Selon un rapport de la Banque du Canada publié jeudi, les tensions commerciales croissantes au Canada présentent une nouvelle menace pour la stabilité financière, avertissant que les Canadiens pourraient bientôt ressentir une pression économique supplémentaire à mesure que les différends internationaux s’intensifient.
Dans sa dernière évaluation, la banque centrale a souligné que les conflits commerciaux en préparation – particulièrement entre le Canada et ses plus grands partenaires commerciaux – ont déjà commencé à déstabiliser des chaînes d’approvisionnement cruciales et à introduire de la volatilité dans les marchés des matières premières clés. Cette volatilité survient à un moment précaire où de nombreux ménages canadiens sont encore aux prises avec des taux d’intérêt élevés et des préoccupations d’inflation.
« Ce que nous observons, c’est essentiellement une tronçonneuse qui s’attaque à des décennies de relations commerciales soigneusement construites, » explique Mélanie Robitaille, économiste principale à la Chambre de commerce du Canada. « Lorsque les tarifs augmentent et que les chaînes d’approvisionnement se fracturent, ces coûts se répercutent inévitablement sur les prix à la consommation et les décisions d’investissement des entreprises. »
L’examen semestriel du système financier de la Banque du Canada identifie trois principaux canaux par lesquels les tensions commerciales pourraient miner la stabilité financière: les impacts directs sur les industries orientées vers l’exportation, la volatilité plus large du marché alimentant l’incertitude des investisseurs, et les conséquences potentielles sur la qualité du crédit des entreprises alors qu’elles absorbent des coûts opérationnels plus élevés.
Le plus préoccupant est l’avertissement qu’environ 31% du PIB canadien reste directement exposé aux perturbations du commerce international – un chiffre qui augmente considérablement lorsqu’on considère les effets secondaires sur les chaînes d’approvisionnement nationales. Les secteurs minier, automobile et agricole font face à une vulnérabilité particulièrement aiguë, la banque centrale estimant que des restrictions commerciales soutenues pourraient réduire la production économique annuelle de 0,5 à 1,2 point de pourcentage à moyen terme.
Pour mettre les choses en perspective, considérez qu’Algoma Steel, producteur d’acier basé à Hamilton, a récemment annoncé qu’il retarderait l’expansion prévue d’une installation de 700 millions de dollars, citant « une incertitude sans précédent dans les conditions commerciales transfrontalières. » Le PDG de l’entreprise a noté lors d’une conférence téléphonique sur les résultats le mois dernier que « planifier des investissements en capital dans cet environnement donne l’impression de construire sur des sables mouvants. »
Cette hésitation à investir représente exactement ce que la Banque du Canada craint de voir se généraliser. Lorsque les entreprises retardent leurs plans d’expansion, les effets se répercutent sur l’emploi, la croissance des salaires et, finalement, les dépenses de consommation – créant ce que les économistes appellent une boucle de rétroaction négative qui peut amplifier les chocs économiques initiaux.
« Les conflits commerciaux ne font pas mal