Je me suis installé confortablement dans mon siège du train VIA en direction de Montréal, où je devais couvrir la dernière conférence du Conseil des relations étrangères. Le paysage de l’Est ontarien défilait par la fenêtre – terres agricoles, petites villes et silhouettes industrielles lointaines qui racontaient leur propre histoire de notre économie nationale.
Cette vue pourrait tout aussi bien être une métaphore de la relation économique du Canada avec notre voisin du sud. La proximité nous a définis, façonnés et, parfois, limité nos horizons.
« Nous avons passé des générations à construire des routes, des chemins de fer et des pipelines qui vont du nord au sud plutôt que d’est en ouest, » m’expliquait Dr. Amelia Bernstein du Centre d’économie internationale de l’Université de Toronto lors de notre entretien téléphonique la semaine dernière. « Notre intégration économique ne s’est pas faite du jour au lendemain – elle a évolué à travers des décisions politiques délibérées s’étendant sur des décennies. »
Cette évolution n’était pas accidentelle. Depuis le Pacte de l’automobile de 1965, les gouvernements canadiens de tous bords politiques ont de plus en plus attaché notre wagon économique aux marchés américains. Le résultat? Près de 75% de nos exportations sont maintenant destinées aux consommateurs américains, selon le dernier rapport de Statistique Canada sur le commerce extérieur.
Promenez-vous dans n’importe quel quartier commercial canadien et vous verrez aussi l’impact inverse – chaînes de magasins américaines, franchises de restaurants et produits culturels remplissent nos espaces commerciaux. Le Canadien moyen ne réfléchit peut-être pas deux fois à cet enchevêtrement économique, mais les économistes et les experts en politiques suivent son intensification avec une inquiétude croissante.
« Les chiffres racontent une histoire claire, » a reconnu la ministre des Finances Chrystia Freeland lors du briefing budgétaire du mois dernier. « Quand l’économie américaine attrape un rhume, nous risquons une pneumonie. Notre défi est d’équilibrer les avantages de la proximité face aux vulnérabilités de la dépendance. »
Ces vulnérabilités sont devenues douloureusement évidentes ces dernières années. Les tarifs de l’ère Trump sur l’acier et l’aluminium canadiens ont envoyé des ondes de choc dans des communautés manufacturières comme Hamilton et Sault Ste. Marie. J’ai visité ces deux villes en 2019, parlant avec des travailleurs qui ont soudainement vu leurs moyens de subsistance menacés par des décisions politiques prises à Washington, pas à Ottawa.
« Mon père et mon grand-père ont travaillé dans ces usines, » m’a confié Jim Cosgrove devant l’usine d’Algoma Steel. « Nous n’aurions jamais pensé que la politique américaine déterminerait si nos quarts de travail seraient coupés. Mais nous y voilà. »
La pandémie a davantage exposé ces dépendances. Les perturbations de la chaîne d’approvisionnement