David Lametti rejoint l’équipe de conseillers de Mark Carney
L’ancien ministre de la Justice David Lametti a confirmé qu’il commencera son nouveau rôle de conseiller politique principal auprès du Premier ministre Mark Carney le mois prochain, mettant fin à des semaines de spéculation sur son retour à la politique fédérale.
L’avocat montréalais et juriste formé à Oxford débutera le 3 août, travaillant principalement sur la réforme de la justice et les questions constitutionnelles – des domaines où la nouvelle administration Carney a signalé des plans ambitieux de refonte législative.
« Après un certain temps dans le secteur privé, je suis impatient de soutenir la vision du Premier ministre Carney pour la réforme de la justice, » a déclaré Lametti aux journalistes devant son bureau montréalais hier. « Il y a un travail important à venir qui s’appuie sur les fondations que nous avons posées durant mon précédent passage au gouvernement. »
Cette nomination marque un retour significatif pour Lametti, qui a été ministre de la Justice sous Justin Trudeau de 2019 jusqu’à la perte de sa circonscription montréalaise lors des élections fédérales du mois dernier. Sa sélection suggère que Carney privilégie l’expérience alors qu’il constitue son équipe de conseillers principaux.
L’analyste politique Sandra Matheson de l’Université Queen’s note que cette nomination envoie un message clair sur l’approche gouvernementale de Carney. « Il bâtit une équipe qui équilibre les voix nouvelles avec des vétérans parlementaires qui savent comment faire avancer une législation complexe à la Chambre, » a-t-elle expliqué dans une entrevue avec l’émission The House de Radio-Canada.
Le retour de Lametti ne se fait pas sans controverse. Le critique conservateur en matière de justice, Rob Nicholson, a remis en question la transition rapide entre la défaite électorale et le poste de conseiller du premier ministre. « Les Canadiens ont envoyé un message aux urnes, y compris dans la circonscription de M. Lametti. Cette nomination semble contourner la volonté des électeurs, » a déclaré Nicholson dans un communiqué publié mercredi.
Le Bureau du Premier ministre a défendu ce choix, soulignant l’expérience de Lametti dans la gestion de dossiers complexes, notamment la législation sur l’AMM et la réforme de la justice pénale. La porte-parole du BPM, Melissa Chen, a souligné que « recruter des talents éprouvés dans des rôles consultatifs est exactement ce que les Canadiens attendent d’un gouvernement déterminé à obtenir des résultats. »
Des sources au sein du BPM indiquent que Lametti se concentrera initialement sur trois dossiers prioritaires: la réforme des nominations judiciaires, une révision complète des lignes directrices en matière de détermination de la peine, et les cadres constitutionnels pour la législation climatique prévue par le gouvernement.
L’équipe de Carney s’assemble discrètement depuis sa surprenante victoire électorale, avec une tendance notable à recruter tant d’anciens parlementaires que des experts extérieurs aux cercles politiques traditionnels. La semaine dernière, l’ancienne économiste de la Banque du Canada Carolyn Wilkins et l’ex-diplomate Catherine McKenna ont également rejoint l’équipe de conseillers.
Pour Lametti, cette nomination représente une rédemption politique après une campagne difficile. Sa circonscription montréalaise de LaSalle—Émard—Verdun est passée au Bloc Québécois par seulement 342 voix après qu’il ait représenté la région depuis 2015.
« À bien des égards, ce rôle me permet de me concentrer exclusivement sur les politiques sans obligations de circonscription, » a reconnu Lametti. « Il y a quelque chose de libérateur après huit ans à jongler entre les deux. »
Les juristes ont largement salué cette nomination. L’experte constitutionnelle de l’Université de Toronto, Patricia Hughes, a qualifié Lametti de « choix inspiré » pour l’administration. « Il apporte une expérience ministérielle pratique combinée à une rigueur académique sur les questions de justice. C’est précisément ce dont on a besoin pour élaborer une législation destinée à résister aux inévitables contestations judiciaires. »
Cette transition survient alors que le gouvernement Carney prépare son ambitieux programme législatif d’automne, qui devrait inclure d’importantes réformes judiciaires. Des initiés parlementaires suggèrent que l’influence de Lametti sera évidente dans les prochains projets de loi concernant l’indépendance judiciaire, la réforme des peines et la protection de la vie privée.
Lorsqu’on l’a interrogé sur sa collaboration avec Carney après des années au sein du cabinet Trudeau, Lametti a mis l’accent sur la continuité plutôt que sur le contraste. « La bonne gouvernance transcende les personnalités. Le Premier ministre a défini des priorités qui s’alignent avec ma propre vision d’un système judiciaire plus efficace et accessible. »
Cette nomination complète l’équipe de conseillers principaux de Carney avant le retour du Parlement en septembre, où le gouvernement affrontera ses premiers tests législatifs majeurs avec une faible majorité.
Pour Lametti, qui a enseigné le droit à l’Université McGill avant d’entrer en politique, ce rôle représente un mélange de son expérience académique et politique. « J’ai toujours cru qu’une politique efficace nécessite à la fois une compréhension théorique et une connaissance pratique de la mise en œuvre, » a-t-il déclaré. « Ce poste me permet d’appliquer les deux. »
L’avenir dira si la nomination de Lametti signale un changement substantiel dans la politique de justice ou fournit simplement une expérience précieuse pour mettre en œuvre la vision existante de Carney. Quoi qu’il en soit, l’ancien ministre revient à Ottawa avec un portefeuille important et un accès direct à l’oreille du Premier ministre.