Dans les couloirs de Washington D.C., un projet de loi qui progresse discrètement pourrait transformer les hivers de milliers de Canadiens. Après des années d’efforts de lobbying, la Loi sur l’extension de visa pour les snowbirds canadiens a gagné un nouvel élan au Congrès américain, permettant potentiellement aux Canadiens de séjourner au sud de la frontière jusqu’à huit mois par année au lieu de la limite actuelle de six mois.
« Cette législation est une priorité depuis des années, mais l’alignement politique actuel pourrait enfin la faire aboutir », explique Robert Slack, courtier immobilier basé en Floride qui se spécialise dans les acheteurs canadiens. « J’ai vu des clients lutter contre la nature arbitraire du système actuel pendant des décennies. »
Ce projet de loi bipartisan, présenté par les sénateurs républicains de Floride Marco Rubio et Rick Scott aux côtés de collègues démocrates, reflète l’importance économique des résidents saisonniers canadiens. Selon l’Association canadienne des snowbirds, plus d’un million de Canadiens passent des périodes prolongées aux États-Unis chaque hiver, contribuant environ 4,4 milliards de dollars annuellement à l’économie américaine.
Devant sa résidence d’hiver à Naples, en Floride, le Montréalais Pierre Deschamps explique les défis pratiques. « Nous payons des impôts fonciers, des services publics et des assurances toute l’année, mais nous sommes forcés de partir après 182 jours, souvent pendant la météo la plus agréable. » Deschamps, qui a acheté son condo en Floride en 2008, ajoute : « L’extension s’alignerait avec ce que beaucoup d’entre nous faisons déjà officieusement, offrant une tranquillité d’esprit et réduisant l’anxiété à la frontière. »
Les progrès du projet de loi surviennent alors que l’ancien président Trump fait campagne sur le renforcement des frontières et l’application des lois d’immigration avant l’élection de novembre. Cependant, la législation a trouvé du soutien dans son orbite politique car elle cible spécifiquement les Canadiens financièrement autonomes qui ne cherchent ni emploi ni prestations sociales.
Les partisans soulignent que les snowbirds représentent un scénario d’immigration à faible risque et à haut rendement. « Ce sont des retraités qui contribuent significativement aux économies locales sans surcharger les services sociaux », note Stephen Fine, fondateur de Snowbird Advisor, un service canadien aidant les voyageurs à naviguer dans les règlements transfrontaliers. « Ils investissent dans des propriétés, dînent aux restaurants et fréquentent les commerces locaux pendant les saisons historiquement plus calmes. »
La Chambre de commerce de la Floride estime que les Canadiens possèdent environ 500 000 propriétés dans l’État, dont beaucoup restent vacantes pendant des mois en raison des restrictions de visa. Le président de la Chambre, Mark Wilson, croit que l’extension renforcerait les valeurs immobilières dans les communautés de retraités à travers la Ceinture du soleil. « Ce