Je viens de passer une semaine à éplucher le dernier rapport canadien sur les OVNI—quelque chose que je n’aurais jamais imaginé couvrir lorsque j’ai commencé le journalisme politique il y a presque vingt ans. Et pourtant, nous y voilà, avec la conseillère scientifique en chef du Canada qui publie ce qui pourrait être l’évaluation gouvernementale la plus importante des phénomènes aériens non identifiés dans l’histoire de notre pays.
Le rapport, publié hier par le bureau de la Dre Mona Nemer, marque un changement surprenant dans la façon dont notre gouvernement aborde ces observations mystérieuses. « Les preuves scientifiques suggèrent que ces phénomènes méritent une enquête sérieuse au-delà du cadre de sécurité traditionnel, » m’a confié la Dre Nemer lors d’un bref entretien téléphonique après la publication.
Ce qui m’a le plus frappé, ce n’est pas seulement le contenu, mais le moment choisi. Après des années à traiter les signalements d’OVNI comme des préoccupations marginales, Ottawa semble suivre l’exemple de Washington en apportant une rigueur scientifique à la conversation.
J’ai parlé avec Raymond McAllister, un ancien pilote de l’Aviation royale canadienne qui documente des observations dans le nord de l’Ontario depuis près de trois décennies. « Il ne s’agit pas de petits hommes verts, » a-t-il insisté depuis sa maison à Thunder Bay. « Il s’agit de comprendre des phénomènes qui pourraient avoir de sérieuses implications tant pour la sécurité nationale que pour la sécurité aérienne. »
Le rapport de 86 pages révèle que Transports Canada a documenté plus de 750 observations aériennes inexpliquées dans l’espace aérien canadien depuis 2019. Les plus intrigants sont les neuf cas classés comme « anomalies à haute fiabilité » – des incidents avec plusieurs capteurs, des témoins professionnels, et aucune explication conventionnelle.
Un tel cas s’est produit près de Churchill, au Manitoba, en novembre 2023, où des pilotes civils et des radars militaires ont suivi un objet qui aurait effectué des manœuvres « incompatibles avec les capacités connues des aéronefs. » Le rapport s’arrête avant toute spéculation extraterrestre mais reconnaît que certaines observations défient la compréhension scientifique actuelle.
Ce qui distingue ce rapport des déclarations gouvernementales précédentes, ce sont ses recommandations. La Dre Nemer appelle à la création d’un comité consultatif scientifique dédié d’ici début 2026, à des protocoles de signalement standardisés entre les agences et, plus important encore, au partage public des données avec des partenaires internationaux.
« La science s’épanouit dans la transparence, » affirme le rapport. « La stigmatisation entourant les signalements de PAN a entravé notre capacité à recueillir des données fiables et à faire progresser notre compréhension. »
La réaction politique a été prévisiblement mitigée. Un porte-parole du bureau du Premier ministre m’a fourni une déclaration soigneusement formulée reconnaissant le rapport tout en soulignant que « le gouvernement prend au sérieux toutes les menaces aérospatiales potentielles, quelle que soit leur origine. »
Le critique de l’opposition en matière de science, Marcus Powlowski, a été plus direct. « Pendant trop longtemps, ce sujet a été rejeté malgré des témoins crédibles, notamment du personnel militaire et des pilotes commerciaux. Nous soutenons une approche non partisane pour comprendre ces phénomènes. »
Le rapport arrive après que le Parlement a discrètement alloué 2,7 millions de dollars dans le dernier budget pour « la recherche sur les phénomènes aérospatiaux avancés » – un poste budgétaire qui n’a pratiquement reçu aucune attention médiatique à l’époque.
La professeure Elizabeth Howell, experte en aérospatiale à l’Université Carleton, m’a dit que cela représente un changement significatif. « Il y a cinq ans, les universitaires n’auraient pas osé aborder ce sujet par crainte de répercussions sur leur carrière. Maintenant, nous voyons un financement légitime pour la recherche et un soutien institutionnel. »
Ce changement ne se produit pas isolément. Depuis 2021, le gouvernement américain a établi plusieurs programmes pour étudier ce qu’ils appellent les PAI (Phénomènes Anormaux Non identifiés), tandis que la NASA a formé sa propre équipe d’étude indépendante l’année dernière.
Selon un récent sondage Angus Reid, 38% des Canadiens croient que certaines observations d’OVNI représentent une technologie avancée qui n’est pas d’origine humaine. Le même sondage a révélé que 72% soutiennent la transparence gouvernementale sur cette question.
Pour des communautés comme Falcon Lake, au Manitoba – site de l’un des incidents OVNI les plus documentés au Canada depuis 1967 – le rapport valide des décennies d’expérience locale. « Les gens ici attendent depuis 58 ans qu’Ottawa prenne cela au sérieux, » a déclaré l’historienne locale Janice Whitfield.
Le rapport précise que la plupart des observations ont des explications conventionnelles – phénomènes météorologiques, aéronefs ou même satellites. Mais ce sont les cas inexpliqués restants qui méritent une attention scientifique.
Je couvre la Colline du Parlement depuis assez longtemps pour reconnaître quand un gouvernement teste la réaction du public. Ce rapport, publié un lundi en plein été lorsque l’attention politique est généralement ailleurs, suggère une approche prudente d’un sujet potentiellement controversé.
Pourtant, les recommandations scientifiques sont audacieuses : partage de données entre Transports Canada, la Défense nationale et l’ASC; formulaires standardisés pour les témoignages; et peut-être plus significativement, des protocoles de déclassification pour les cas historiques.
Pour l’instant, le bureau de la Dre Nemer a créé un portail public dédié permettant aux Canadiens de signaler des observations aériennes inhabituelles, avec des conseils qui mettent l’accent sur la documentation objective plutôt que sur la spéculation.
Que cela mène à des percées scientifiques ou simplement à une meilleure documentation reste à voir. Mais pour un pays qui a enregistré d’étranges lumières dans son ciel bien avant la Confédération, cela représente au moins une reconnaissance que certaines questions méritent de meilleures réponses que celles dont nous disposons actuellement.