Le vent soufflait sur le Stade Mosaic pendant que j’observais les partisans de la Saskatchewan célébrer l’annonce, coiffés de leurs célèbres casques-pastèques. Cette dévotion particulière des Prairies – où le football dépasse le simple cadre sportif pour devenir une identité culturelle – était pleinement visible la semaine dernière lorsque la LCF a confirmé ce que plusieurs anticipaient : la Coupe Grey 2025 mettra en vedette un affrontement pour le championnat entre les Roughriders de la Saskatchewan et les Alouettes de Montréal.
« Ça représente tout pour nous, » m’a confié Darlene Kowalchuk, une partisane des Riders de troisième génération rencontrée devant le stade. Sa famille n’a manqué aucun match à domicile depuis 1978. « Les Riders sont tissés dans la fibre même de cette province. Quand ils gagnent, nous gagnons tous. »
Cette confrontation représente bien plus qu’un simple match de championnat; elle symbolise un contraste culturel unique dans le sport canadien. Les Roughriders incarnent la propriété communautaire et la fierté rurale d’une province où les drapeaux verts flottent sur les fermes à travers les plaines du sud. De l’autre côté, Montréal apporte sa touche québécoise distinctive et son énergie urbaine.
Le commissaire de la LCF Randy Ambrosie a décrit cette confrontation anticipée comme « une célébration du football canadien à son meilleur » lors de la conférence médiatique printanière de la ligue à Toronto. Selon les données de la LCF, les Roughriders et les Alouettes se sont classés respectivement premier et troisième en termes d’assistance la saison dernière, ce qui pourrait générer une audience record pour le match du championnat.
L’impact économique s’annonce considérable. Une récente analyse de Tourisme Sportif Canada a estimé que les festivités de la Coupe Grey génèrent habituellement entre 80 et 100 millions de dollars pour les villes hôtes grâce au tourisme, à l’hôtellerie et aux dépenses connexes. La Saskatchewan, qui a accueilli l’événement pour la dernière fois en 2022, a enregistré près de 64 millions de dollars d’activité économique malgré les restrictions liées à la pandémie qui affectaient encore certains aspects de la célébration.
Lors de ma visite au centre-ville de Regina le mois dernier pour un reportage sans rapport, les commerçants locaux discutaient déjà de leurs plans de préparation. « Nous commandons nos fournitures plus tôt cette année, » m’a expliqué Jamie Petersen, propriétaire d’une boutique d’articles sportifs près du stade. « La dernière fois, nous avions sous-estimé la demande. Chaque chambre d’hôtel dans un rayon de 100 kilomètres était réservée. »
Cette confrontation présente des récits captivants au-delà de l’économie. Le parcours de la Saskatchewan représente la résilience après plusieurs saisons de reconstruction, tandis que la présence de Montréal marque leur renaissance continue sous une propriété qui a sauvé la franchise d’un quasi-effondrement en 2019. Les deux équipes présentent des quarts-arrière nés au Canada – une rareté dans l’histoire récente de la LCF – ajoutant une autre dimension nationale au championnat.
L’importance culturelle s’étend au-delà du terrain. La Coupe Grey sert traditionnellement de célébration typiquement canadienne qui rassemble des partisans de tout le pays, quelle que soit leur allégeance. L’édition 2025 mettra en vedette le fameux festival « Riderville » de la Saskatchewan aux côtés des célébrations de la « Nation Alouettes » de Montréal, créant un échange culturel d’une semaine entre deux identités canadiennes distinctes.
Les leaders autochtones des deux régions joueront des rôles importants dans les cérémonies. « Nous travaillons avec les Aînés du Territoire du Traité 4 pour assurer une reconnaissance et une célébration appropriées du territoire où ce match sera joué, » a déclaré le président des Roughriders, Craig Reynolds. Des efforts similaires sont en cours à Montréal, où l’organisation des Alouettes a renforcé ses partenariats avec les communautés mohawks entourant la ville.
Les considérations climatiques ont également façonné la planification du championnat de fin novembre. La météo notoirement imprévisible de la Saskatchewan a forcé les organisateurs à mettre en œuvre des plans d’urgence pour d’éventuelles conditions extrêmes. Lors de ma conversation avec Dale Schmidt, responsable des opérations du stade, il a révélé l’installation de nouveaux systèmes de chauffage sous le terrain et d’espaces couverts supplémentaires pour les partisans.
« Nous avons tiré les leçons de 2022, » a expliqué Schmidt. « Les hivers des Prairies changent – parfois plus doux, parfois plus extrêmes. Nous nous préparons à toutes les éventualités. »
Tous ne voient pas cette annonce avec enthousiasme. Certaines équipes de marchés plus modestes ont exprimé en privé leur frustration face à ce qu’elles perçoivent comme un traitement préférentiel envers les bases de partisans plus importantes. Les responsables de la ligue contestent cette caractérisation, soulignant les mesures d’équilibre compétitif en place, bien qu’ils aient refusé de s’exprimer officiellement sur ces préoccupations.
Pour la plupart des amateurs de football canadien, cependant, cette confrontation pour le championnat représente une célébration de l’importance culturelle du sport à travers le pays. En observant des enfants s’exercer à lancer le ballon dans un parc de Regina près du stade, portant leurs mini-maillots verts malgré la fraîcheur automnale, il devient évident que ce match transcende le sport pour de nombreuses communautés.
« Mon grand-père m’amenait voir les Riders, mon père m’y amenait, et maintenant j’y amène mes enfants, » a déclaré Michael Kowalski, regardant sa fille et son fils jouer à s’échanger le ballon. « C’est ainsi que nous transmettons ce qui compte pour nous. »
La 113e Coupe Grey, prévue pour le 16 novembre 2025, offre finalement une fenêtre sur l’identité culturelle canadienne – où un match de football pour le championnat devient une célébration nationale qui transcende les langues, les géographies et les générations. De l’équipe communautaire de la Saskatchewan aux traditions bilingues des partisans montréalais, cette confrontation met en valeur la diversité qui définit le sport canadien à son meilleur.