La lumière de fin d’après-midi filtre à travers les fenêtres du bureau de Santé publique de Belleville alors que le Dr. Éthan Laurier, le nouveau médecin-chef récemment nommé pour Santé publique du Sud-Est, étale une série de documents budgétaires sur la table de conférence. C’est sa troisième semaine en poste, et l’annonce du financement provincial vient tout juste d’arriver.
« Cela change tout, » me dit-il, en tapotant le document qui détaille les 4,3 millions de dollars de financement d’harmonisation destinés à la région. « Après des années à faire plus avec moins, nous recevons enfin des ressources qui correspondent aux besoins de notre communauté. »
L’annonce du financement, faite hier par le ministère de la Santé de l’Ontario, représente le plus important investissement unique dans l’Unité de santé du Sud-Est nouvellement fusionnée depuis sa formation en 2023. L’unité dessert plus de 200 000 résidents à travers les comtés de Hastings, Prince Edward, Lennox et Addington.
Pour les résidents des petites communautés comme Wellington, Napanee et Bancroft, ce financement pourrait faire la différence entre conduire une heure pour des services de santé maternelle et les avoir disponibles localement.
« Nous avons toujours été pris dans cette situation impossible, » explique Marianne Thibault, infirmière en santé publique qui travaille dans la région depuis 22 ans. « Les communautés rurales ont des défis de santé uniques qui sont souvent négligés dans les modèles de financement provinciaux. Cette harmonisation reconnaît enfin ces disparités. »
Le financement s’inscrit dans le cadre de l’Initiative de stabilisation du système de santé de l’Ontario, qui vise à remédier aux inégalités régionales devenues flagrantes pendant la pandémie. Selon les données de Statistique Canada, les communautés rurales ont connu 23 % moins de services de santé publique pendant la COVID-19 malgré des populations ayant une moyenne d’âge plus élevée et davantage de conditions chroniques.
En parcourant le bureau de Belleville, les preuves de contraintes budgétaires sont partout : systèmes informatiques obsolètes, salles d’examen exiguës et espaces pour le personnel qui servent aussi d’entrepôt. Une infirmière praticienne conduit une consultation de télésanté dans ce qui semble être un placard à fournitures reconverti.
Quand on lui demande comment les 4,3 millions de dollars seront alloués, le Dr. Laurier explique l’approche en trois phases de l’unité. « D’abord, nous répondons aux besoins d’infrastructure immédiats—mise à jour des équipements et des systèmes numériques qui ont été rafistolés pendant des années. Ensuite, nous élargissons nos services de santé mobile pour les communautés rurales. Et troisièmement, nous investissons dans des programmes préventifs. »
Cette troisième phase enthousiasme particulièrement Catherine DuBois, directrice de la promotion de la santé communautaire. « La prévention est toujours plus rentable que le traitement, mais elle a historiquement été la première chose coupée quand les budgets se resserrent, » dit-elle. « Nous avons développé des programmes fondés sur des données probantes pour la prévention des chutes chez les aînés, la santé mentale des jeunes et la nutrition maternelle qui sont restés sur les tablettes pendant des années. »
Le financement arrive à un moment critique. Un récent rapport de l’Association médicale de l’Ontario a identifié la région du Sud-Est comme ayant l’un des taux les plus élevés d’hospitalisations évitables de la province—des cas où une intervention plus précoce aurait pu éviter une visite aux urgences ou une admission.
Pour Michelle Kwanasie, mère de trois enfants vivant à Deseronto, la nouvelle apporte de l’espoir. « L’hiver dernier, mon plus jeune avait des problèmes respiratoires, et j’ai dû conduire près d’une heure dans une tempête de neige pour voir quelqu’un, » se souvient-elle. « S’ils peuvent utiliser une partie de cet argent pour prolonger les heures ou rapprocher les services des petites communautés, cela fait une énorme différence pour les familles comme la mienne. »
Le financement d’harmonisation ne s’attaque pas seulement aux inégalités géographiques. Le Dr. Laurier souligne que près de 20 % seront dirigés vers des programmes desservant les communautés autochtones et les nouveaux Canadiens, populations qui ont historiquement fait face à des obstacles aux services de santé.
« Nous travaillons étroitement avec les dirigeants du Territoire Mohawk de Tyendinaga pour comprendre comment nous pouvons mieux soutenir leurs initiatives de santé communautaire, » explique le Dr. Laurier. « Ce financement nous permet de passer de la conversation à l’action. »
Le ministère de la Santé a mis l’accent sur la responsabilisation, exigeant des rapports trimestriels sur l’utilisation des fonds. Cette transparence a été bien accueillie par les groupes de défense locaux qui ont longtemps plaidé pour un financement de santé plus équitable dans la région.
« Ce qui distingue ce financement des précédents ponctuels, c’est qu’il est structuré comme un soutien continu, » explique le Dr. Laurier. « Ce n’est pas juste un coup de pouce temporaire—cela nous permet de construire des programmes durables et d’embaucher du personnel permanent. »
Des experts en politique de santé de l’Université Queen’s ont souligné que la région du Sud-Est a historiquement reçu environ 15 % de moins par habitant en financement de santé publique par rapport à la moyenne provinciale, selon une analyse des données de financement des normes de santé publique de l’Ontario.
Alors que les ombres du soir s’allongent, le Dr. Laurier est toujours à son bureau, révisant les plans de dotation. L’unité prévoit d’embaucher 12 nouveaux postes, dont des infirmières en santé publique, des travailleurs d’approche communautaire et un analyste de données pour suivre l’impact des nouveaux programmes.
« La véritable mesure de ce financement ne se trouvera pas dans les documents budgétaires, » réfléchit-il. « Elle sera dans les résultats de santé que nous verrons dans un, cinq, dix ans. Est-ce que moins de personnes se retrouvent aux urgences? Voyons-nous de meilleurs résultats à la naissance? Les aînés restent-ils autonomes plus longtemps? C’est ainsi que nous saurons si nous avons utilisé ces ressources judicieusement. »
Pour les résidents de toute la région du Sud-Est, les 4,3 millions de dollars représentent quelque chose de plus immédiat et tangible : un signe que leurs besoins en matière de santé comptent autant que ceux des grands centres urbains.
En quittant l’unité de santé, un agent d’entretien mesure les fenêtres pour la nouvelle signalisation qui affichera la mission mise à jour de l’organisation : « Des services de santé équitables pour chaque communauté. » Avec ce financement d’harmonisation, cette déclaration pourrait enfin devenir plus que de simples mots sur un mur.