La saison estivale des feux de forêt s’est abattue sur le Canada avec une intensité inquiétante, laissant les propriétaires d’un bout à l’autre du pays se demander si leurs polices d’assurance les protégeront réellement en cas de sinistre. Alors que les flammes menacent des communautés de la Colombie-Britannique jusqu’à la Nouvelle-Écosse, les petits caractères de ces documents d’assurance prennent soudainement toute leur importance.
En me promenant à Fort McMurray la semaine dernière, j’ai pu constater de mes propres yeux le traumatisme persistant des incendies de 2016. Des résidents comme Maryanne Clement se souviennent encore des batailles avec les assurances qui ont suivi leur évacuation.
« Nous pensions être couverts pour tout, » m’a-t-elle confié, debout dans sa cuisine reconstruite. « Puis sont venus les formulaires, les experts en sinistres, et soudain des termes comme ‘frais de subsistance supplémentaires’ et ‘valeur à neuf’ sont devenus partie intégrante de notre vocabulaire quotidien. »
Son expérience met en lumière une réalité troublante à laquelle de nombreux Canadiens font face : comprendre exactement ce que couvre l’assurance incendie avant que la fumée n’apparaisse à l’horizon.
Les polices d’assurance habitation standard au Canada couvrent généralement les dommages causés par les incendies, y compris les feux de forêt. Cette protection s’étend à votre habitation, aux autres structures sur votre propriété, à vos biens personnels et aux frais de subsistance supplémentaires si vous êtes déplacé. Cependant, les détails varient considérablement selon les fournisseurs et les types de polices.
Rob de Pruis, directeur national des relations avec les consommateurs et l’industrie au Bureau d’assurance du Canada, explique que la plupart des polices complètes incluent la couverture des feux de forêt, mais avec d’importantes limitations.
« Beaucoup de propriétaires ne réalisent pas que les ordres d’évacuation seuls ne déclenchent pas tous les avantages, » a déclaré de Pruis. « Si vous êtes évacué mais que votre maison reste intacte, votre police pourrait couvrir les frais de subsistance temporaires, mais rien au-delà. »
Ces frais de subsistance supplémentaires comprennent généralement les coûts raisonnables pour l’hébergement, la nourriture et les articles essentiels pendant que vous ne pouvez pas vivre dans votre maison. La plupart des polices couvrent ces dépenses pour une période spécifique – généralement jusqu’à 24 mois – mais avec des limites financières strictes.
Selon l’Agence de la consommation en matière financière du Canada, près de 40 % des propriétaires n’ont pas revu leurs polices depuis plus de deux ans, laissant beaucoup d’entre eux incertains quant à leurs niveaux de couverture réels.
Lorsque les feux de forêt ont ravagé le parc national Jasper le mois dernier, l’opératrice touristique Sarah Johnson a découvert ses lacunes de couverture trop tard. « Ma police couvrait le bâtiment mais sous-évaluait gravement mon équipement, » a-t-elle déclaré. « Le montant d’assurance était basé sur ce que j’ai payé il y a dix ans, pas sur ce que coûte le remplacement de tout aujourd’hui. »
Cela met en lumière une autre distinction cruciale : la valeur réelle versus la couverture de la valeur à neuf. La première tient compte de la dépréciation, tandis que la seconde – généralement plus coûteuse – couvre le coût total du remplacement des articles endommagés aux prix actuels.
Le changement climatique a transformé le risque d’incendie de forêt partout au Canada. Les compagnies d’assurance ont pris note, certaines refusant maintenant la couverture dans les zones à haut risque ou augmentant considérablement les primes.
Dans la région de l’Okanagan en Colombie-Britannique, le propriétaire Martin Taves a vu sa prime annuelle passer de 1 800 $ à 3 200 $ l’année dernière. « Le représentant d’assurance a été direct – c’est parce que nous sommes maintenant dans une zone de feux de forêt, » a partagé Taves. « Il y a vingt ans, ce n’était pas considéré comme un risque élevé. »
Le Bureau d’assurance du Canada rapporte que les réclamations d’assurance habitation liées aux incendies ont augmenté de 86 % au cours de la dernière décennie, avec une augmentation de la taille moyenne des réclamations de près de 40 %.
