La chasse à l’homme continue pour retrouver Carla Robertson, une Albertaine qui a échappé au système correctionnel canadien il y a près de 24 jours, suite à sa libération par erreur de l’Établissement pour femmes d’Edmonton. Robertson, qui purgeait une peine de 7 ans pour vol à main armée et agression avec une arme dangereuse, a disparu dans la ville le 28 avril après ce que les autorités qualifient d' »erreur administrative catastrophique. »
J’ai passé la dernière semaine à examiner des documents internes et à interviewer des responsables des services correctionnels pour comprendre comment une telle erreur a pu se produire dans un établissement à sécurité maximale. Selon Sam Burnett, porte-parole du Service correctionnel du Canada (SCC), l’erreur s’est produite lors d’un changement de quart de travail quand le dossier de Robertson a été confondu avec celui d’une autre détenue dont la libération était prévue.
« Nous avons des protocoles stricts pour la libération des détenues qui comprennent plusieurs étapes de vérification, » m’a expliqué Burnett. « Dans ce cas, ces protocoles n’ont pas été correctement suivis par plusieurs membres du personnel. »
Les documents que j’ai obtenus par une demande d’accès à l’information révèlent une série d’oublis troublants. L’identification de Robertson a été vérifiée avec les mauvais documents, ses données biométriques n’ont pas été correctement contrôlées, et une vérification finale de sécurité a été complètement omise lorsqu’un agent supérieur a été appelé pour une urgence dans une autre partie de l’établissement.
La sergente d’état-major Andrea Morris de l’Unité d’appréhension des fugitifs de la GRC a expliqué les efforts en cours pour localiser Robertson. « Nous travaillons avec les forces de l’ordre locales dans toute l’Alberta et les provinces voisines. Robertson a des liens familiaux en Saskatchewan et en Colombie-Britannique que nous surveillons de près. »
Cet incident soulève de sérieuses questions sur les protocoles de sécurité dans les établissements correctionnels fédéraux. Dr. Elena Vasquez, criminologue à l’Université de l’Alberta, évoque des problèmes systémiques au sein de l’administration pénitentiaire canadienne.
« Ce qui est particulièrement préoccupant, c’est que ce n’est pas un incident isolé, » m’a expliqué Vasquez lors de notre entretien hier. « Le SCC a connu au moins sept libérations inappropriées à travers le Canada au cours de la dernière décennie, bien que la plupart des détenues aient été rapidement reprises. »
Le passé criminel de Robertson rend sa disparition particulièrement inquiétante. Les dossiers judiciaires montrent une tendance à l’escalade de la violence dans ses crimes, et elle s’est vu refuser la libération conditionnelle à deux reprises en raison de ce que la commission a appelé « des problèmes de gestion de la colère non résolus et un faible contrôle des impulsions. »
J’ai parlé avec Jason Chen, l’ancien avocat de la défense de Robertson, qui s’est dit surpris par cette défaillance administrative. « L’Établissement d’Edmonton est censé être l’une de nos installations les plus sécurisées. Ce niveau d’erreur suggère des failles fondamentales dans la gestion et la vérification des informations. »
L’évasion a déclenché une révision complète des procédures de libération dans tous les établissements fédéraux. Les courriels internes que j’ai examinés montrent que le Service correctionnel du Canada a déjà mis en place des protocoles d’urgence exigeant la double signature des superviseurs pour toutes les libérations de détenues en attendant la fin de l’enquête.
Pour les résidents de la région d’Edmonton, la situation reste tendue. La police locale a augmenté les patrouilles dans les quartiers où Robertson vivait auparavant et autour des résidences de ses associés connus. Ils ont conseillé au public de ne pas l’approcher si elle est repérée, car elle doit être considérée comme dangereuse.
S’exprimant sous couvert d’anonymat, un agent correctionnel de l’Établissement d’Edmonton a révélé que le moral a chuté depuis l’incident. « Tout le monde regarde par-dessus son épaule, attendant que la hache tombe. Trois membres du personnel ont été mis en congé administratif, mais nous savons tous que les problèmes vont au-delà des erreurs individuelles. »
L’incident a attiré l’attention des législateurs fédéraux. Le ministre de la Sécurité publique, Mark Williams, a publié une déclaration qualifiant la situation de « complètement inacceptable » et promettant « une révision approfondie des procédures et des mesures de responsabilisation dans tous les établissements correctionnels fédéraux. »
Les groupes de défense des libertés civiles se sont également prononcés sur l’affaire. L’Association canadienne des libertés civiles a souligné que si cet incident implique une délinquante dangereuse, les libérations erronées peuvent aller dans les deux sens. « Nous avons documenté des cas où des personnes sont détenues à tort au-delà de leur peine en raison d’erreurs administratives similaires, » a déclaré Patricia Wong, porte-parole de l’ACLC.
Pour les victimes des crimes de Robertson, l’évasion a rouvert d’anciennes blessures. « Je me sentais enfin en sécurité en sachant qu’elle était enfermée, » a déclaré une victime qui a demandé à rester anonyme. « Maintenant, je regarde constamment derrière moi, me demandant si elle va venir chercher sa vengeance. »
Alors que la traque entre dans sa quatrième semaine, la GRC a élargi ses paramètres de recherche et augmenté le niveau de priorité de l’affaire. Des panneaux d’affichage numériques à travers l’Ouest canadien montrent maintenant l’image de Robertson, et une ligne téléphonique dédiée aux informations a été mise en place.
L’incident soulève d’importantes questions sur l’allocation des ressources et l’attention aux détails dans notre système carcéral. Avec des établissements correctionnels souvent en sous-effectif et des agents surchargés, les conditions pour de telles erreurs deviennent plus probables. Pourtant, le public s’attend – et mérite – à un système correctionnel capable de remplir sa fonction la plus fondamentale : garder les délinquants dangereux en détention jusqu’à ce qu’ils aient purgé leur peine.
Alors que cette enquête se poursuit, une chose reste claire : au-delà de la chasse à une seule détenue évadée se trouve un besoin plus profond d’examiner les systèmes et processus qui ont permis qu’une telle défaillance se produise.