L’odeur des mini-beignets se mêle au parfum de la crème solaire tandis que je me fraye un chemin à travers la foule devant le Prospera Place de Kelowna. Une femme portant un t-shirt défraîchi de Trooper me bouscule, s’excusant avec un sourire qui suggère que nous sommes tous amis ici. C’est ça, la magie de Rock the Lake—un festival qui est devenu bien plus qu’un simple événement musical; c’est une célébration de l’identité canadienne à travers la musique.
Après une édition réussie cet été, les organisateurs ont annoncé que Rock the Lake reviendra en 2025 avec une programmation entièrement canadienne qui traverse les générations et les genres, poursuivant ainsi sa tradition de mettre en valeur le talent local.
« Nous avons toujours essayé de célébrer la musique canadienne et les artistes incroyables que notre pays a produits, » explique Graham Lee, président du GSL Group, dont l’entreprise exploite le Prospera Place et produit le festival. « Pour 2025, nous voulions renforcer cet engagement et créer une expérience véritablement canadienne. »
Le festival, prévu du 8 au 10 août 2025, transformera la zone extérieure de l’aréna du centre-ville de Kelowna en une célébration de trois jours mettant en vedette certains des musiciens les plus aimés du pays. Bien que la programmation complète reste secrète, les organisateurs promettent un mélange de groupes légendaires et d’artistes contemporains qui ont façonné le paysage musical canadien.
Cette attention portée au talent canadien arrive à un moment crucial pour l’industrie musicale nationale. Selon un rapport de 2023 de l’Association de la musique indépendante canadienne, la musique live génère environ 1,2 milliard de dollars annuellement et soutient des milliers d’emplois à travers le pays. Cependant, les coûts de tournée ont augmenté de près de 35% depuis la pandémie, ce qui rend les festivals comme Rock the Lake des plateformes essentielles pour les artistes.
Les commerces locaux ont accueilli l’annonce avec enthousiasme. Emma Kirkland, propriétaire d’un café à deux pâtés de maisons du site, me confie que ses ventes triplent pendant les fins de semaine du festival. « Ce n’est pas juste une question d’argent, » dit-elle en me servant un latté glacé sur sa terrasse. « C’est l’énergie que ces événements apportent à Kelowna. Des gens de tous horizons qui se rassemblent pour célébrer une musique qui a défini différentes étapes de leur vie. »
La décision de présenter exclusivement des artistes canadiens répond également aux conversations croissantes sur la durabilité culturelle. Alors que les plateformes de streaming homogénéisent de plus en plus la consommation musicale mondiale, les festivals qui célèbrent l’identité régionale créent d’importants contrepoids culturels. Les données de Statistique Canada montrent que les règlements sur le contenu canadien ont été vitaux pour nourrir le talent national, avec 25% du temps d’antenne radio dédié aux artistes canadiens, ce qui a entraîné une croissance mesurable de l’industrie au fil des décennies.
En me promenant le long du bord de l’eau à Kelowna après avoir parlé avec les organisateurs du festival, j’observe touristes et locaux profiter du soleil de fin d’été. Un musicien de rue joue une version guitare de « Ahead By A Century » des Tragically Hip, et plusieurs passants s’arrêtent pour écouter, certains chantonnant discrètement.
Cette scène capture ce que Rock the Lake cherche à cultiver—des moments où la musique devient un fil reliant des étrangers à travers des références culturelles partagées. Lorsque j’ai parlé avec Kerry Erickson, qui assiste au festival depuis ses débuts, elle a décrit comment entendre des groupes comme 54-40 et Honeymoon Suite la ramenait aux voyages en voiture avec ses parents dans les années 1980.
« J’emmène ma fille l’année prochaine, » dit Erickson. « Elle a 16 ans et pense que la musique canadienne se résume à Drake et The Weeknd. Je veux qu’elle comprenne qu’il y a toute une lignée d’artistes incroyables qui ont ouvert la voie. »
L’impact économique du festival s’étend au-delà du week-end lui-même. Tourisme Kelowna estime que des événements de plusieurs jours comme Rock the Lake apportent environ 3,5 millions de dollars à l’économie locale via l’hébergement, la restauration et les achats au détail. Dans une région qui se remet encore des récentes saisons de feux de forêt ayant affecté le tourisme, ces événements culturels offrent une stabilité nécessaire aux entreprises saisonnières.
La conseillère municipale Maxine DeHart souligne ce point lorsque je la croise lors d’un événement communautaire. « Ces festivals créent un effet d’entraînement dans notre économie, » explique-t-elle. « Les visiteurs ne se contentent pas d’assister aux concerts—ils explorent les vignobles, font du shopping au centre-ville, et prolongent souvent leur séjour pour découvrir tout ce que l’Okanagan a à offrir. »
Les considérations environnementales ont également façonné la planification pour 2025. Les organisateurs se sont engagés à réduire l’empreinte carbone du festival en mettant en œuvre des programmes de recyclage complets, en encourageant les transports en commun et en travaillant avec des vendeurs qui privilégient les pratiques durables.
Alors que le soleil se couche sur le lac Okanagan, projetant de longues ombres sur la ville, je réfléchis à ce qui rend Rock the Lake spécial dans un paysage de festivals de plus en plus saturé. C’est peut-être l’authenticité de la célébration—pas seulement de la musique, mais d’un patrimoine culturel partagé qui transcende les générations.
L’annonce du festival intervient à un moment où l’industrie musicale canadienne fait face à la fois à des défis et à des opportunités. Le Fonds de la musique du Canada a récemment reçu une augmentation de 25 millions de dollars du gouvernement fédéral pour aider les artistes à se remettre des pertes liées à la pandémie et à s’adapter aux nouveaux modes de consommation. Des festivals comme Rock the Lake offrent des plateformes cruciales pour les artistes établis tout en créant des passerelles pour les artistes émergents.
Lorsque les billets seront mis en vente plus tard cette année, ils partiront probablement rapidement. Les éditions précédentes du festival se sont vendues en quelques semaines, attirant des participants de toute la Colombie-Britannique, de l’Alberta et d’ailleurs. La réputation du festival pour créer des expériences intimes malgré sa taille croissante continue d’être son principal argument de vente.
Alors que je me prépare à quitter Kelowna, un chauffeur de taxi nommé Raj me dit qu’il prévoit déjà de prendre congé le week-end prochain en août. « J’y suis allé cette année juste pour voir de quoi il s’agissait, » dit-il en naviguant dans la circulation du soir. « J’ai fini par rester les trois jours. Ces chansons—elles sont comme de vieux amis que tu avais oublié que tu manquais. »
Ce sentiment capture l’essence de ce que promet Rock the Lake 2025: un retour musical aux sources qui célèbre non seulement ce que signifie être Canadien, mais ce que signifie être connecté par des expériences culturelles qui s’étendent sur des décennies et unissent les générations.