La façade en pierre du Séminaire Luther a résisté à près d’un siècle d’hivers saskatchewanais. Aujourd’hui, alors que les responsables de l’Université de la Saskatchewan avancent avec des plans de démolition de ce bâtiment historique, ils font face à une résistance inattendue d’une communauté peu disposée à dire adieu à ce que beaucoup considèrent comme un monument architectural emblématique.
« Il ne s’agit pas simplement de briques et de mortier », explique Catherine Fowler, porte-parole de l’Alliance Heritage Saskatchewan. « Quand nous perdons ces structures historiques, nous perdons des liens tangibles avec notre histoire commune. Ce bâtiment a été témoin de générations d’éducation théologique qui ont contribué à façonner le paysage spirituel de notre province. »
La controverse a éclaté la semaine dernière lorsque les administrateurs universitaires ont confirmé leur intention de raser le séminaire vieux de 98 ans, citant des problèmes structurels et des coûts de rénovation prohibitifs estimés à 12 millions de dollars. Le bâtiment est inoccupé depuis 2020, après que les activités du Séminaire luthérien ont été transférées au Collège St. Andrew.
Les responsables universitaires maintiennent que la décision n’a pas été prise à la légère. « Nous comprenons l’attachement émotionnel que beaucoup ont pour les bâtiments du campus », a déclaré Wade Epp, vice-président associé des services à l’U de S. « Malheureusement, la détérioration a atteint un point où la préservation est financièrement insoutenable compte tenu de nos contraintes budgétaires actuelles. »
Ces réalités budgétaires n’ont cependant pas diminué la détermination de la communauté. Une manifestation organisée à la hâte jeudi dernier a rassemblé plus de 200 personnes, dont des anciens élèves, des défenseurs du patrimoine et des partisans de la préservation architecturale. Beaucoup portaient des pancartes avec des slogans comme « Sauvons notre séminaire » et « L’histoire compte », tandis que d’autres partageaient leurs liens personnels avec le bâtiment.
Pour le révérend David Solheim, diplômé du séminaire en 1982, le bâtiment représente plus qu’un sentiment nostalgique. « J’ai passé quatre années formatrices à parcourir ces couloirs », m’a-t-il confié après la manifestation. « Ces vitraux n’étaient pas simplement décoratifs – ils constituaient des espaces inspirants où des générations de pasteurs ont trouvé leur vocation. On ne peut pas simplement remplacer ce type d’héritage par une structure moderne. »
La controverse met en lumière la tension de plus en plus courante entre préservation et pragmatisme à laquelle font face de nombreuses universités canadiennes avec des campus vieillissants. Statistique Canada rapporte qu’environ 40 % des bâtiments universitaires à l’échelle nationale ont été construits avant 1970, créant des défis d’entretien généralisés alors que ces structures approchent ou dépassent leur durée de vie prévue.
Ce qui rend la situation du Séminaire Luther particulièrement litigieuse est sa désignation comme propriété patrimoniale selon la politique de conservation