Je me souviens d’avoir été au bord de la patinoire lors du camp d’entraînement des Tigers de Medicine Hat l’été dernier, observant un mince jeune de 15 ans qui déjouait avec aisance des joueurs de trois ou quatre ans ses aînés. Les chuchotements parmi les recruteurs et journalistes allaient déjà bon train : Gavin McKenna n’était pas simplement la prochaine grande révélation—il était potentiellement un talent générationnel.
Aujourd’hui, ces murmures sont devenus manchettes lorsque McKenna, maintenant âgé de 16 ans et largement projeté comme le meilleur espoir du repêchage de la LNH en 2026, a annoncé son engagement envers l’Université Penn State pour la saison 2025-26, contournant ainsi la voie traditionnelle de la Ligue de hockey de l’Ouest (WHL) que beaucoup s’attendaient à le voir emprunter avec les Tigers de Medicine Hat.
« Ce n’était pas une décision facile, » m’a confié McKenna par téléphone depuis sa ville natale de Whitehorse, au Yukon. La voix douce de l’adolescent portait le poids de plusieurs mois de délibération. « Les deux chemins offrent quelque chose de spécial, mais le hockey universitaire me donne la chance de développer mon jeu tout en obtenant une éducation qui comptera longtemps après le hockey. »
La décision de McKenna représente plus qu’un simple choix personnel—elle signale un changement continu dans la façon dont les prodiges canadiens du hockey envisagent leur parcours de développement. La voie de la NCAA, autrefois considérée principalement pour les joueurs américains, est devenue de plus en plus une alternative légitime au hockey junior majeur pour les espoirs canadiens d’élite.
Medicine Hat avait sélectionné McKenna au premier rang du repêchage Bantam de la WHL en 2022 après qu’il ait inscrit un étonnant total de 65 buts et 70 passes en seulement 35 matchs avec l’équipe U15 Prep de l’Académie de hockey RINK à Kelowna. Sa saison 2023-24 avec les Crusaders de Sherwood Park dans la BCHL a davantage cimenté son statut alors qu’il a accumulé 110 points en 54 matchs contre des joueurs jusqu’à quatre ans plus âgés—la saison la plus prolifique par un joueur de 15 ans dans l’histoire de la BCHL.
Dre Hayley Wickenheiser, ancienne médaillée d’or olympique et actuelle directrice générale adjointe des Maple Leafs de Toronto, voit le choix de McKenna comme emblématique de changements plus larges. « Ces jeunes joueurs sont de plus en plus conscients que le développement n’est pas une solution universelle, » a-t-elle expliqué. « Le parcours de la NCAA donne aux joueurs comme Gavin plus de temps de maturation physique contre une compétition plus âgée tout en les préparant pour la vie au-delà de la patinoire. »
La perte de la WHL est certainement le gain de la NCAA. L’entraîneur-chef de Penn State, Guy Gadowsky, ne pouvait contenir son enthousiasme lorsqu’il a été contacté pour commentaire. « Nous sommes absolument ravis que Gavin ait choisi de rejoindre notre programme. Son intelligence de jeu et ses aptitudes sont extraordinaires, mais ce qui m’impressionne le plus, c’est son caractère et son désir d’exceller dans tous les aspects de son développement. »
Pour McKenna, premier joueur du Yukon à être sélectionné au premier rang du repêchage de la WHL, cette décision revêt une signification supplémentaire. Les joueurs de hockey autochtones ont historiquement fait face à des obstacles structurels pour atteindre les niveaux élites du sport. McKenna, qui a des origines Tlingit, est devenu une inspiration à travers le Nord canadien.
« Chaque fois que je mets les patins sur la glace, je représente plus que moi-même, » a réfléchi McKenna. « Les jeunes du Nord, particulièrement les jeunes autochtones, ne se voient pas toujours dans les sports professionnels. Si mon parcours aide à changer cela, c’est quelque chose de plus grand que le hockey. »
Selon les statistiques de Hockey Canada, seulement 1,2% des joueurs de hockey jeunesse inscrits au Canada proviennent des communautés autochtones, bien que les peuples autochtones représentent près de 5% de la population canadienne. La visibilité de McKenna pourrait aider à réduire cet écart de représentation.
La décision de choisir Penn State reflète également les réalités économiques changeantes dans le développement du hockey. Alors que les joueurs de la WHL reçoivent des forfaits d’éducation pour leurs carrières post-hockey, les athlètes de la NCAA bénéficient maintenant de nouvelles opportunités de nom, image et ressemblance (NIL) qui leur permettent de profiter de commandites tout en maintenant leur admissibilité—un facteur que McKenna a reconnu avoir influencé sa décision.
« Les opportunités NIL n’étaient pas le facteur décisif, mais elles comptaient certainement, » a déclaré McKenna. « Pouvoir aider à soutenir ma famille tout en jouant et en étudiant a rendu la voie universitaire plus attrayante. »
Son parcours de Whitehorse à Penn State représente un calcul de plus en plus complexe auquel font face les jeunes joueurs de hockey d’élite. Le modèle traditionnel de développement du hockey canadien—progresser du hockey mineur aux ligues juniors majeures comme la WHL—rivalise maintenant avec la combinaison du hockey universitaire offrant compétition d’élite, éducation et avantages financiers potentiels.
Les recruteurs restent convaincus que l’avenir de McKenna est radieux, peu importe son parcours de développement. Un recruteur de la LNH, s’exprimant sous condition d’anonymat, m’a confié : « Nous parlons d’un joueur qui analyse le jeu deux étapes en avance de tout le monde. Le niveau de compétitivité, la vision, les mains—il possède des outils qui ne s’enseignent tout simplement pas. »
Pour les amateurs de hockey à Medicine Hat, l’annonce d’aujourd’hui apporte déception. Les Tigers espéraient que McKenna deviendrait la pierre angulaire de leur franchise. Au lieu de cela, le hockey universitaire gagne un autre talent canadien d’élite, poursuivant une tendance qui a vu la NCAA émerger comme un rival légitime de la LCH pour les meilleurs espoirs.
En regardant McKenna diriger avec aisance un avantage numérique lors d’un match de la BCHL l’hiver dernier, le caractère unique de son talent était indéniable. Qu’il se développe dans le hockey universitaire ou éventuellement dans la LNH, son parcours des territoires nordiques du Canada vers les plus grandes scènes du hockey nous rappelle que des talents exceptionnels peuvent émerger d’endroits inattendus.
Pour l’instant, McKenna reste concentré sur son avenir immédiat. « J’essaie simplement de m’améliorer chaque jour, » a-t-il dit avec la maturité posée qui est devenue sa marque de commerce. « Penn State me donne la meilleure chance de grandir en tant que joueur et personne. Le reste suivra naturellement. »