En me promenant dans le marché By animé du centre-ville d’Ottawa par un frais matin d’octobre, je vois les acheteurs se presser autour des étals de produits locaux, examinant avec attention les pommes de l’Ontario et les fromages du Québec. Cette scène reflète quelque chose de plus profond qu’un simple magasinage du weekend – elle témoigne d’une confiance grandissante des Canadiens envers leur système alimentaire.
Une nouvelle recherche publiée hier par le Centre canadien pour l’intégrité des aliments (CCIA) révèle une tendance à la hausse de la confiance du public envers nos systèmes de production alimentaire. Leur sondage annuel sur la « Confiance du public » montre que la confiance globale dans le système alimentaire canadien a grimpé à 58% cette année – marquant une augmentation de 7% depuis 2020.
« Nous observons un changement significatif dans la façon dont les Canadiens perçoivent leur système alimentaire, » explique Dr. Sylvain Charlebois, directeur du Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire de l’Université Dalhousie. « La pandémie a créé une visibilité sans précédent sur les chaînes d’approvisionnement et, malgré les défis, notre système alimentaire a démontré une résilience remarquable. »
Ces résultats arrivent à un moment crucial alors que l’abordabilité des aliments continue de peser sur les budgets des ménages partout au pays. Selon Statistique Canada, les prix des aliments ont augmenté de 19,1% depuis 2019, dépassant l’inflation générale. Pourtant, étonnamment, cela n’a pas érodé la confiance dans le système lui-même.
Jean Marcoux, un acheteur de 62 ans que j’ai rencontré au marché, reflète ce sentiment apparemment contradictoire. « Les prix font mal, pas de doute là-dessus, » me dit-il en sélectionnant des carottes locales. « Mais pendant la COVID, quand les épiceries américaines étaient vides, les nôtres avaient encore de la nourriture. Ça reste gravé dans la mémoire. »
Ce facteur de résilience apparaît de façon proéminente dans la recherche du CCIA. Près de 65% des répondants ont cité « la disponibilité alimentaire constante pendant les crises » comme un contributeur majeur à leur confiance – en hausse par rapport à 41% dans les sondages pré-pandémiques.
La recherche met également en évidence des variations régionales. Les provinces des Prairies affichent les niveaux de confiance les plus élevés (64%), tandis que les résidents du Québec enregistrent la croissance de confiance la plus significative, augmentant de 11 points de pourcentage depuis 2021. Le Canada atlantique demeure la région la plus sceptique avec 49% de confiance globale, bien que cela représente tout de même une amélioration par rapport aux années précédentes.
Le ministre de l’Agriculture Lawrence MacAulay souligne plusieurs initiatives fédérales comme facteurs contributifs. « De notre Fonds d’infrastructure alimentaire locale au Programme de récupération d’aliments excédentaires, nous nous sommes concentrés sur le renforcement des liens entre les Canadiens et leurs sources alimentaires, » a déclaré MacAulay lors d’une conférence de l’industrie la semaine dernière. « Ces investissements soutiennent non seulement la sécurité alimentaire mais aussi la transparence tout au long de la chaîne d’approvisionnement. »
L’enquête révèle également des clivages générationnels. Les Canadiens de moins de 35 ans montrent une plus grande préoccupation pour la durabilité environnementale et le bien-être animal, tandis que les répondants de plus de 55 ans priorisent la sécurité alimentaire et la production nationale. Cependant, les deux groupes rapportent une confiance accrue par rapport aux années précédentes.
Plusieurs facteurs semblent alimenter cette croissance de confiance. La recherche du CCIA identifie trois éléments clés : une transparence accrue de la part des producteurs, un meilleur accès à l’information sur les pratiques agricoles, et des connexions plus visibles entre les consommateurs et les producteurs alimentaires.
Diane Campbell, agricultrice de légumes de troisième génération du Holland Marsh en Ontario, a été témoin de ce changement. « Il y a dix ans, personne ne se souciait de comment nous cultivions les carottes, » dit-elle lors de notre entretien téléphonique. « Maintenant, nous organisons des visites à la ferme, maintenons des comptes de médias sociaux montrant nos opérations quotidiennes, et participons aux marchés fermiers. Les gens veulent connaître leurs agriculteurs, et cela construit la confiance. »
La transformation numérique a également joué un rôle important. La recherche note que 73% des Canadiens recherchent maintenant les origines des aliments et les méthodes de production en ligne avant d’acheter – particulièrement pour la viande, les produits laitiers et les produits frais. Les codes QR sur les emballages menant à des vidéos de ferme et des informations sur la production sont devenus de plus en plus courants et utilisés.
La réaction de l’industrie aux résultats a été rapide. Les Transformateurs alimentaires du Canada ont annoncé hier une nouvelle initiative de transparence qui standardisera le partage d’informations entre les grandes marques. « Les consommateurs nous ont clairement dit qu’ils veulent plus d’informations, pas moins, » a déclaré le PDG Michael McKay. « Cette recherche valide notre orientation vers une transparence radicale. »
Malgré ces tendances positives, des défis demeurent. La confiance dans les allégations marketing des aliments continue de traîner, avec seulement 32% des Canadiens exprimant leur confiance dans les déclarations sur l’avant des emballages comme « naturel » ou « sourcé éthiquement. » De plus, les pratiques agricoles concernant l’utilisation de pesticides et la modification génétique restent des domaines controversés où les scores de confiance se situent en dessous de 40%.
La durabilité environnementale représente une autre dimension complexe. Alors que 69% des répondants expriment des préoccupations concernant l’impact environnemental de l’agriculture, 58% croient simultanément que les agriculteurs canadiens sont de bons gardiens de l’environnement – une autre position apparemment contradictoire qui souligne la relation nuancée que les Canadiens entretiennent avec leur système alimentaire.
Les impacts du changement climatique sur la sécurité alimentaire sont apparus comme une préoccupation croissante, avec 61% des répondants exprimant leur inquiétude quant à la disponibilité future des aliments en raison de l’évolution des conditions météorologiques. Les résidents de la Colombie-Britannique ont rapporté la préoccupation la plus élevée (72%), probablement influencés par les récentes inondations et incendies qui ont perturbé les chaînes d’approvisionnement alimentaire dans la province.
La recherche suggère plusieurs voies à suivre pour continuer à bâtir la confiance du public. Les consommateurs ont indiqué un fort intérêt pour davantage de programmes de la ferme à la table, une éducation accrue sur les pratiques agricoles modernes, et un meilleur étiquetage concernant les méthodes de production et les impacts environnementaux.
En terminant mes achats au marché, j’observe une jeune famille s’arrêter pour discuter avec un producteur de miel sur la gestion des colonies et les motifs de floraison locaux. Cette conversation représente exactement ce que la recherche souligne – les Canadiens veulent de plus en plus une connexion avec leur système alimentaire, pas seulement des produits.
Le CCIA prévoit de publier des résultats détaillés par secteur le mois prochain, ce qui fournira des informations plus approfondies sur les variations de confiance entre les différentes catégories alimentaires. D’ici là, le message global est clair : après des années d’incertitude, les Canadiens développent une relation plus forte avec les personnes et les systèmes qui les nourrissent.