Les propriétaires en zones rurales font face à des défis particuliers. Certains assureurs exigent maintenant un espace défendable autour des structures – débroussailler la végétation, enlever les arbres morts et maintenir des coupe-feux – comme condition de couverture.
Jesse Bergen, spécialiste en atténuation des feux de forêt chez IntelliFeu Canada, souligne que les propriétaires devraient documenter ces efforts. « Prenez des photos de vos améliorations de propriété et partagez-les avec votre assureur, » conseille Bergen. « Cela pourrait réduire votre prime ou vous aider à obtenir une couverture dans des zones où les assureurs deviennent réticents à établir des polices. »
Réviser votre police avant qu’un sinistre ne frappe est essentiel. Portez une attention particulière aux limites de couverture, aux franchises et aux exclusions. La plupart des Canadiens sont surpris d’apprendre que certaines polices limitent la couverture des dommages causés par la fumée ou excluent certaines dépendances.
La courtière en assurance Amina Hassan recommande de créer un inventaire de la maison avec photos et reçus. « Sans documentation, prouver ce que vous possédiez devient extrêmement difficile pendant les suites émotionnelles d’un sinistre, » a-t-elle expliqué lors d’un atelier communautaire à Edmonton.
Pour le nombre croissant de Canadiens travaillant à domicile, les polices standard peuvent ne pas couvrir adéquatement l’équipement ou l’inventaire d’entreprise. Les entrepreneurs à domicile devraient envisager une couverture supplémentaire spécifiquement conçue pour les actifs commerciaux.
Certains propriétaires dans les zones à haut risque se tournent vers les programmes gouvernementaux lorsque l’assurance privée devient inabordable ou indisponible. Des programmes provinciaux d’aide en cas de catastrophe existent partout au Canada, bien qu’ils couvrent généralement uniquement les pertes non assurables et fournissent une assistance de base, non complète.
Les Accords d’aide financière en cas de catastrophe du gouvernement canadien fournissent un financement fédéral aux provinces pour les catastrophes majeures, mais ce programme n’a pas été conçu pour remplacer l’assurance privée.
Pour les propriétaires de résidences secondaires, la situation est encore plus complexe. De nombreuses polices de chalets ou de cabines ont des limitations plus strictes pour la couverture des feux de forêt, particulièrement si la propriété est inoccupée pendant de longues périodes.
Les climatologues prévoient que les saisons des feux de forêt au Canada continueront de s’intensifier, avec des périodes de combustion plus longues et un comportement des incendies plus extrême. Cette réalité remodèle le paysage de l’assurance.
L’analyste de l’industrie de l’assurance Patrick Graham suggère que les propriétaires devraient s’attendre à des augmentations continues des primes dans les régions vulnérables. « L’industrie recalibre les modèles de risque basés sur les projections climatiques, pas sur les données historiques, » a noté Graham. « Cela change fondamentalement la façon dont le risque d’incendie est évalué et tarifé. »
Pour les Canadiens qui achètent de nouvelles maisons, la vulnérabilité aux feux de forêt devrait être prise en compte dans les décisions d’achat. Les propriétés avec toiture métallique, revêtement en fibrociment et espace défendable dégagé peuvent être admissibles à de meilleurs taux d’assurance.
Alors qu’un autre été d’incertitude se déploie, la mesure la plus importante que les propriétaires peuvent prendre est de réviser minutieusement leurs polices avant qu’une urgence ne frappe. Comprendre exactement ce qui est couvert – et ce qui ne l’est pas – offre une tranquillité d’esprit cruciale lorsque les ordres d’évacuation arrivent.
Le paysage de l’assurance contre les feux de forêt au Canada continue d’évoluer avec notre climat changeant. Pour l’instant, la préparation reste la meilleure protection : documentez vos possessions, comprenez vos limites de couverture et créez un espace défendable autour de votre maison. Le moment d’aborder les questions d’assurance est avant que la fumée n’apparaisse à l’horizon, pas après.