priorités financières de nombreux Canadiens. Les données récentes de la Banque du Canada montrent que les paiements hypothécaires représentent désormais plus de 40 % du revenu disponible pour les nouveaux acheteurs dans les grands centres urbains—forçant des approches créatives face aux coûts du logement.
« Le ‘house hacking’ est devenu courant, » explique Sarah Larbi, investisseuse immobilière. « Nous voyons des jeunes professionnels acheter des propriétés avec des appartements au sous-sol légaux ou trouver des colocataires pour compenser les coûts. L’ancienne règle selon laquelle le logement ne devrait pas dépasser 30 % du revenu ne s’applique tout simplement plus dans le marché actuel. »
Les voies alternatives d’accession à la propriété ont également gagné du terrain. Les arrangements de copropriété entre amis ou membres d’une même famille ont augmenté de 32 % au cours de l’année dernière selon la plateforme immobilière canadienne PropertyGuys, particulièrement à Toronto et Vancouver où les prix moyens des maisons demeurent supérieurs à 1 million de dollars.
Parallèlement, les stratégies d’investissement deviennent de plus en plus sophistiquées, même pour les épargnants ordinaires. L’époque où l’on choisissait simplement entre fonds communs de placement et CPG a cédé la place à des approches plus nuancées.
Ben Felix, gestionnaire de portefeuille chez PWL Capital, souligne un changement de perspective : « Les Canadiens sont devenus plus conscients des frais, déplaçant des milliards de dollars des produits à frais élevés vers des portefeuilles de FNB diversifiés mondialement à faible coût. L’investisseur canadien moyen paie maintenant environ la moitié de ce qu’il payait il y a une décennie en frais d’investissement. »
Cette conscience des frais s’étend plus largement aux relations bancaires. La Banque TD rapporte que les Canadiens de moins de 40 ans détiennent maintenant des comptes dans une moyenne de 3,2 institutions financières, choisissant les services plutôt que de tout regrouper chez un seul fournisseur.
L’essor de la technologie financière a démocratisé l’accès aux investissements, non sans risques. Des applications comme Wealthsimple et Questrade revendiquent désormais plus de 3 millions d’utilisateurs canadiens combinés, mais les régulateurs financiers mettent de plus en plus en garde contre la ludification de l’investissement qui peut mener à des décisions impulsives.
« La technologie rend l’investissement accessible, ce qui est merveilleux, » observe Patricia Lovett-Reid, ancienne commentatrice financière en chef à CTV News. « Mais beaucoup de nouveaux investisseurs confondent accessibilité et simplicité. Bâtir un patrimoine exige toujours patience et stratégie. »
L’optimisation fiscale est devenue une composante essentielle de la planification financière que de nombreux Canadiens négligent. Les données de l’Agence du revenu du Canada montrent que les Canadiens laissent environ 1,4 milliard de dollars en crédits d’impôt et déductions non réclamés chaque année.
Jamie Golombek, directeur général de la planification fiscale et successorale à la CIBC, suggère une approche plus proactive : « Beaucoup de Canadiens considèrent la planification fiscale comme quelque chose qu’ils font une fois par an en avril. Les personnes financièrement les plus prospères avec lesquelles je travaille traitent la planification fiscale comme un processus continu qui influence les décisions majeures tout au long de l’année. »
Une opportunité souvent manquée : l’utilisation stratégique des comptes enregistrés au-delà des bases. Alors que la plupart des Canadiens comprennent les REER et les CELI, moins utilisent des types de comptes spécifiques à leur situation, comme les REEE pour l’épargne-études (qui incluent une subvention gouvernementale de 20 % jusqu’à 500 $ par an) ou le plus récent Compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété (CELIAPP) qui combine déductibilité fiscale et retraits non imposables pour les premiers acheteurs.
L’économie des petits boulots continue de remodeler la façon dont les Canadiens gagnent et gèrent leur argent. Statistique Canada rapporte que plus de 13 % des Canadiens actifs tirent maintenant des revenus du travail autonome ou contractuel, nécessitant des stratégies financières différentes de l’emploi traditionnel.
« La sécurité qui venait avec un employeur unique fournissant avantages sociaux et pension est de plus en plus rare, » affirme Alexandra Macqueen, auteure financière. « Les travailleurs d’aujourd’hui doivent autofinancer leurs filets de sécurité et leur retraite, ce qui exige des taux d’épargne plus élevés et une planification d’assurance plus complète. »
Pour ceux qui jonglent avec plusieurs sources de revenus, les outils de suivi des dépenses et de lissage des revenus sont devenus essentiels. Plusieurs planificateurs financiers recommandent de maintenir des comptes séparés pour les obligations fiscales et d’utiliser des plateformes numériques comme Wave ou Freshbooks qui intègrent le suivi des dépenses à la préparation des impôts.
Plus important encore, l’éducation financière a évolué au-delà des bases budgétaires. Les épargnants les plus performants se concentrent désormais sur l’augmentation de leur pouvoir de gain parallèlement à la réduction des coûts.
« Les anciens conseils portaient principalement sur comment faire durer l’argent plus longtemps, » explique Kelley Keehn, éducatrice en finances personnelles. « Les stratégies financières les plus intelligentes d’aujourd’hui équilibrent la frugalité avec une croissance active des revenus grâce au développement des compétences, aux changements stratégiques d’emploi ou à l’entrepreneuriat. »
Cette double concentration semble particulièrement critique compte tenu de l’impact de l’inflation sur le pouvoir d’achat. Bien que l’inflation globale se soit modérée, les prix restent significativement plus élevés qu’avant la pandémie, rendant la seule réduction des coûts insuffisante pour de nombreux objectifs financiers.
Alors que nous naviguons dans le reste de l’année 2025, ces stratégies offrent aux Canadiens des voies pratiques pour renforcer leurs fondations financières. L’environnement peut être difficile, mais comme le dit Davies : « Le succès financier n’a jamais dépendu de conditions parfaites—il s’agit de faire des choix judicieux quelles que soient les circonstances économiques générales. »