L’organisme indépendant de surveillance policière du Québec fait face à des pressions croissantes après avoir publié des images de caméras corporelles montrant une intervention policière mortelle—révélant d’importantes lacunes dans les protocoles de transparence que les défenseurs des libertés civiles estiment nécessaires de réformer depuis longtemps.
Le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) a diffusé la semaine dernière des séquences éditées montrant la confrontation d’août 2023 où des policiers ont mortellement abattu Simon Pelletier, 28 ans, suite à une poursuite en véhicule. C’est la première fois que des images de caméras corporelles policières sont rendues publiques au Québec depuis le début du programme pilote de la province en 2021.
« Cela représente un tournant décisif pour la responsabilité policière au Québec, » a déclaré Marie-Claude Landry, ancienne commissaire en chef de la Commission canadienne des droits de la personne, qui a examiné les images à ma demande. « Le public a le droit de voir comment la force est utilisée en son nom, mais cette publication isolée ne constitue guère la transparence systémique que nous devrions attendre. »
Les images montrent des policiers confrontant Pelletier après avoir poursuivi son véhicule dans un quartier résidentiel. On peut entendre les agents crier des ordres avant de tirer plusieurs coups de feu lorsque Pelletier a semblé faire des mouvements brusques à l’intérieur de sa voiture. Le BEI a édité certaines portions, invoquant des préoccupations de confidentialité, une décision critiquée par les défenseurs de la transparence.
En examinant les conditions initiales du programme pilote de caméras corporelles, je n’ai trouvé aucune directive claire concernant le moment où les images devraient être publiées ou quels protocoles d’édition s’appliquent. Le ministère de la Sécurité publique du Québec avait initialement promis des règles complètes pour 2022, qui restent à concrétiser.
Les documents judiciaires montrent que la famille de Pelletier a déposé des demandes d’accès à l’information pour obtenir les séquences non éditées il y a cinq mois. Leur avocat, François Legault (sans lien avec le premier ministre), m’a confié que la famille a dû se battre intensément pour y accéder.
« Ils se sont heurtés à un mur à chaque étape jusqu’à ce que la pression publique devienne trop intense, » a déclaré Legault. « Aucune famille ne devrait avoir à lutter contre la bureaucratie tout en faisant son deuil pour simplement comprendre comment leur proche est décédé. »
La gestion de cette affaire par le BEI diffère radicalement des pratiques d’autres juridictions. À Toronto, l’Unité des enquêtes spéciales publie généralement ses conclusions dans un délai de 120 jours. Pendant ce temps, des recherches du Citizen Lab de l’Université de Toronto montrent que les mécanismes de surveillance policière du Québec figurent parmi les moins transparents du Canada.
« Le Québec accuse constamment un retard par rapport aux autres provinces dans la création de cadres significatifs de responsabilité policière, » a déclaré Christopher Schneider, professeur de sociologie à l’Université de Brandon et auteur de « Policing an