L’explosion des services « Acheter maintenant, payer plus tard » (ANPL) a fondamentalement changé la façon dont les Canadiens magasinent, créant à la fois des opportunités et des pièges pour le consommateur moyen. Ce qui a commencé comme une option de paiement pratique s’est rapidement transformé en une portion importante des portefeuilles de dettes personnelles à travers le pays.
« Nous constatons une croissance de l’utilisation des ANPL d’environ 35% d’une année à l’autre au Canada, » explique Natasha Macmillan, directrice des services bancaires quotidiens chez Ratehub.ca. « Mais ce qui est préoccupant, c’est que près de 40% des utilisateurs jonglent simultanément avec plusieurs prêts ANPL. »
L’attrait est évident. Besoin d’un nouvel ordinateur portable mais à court d’argent? Des entreprises comme Affirm, PayBright et Klarna offrent des plans de versements apparemment sans douleur, souvent sans intérêt si le paiement est effectué dans un délai spécifique. La gratification instantanée combinée à l’impact financier différé crée une déconnexion psychologique qui peut mener aux dépenses excessives.
En tant que personne qui couvre les développements de la technologie financière depuis plus d’une décennie, j’ai observé l’évolution de ce secteur, passant d’une offre de niche à un produit financier grand public. Le paysage actuel présente un tableau complexe pour les consommateurs qui naviguent parmi ces options de paiement de plus en plus populaires.
Selon une récente étude de TransUnion, les Canadiens âgés de 25 à 34 ans portent les soldes ANPL les plus élevés, avec une moyenne de 1 080 $ répartie entre différents services. Plus inquiétant encore, 22% des utilisateurs déclarent avoir manqué au moins un paiement au cours de la dernière année.
« L’ANPL opère dans une zone grise réglementaire, » affirme Dr. Nikola Gradojevic, professeur de finance à l’Université de Guelph. « Contrairement aux cartes de crédit ou aux prêts traditionnels, beaucoup de ces services ne font pas de déclaration aux bureaux de crédit, sauf en cas de défaut, ce qui crée une fausse impression de marge de manœuvre financière. »
Les conséquences d’une mauvaise gestion de ces plans de paiement peuvent être graves. Les frais de retard varient généralement de 7 à 15 $ par paiement manqué, certains services facturant jusqu’à 30% d’intérêts une fois la période promotionnelle terminée. Si vous accumulez trop de retard, la dette peut être envoyée en recouvrement, potentiellement endommageant votre cote de crédit.
Selon une étude récente de Statistique Canada, l’utilisation de l’ANPL augmente pendant les périodes de forte inflation, ce qui suggère que les consommateurs se tournent vers ces services lorsqu’ils ressentent une pression financière. Cette corrélation soulève des questions quant à savoir si l’ANPL offre une véritable flexibilité financière ou ne fait que retarder une tension financière inévitable.
La Banque du Canada a exprimé une préoccupation croissante concernant l’impact de l’ANPL sur les niveaux d’endettement des consommateurs. Dans leur plus récente Revue du système financier, ils ont noté que ces services attirent souvent des Canadiens déjà fortement endettés, ce qui pourrait aggraver leur vulnérabilité financière.
À mesure que nous naviguons vers l’avenir des finances personnelles, l’ANPL deviendra probablement encore plus intégré à notre expérience d’achat. Les principales sociétés de cartes de crédit développent déjà leurs propres versions, brouillant les lignes entre le crédit traditionnel et ces nouvelles options de paiement.
Le véritable test pour les consommateurs sera de maintenir une discipline face à des opportunités de dépenses de plus en plus fluides. La commodité de fractionner les paiements ne devrait pas éclipser la question fondamentale: pouvez-vous réellement vous permettre cet achat, même lorsqu’il est divisé en plus petits montants?
Après tout, un paiement différé ne signifie pas absence de paiement. Comme dit le vieux dicton – rien n’est gratuit dans la vie, même quand c’est servi en quatre versements faciles.