L’énergie indéniable était palpable mercredi matin lorsque les députés conservateurs se sont réunis pour leur caucus. Des chants unifiés de « Pierre! Pierre! » ont résonné dans le couloir tandis que le chef du parti, Pierre Poilievre, entrait pour s’adresser à son équipe avant la reprise du Parlement la semaine prochaine.
Pour un parti dont la popularité a considérablement augmenté dans les récents sondages, l’atmosphère ressemblait davantage à une célébration de victoire qu’à une séance stratégique. « Nous avons passé des mois à écouter les Canadiens dans tous les coins du pays, » a déclaré Poilievre à la salle comble, sa voix portant la confiance de quelqu’un qui croit que les vents politiques ont tourné en sa faveur.
Le chef conservateur n’a pas mâché ses mots concernant sa cible principale. « Le gouvernement de Justin Trudeau a laissé tomber les Canadiens ordinaires sur les questions qui comptent le plus – l’abordabilité, le logement et la sécurité publique, » a-t-il affirmé sous les applaudissements enthousiastes des membres de son caucus.
Les récents sondages d’Abacus Data semblent confirmer son optimisme, montrant que les conservateurs maintiennent une avance de 15 points sur les libéraux au pouvoir – des chiffres qui se traduiraient probablement par un gouvernement majoritaire significatif si une élection avait lieu aujourd’hui.
Le député albertain Jasraj Singh Hallan, critique en matière de finances du parti, a déclaré aux journalistes que les Canadiens répondent positivement à leur message. « Les gens en ont assez de ne pas pouvoir se permettre d’acheter des épiceries ou de trouver un logement. Nous leur offrons des solutions pratiques plutôt que davantage de programmes gouvernementaux qui ne fonctionnent tout simplement pas. »
La séance ne visait pas uniquement à célébrer les chiffres des sondages. Des sources internes conservatrices affirment que Poilievre a présenté une stratégie parlementaire disciplinée axée sur ce que les sondages internes suggèrent être des enjeux gagnants : l’abordabilité du logement, les taux de criminalité et le coût de la vie.
« Notre équipe est prête à tenir ce gouvernement responsable dès le premier jour, » a déclaré le député québécois Gérard Deltell. « Les Canadiens recherchent un leadership qui comprend leurs préoccupations quotidiennes, pas davantage des mêmes politiques ratées. »
La stratégie conservatrice semble double – maintenir la pression sur le bilan économique du gouvernement tout en se positionnant comme le parti avec des solutions concrètes. Cette approche semble calculée pour plaire aux électeurs au-delà des lignes politiques traditionnelles, particulièrement dans les communautés de banlieue où les élections se décident souvent.
Un stratège conservateur principal, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a révélé que le parti a identifié plus de 70 circonscriptions qu’ils croient à leur portée, notamment dans les zones suburbaines de l’Ontario et de la Colombie-Britannique où les coûts de logement ont grimpé en flèche.
« Nous bâtissons notre organisation territoriale depuis des mois, » a expliqué le stratège. « Nos effectifs de bénévoles sont nettement supérieurs comparativement à la même période lors du dernier Parlement. »
Le discours de Poilievre a également abordé les questions internationales, critiquant l’approche du gouvernement en matière d’affaires mondiales. « La position du Canada dans le monde s’est affaiblie sous ce gouvernement, » a-t-il déclaré, soulignant les relations tendues avec des alliés clés et des partenaires internationaux.
Tout le monde n’est pas convaincu par l’élan conservateur. La députée libérale Karina Gould a minimisé l’importance des sondages après la réunion de son propre caucus. « Les Canadiens s’intéressent au fond, pas à la forme, » a-t-elle déclaré. « Quand ils examineront ce que M. Poilievre propose réellement, ils verront que ça ne tient pas la route. »
Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a également remis en question l’approche conservatrice. « Pierre Poilievre parle d’abordabilité mais vote contre des mesures qui aideraient réellement les travailleurs, » a déclaré Singh aux journalistes. « Les Canadiens verront cette contradiction. »
La politologue Lori Turnbull de l’Université Dalhousie prévient que les sondages actuels pourraient ne pas se maintenir. « Nous sommes probablement à un an d’une élection. Les conservateurs sont en pleine forme maintenant, mais maintenir cet élan durant la prochaine session parlementaire sera un défi. »
Ce qui est clair, c’est que le caucus conservateur a émergé de la pause estivale énergisé et concentré. Les députés ont décrit leurs efforts de sensibilisation estivale dans leurs circonscriptions, nombreux rapportant une participation sans précédent aux événements communautaires.
« Je n’ai jamais vu ce niveau d’engagement, » a déclaré la députée ontarienne Melissa Lantsman. « Des personnes qui ne se sont jamais considérées comme des électeurs conservateurs viennent à nos événements, posent des questions et apprécient ce qu’ils entendent. »
La session parlementaire à venir mettra à l’épreuve la capacité de Poilievre à maintenir cet élan tout en faisant face à un examen direct pendant la période des questions et le travail en comité. Son style de leadership – combatif et direct – a dynamisé la base mais demeure polarisant parmi certains électeurs modérés.
Alors que les députés se préparent pour la reprise des travaux de la Chambre, les enjeux politiques ne pourraient être plus élevés. Avec l’accord de confiance libéral-NPD toujours techniquement en vigueur jusqu’en 2025, le gouvernement de Trudeau n’est pas immédiatement menacé. Cependant, de mauvais sondages pourraient éventuellement pousser le NPD à reconsidérer son soutien.
Pour l’instant, le message de Poilievre à son caucus était clair – rester discipliné, se concentrer sur les enjeux quotidiens, et se préparer comme si une élection pouvait survenir à tout moment. La question de savoir si cette stratégie continuera de résonner auprès des Canadiens demeure la question centrale de la politique canadienne à l’approche de la session d’automne.
