Alors que le soleil printanier baignait d’une lueur dorée l’architecture séculaire de Tours, en France, un groupe de femmes d’Edmonton retenait son souffle, attendant l’annonce des résultats. Quelques instants plus tard, des cris de joie éclataient parmi les membres de Belle Canto lorsqu’elles ont été nommées grandes gagnantes du prestigieux concours international de chœurs Florilège Vocal de Tours.
« Nous étions complètement stupéfaites, » raconte Pam Tames, soprano qui chante avec cet ensemble féminin depuis huit ans. « Quand ils ont appelé notre nom, il y a eu ce moment d’incrédulité avant que nous commencions toutes à nous enlacer et à pleurer. »
Le chœur basé à Edmonton, fondé en 1997, s’est rendu en France le mois dernier pour concourir contre 11 autres ensembles vocaux du monde entier. Non seulement elles ont remporté la plus haute distinction du concours, mais elles ont également gagné le prix du public—un témoignage de leur capacité à créer des liens émotionnels avec les auditeurs au-delà des barrières culturelles et linguistiques.
Heather Bedford, directrice artistique de Belle Canto, attribue leur succès à la perspective canadienne distinctive du chœur. « Nous avons présenté des pièces qui racontent notre paysage nordique, la réconciliation et les expériences des femmes, » explique-t-elle depuis son studio d’Edmonton, encore en décalage horaire après le voyage de retour. « Ce ne sont pas simplement des chansons pour nous—ce sont des expressions de qui nous sommes et d’où nous venons. »
Le programme gagnant comprenait des compositions du compositeur autochtone canadien Andrew Balfour et des arrangements de chansons traditionnelles métisses aux côtés d’œuvres européennes classiques. Cette fusion culturelle réfléchie a captivé tant les juges que le public dans cette ville de la Vallée de la Loire, connue pour son riche patrimoine musical.
Pour Jessica Campbell, membre du chœur, cette victoire représente bien plus que l’excellence musicale. « La plupart d’entre nous jonglons avec des carrières à temps plein, des familles et d’autres responsabilités. Nous répétons une fois par semaine, généralement après de longues journées de travail, » dit-elle. « Atteindre ce niveau de reconnaissance tout en maintenant cet équilibre est incroyablement valorisant. »
Le concours, établi en 1972, est devenu l’un des événements choraux les plus respectés d’Europe. Selon les organisateurs du festival, le jury de cette année recherchait des performances démontrant non seulement une précision technique, mais aussi une émotion authentique et une profondeur culturelle—des qualités qui ont finalement distingué Belle Canto.
Le parcours du chœur vers la reconnaissance internationale n’a pas été sans défis. Les efforts de collecte de fonds comprenaient des concerts communautaires, des enchères silencieuses et des contributions personnelles de chaque membre. Le soutien du Conseil des arts d’Edmonton a aidé à compenser certains frais de voyage, mais l’engagement financier est resté important pour de nombreuses participantes.
« Il y a eu des moments au cours de l’année dernière où nous nous demandions si nous pouvions y arriver, » admet Bedford. « Mais il y a quelque chose de spécial dans ce groupe. Nous avons vécu tellement de choses ensemble—la pandémie, des pertes personnelles, des célébrations. Cette histoire partagée crée un son unique qui résonne auprès du public. »
Les résultats du concours ont déjà généré de nouvelles opportunités. Belle Canto a reçu des invitations pour se produire dans deux festivals européens l’année prochaine et a constaté un intérêt accru pour leur prochaine série de concerts à Edmonton.
Pour la communauté artistique de la ville, cette victoire représente une réalisation importante. « Edmonton a toujours eu une scène chorale incroyablement dynamique, mais elle ne reçoit souvent pas la reconnaissance qu’elle mérite à l’international, » note David Wilson, directeur exécutif de Choir Alberta. « Le succès de Belle Canto place notre excellence musicale sur la carte mondiale. »
La réussite du chœur souligne également la valeur plus large des groupes artistiques communautaires. Selon un rapport de Statistique Canada de 2023, la participation à des organisations d’arts de la scène est corrélée à de meilleurs résultats en matière de santé mentale et à des liens communautaires plus forts—des avantages qui s’étendent bien au-delà de la scène.
De retour à Edmonton, les membres du chœur assimilent encore leur victoire tout en préparant les prochaines représentations. Leur concert de printemps à l’église McDougall United est maintenant annoncé comme une « célébration de la victoire » présentant leur programme primé.
Ce qui rend l’accomplissement de Belle Canto particulièrement remarquable est le statut non professionnel du chœur. Contrairement à certains concurrents qui répètent quotidiennement ou reçoivent des financements institutionnels, ces femmes d’Edmonton créent leur art parallèlement à des vies professionnelles et personnelles bien remplies.
« Nous avons des enseignantes, des infirmières, des ingénieures, des scientifiques et des administratrices, » explique Maria Lennox, membre fondatrice. « Certaines conduisent plus d’une heure dans chaque sens pour les répétitions. Ce dévouement crée quelque chose de spécial—nous ne tenons aucun moment de création musicale pour acquis. »
Alors que le chœur se prépare pour leur concert de retour, on perçoit une nouvelle confiance dans leurs répétitions. Cette validation internationale a changé quelque chose de fondamental dans leur approche artistique.
« Avant la France, nous croyions en nous-mêmes, » réfléchit Bedford, « mais maintenant nous savons avec certitude que nos voix comptent sur la scène mondiale. Cette connaissance transforme notre façon de chanter, d’interpréter la musique, de nous connecter les unes aux autres. »
Pour la communauté artistique d’Edmonton et les membres du chœur elles-mêmes, la victoire de Belle Canto représente quelque chose de plus profond que des trophées ou des certificats. Elle témoigne que l’expression artistique authentique, ancrée dans un lieu et une communauté, peut résonner universellement—que ce soit dans une ville du nord du Canada ou dans une cathédrale française séculaire.