La saison du magasinage des fêtes a toujours été un baromètre de la santé économique, de la confiance des consommateurs et de l’innovation commerciale. En regardant vers 2025, plusieurs tendances émergentes suggèrent que les consommateurs et détaillants canadiens entrent en territoire inconnu dans notre façon de parcourir, d’acheter et de budgétiser pendant la période festive.
Selon les récentes projections du commerce de détail, les Canadiens feront face à un paysage commercial à la fois familier et radicalement différent. Les magasins physiques ne disparaissent pas – ils se transforment en centres d’expérience. Parallèlement, nos appareils mobiles deviennent de plus en plus essentiels dans notre manière de découvrir et d’acheter des cadeaux.
« Nous assistons à la fin du parcours d’achat traditionnel, » affirme Marta Chen, analyste au Conseil canadien du commerce de détail. « La ligne entre la navigation en ligne et l’achat en magasin s’est complètement estompée. D’ici 2025, nous prévoyons que la plupart des acheteurs canadiens ne feront plus de distinction entre les canaux – ils feront simplement leurs achats. »
Ce changement survient alors que l’inflation continue de remodeler les budgets des ménages. Bien que les données récentes de la Banque du Canada suggèrent que l’inflation pourrait se stabiliser sous les 3 % d’ici fin 2024, les effets cumulatifs des années d’augmentation des prix ont fondamentalement modifié la psychologie des consommateurs. De nombreux acheteurs rapportent développer une « fatigue d’inflation » – une méfiance persistante concernant les dépenses qui survit aux pics réels des prix.
Darius Malhotra, planificateur financier, explique le phénomène : « Même lorsque l’inflation diminue techniquement, les consommateurs se souviennent du choc du beurre à 7 $ ou des steaks à 22 $. Ce souvenir crée des changements durables dans le comportement d’achat auxquels les détaillants doivent s’adapter. »
Le changement le plus évident ? La conscience budgétaire devient le mode par défaut pour les achats des fêtes, toutes tranches de revenus confondues.
Au-delà de la budgétisation, la technologie continue de remodeler le paysage commercial canadien. Les grands détaillants comme Canadian Tire, Loblaws et La Baie investissent massivement dans des expériences dites « phygitales » – des parcours d’achat qui mélangent harmonieusement les magasins physiques et les commodités numériques.
Se promener dans le Centre Eaton en 2025 pourrait signifier scanner des codes QR pour obtenir instantanément des informations sur les produits, essayer virtuellement des vêtements avant de demander des tailles spécifiques en cabine d’essayage, ou voir ses achats automatiquement détectés et facturés à la sortie – sans passer par la caisse.
« La technologie n’est plus futuriste – elle est implémentée et se développe, » note Amara Wilson, consultante en technologie. « Ce qui change, c’est l’adoption par les consommateurs et la confiance des détaillants dans le déploiement plus large de ces systèmes. D’ici la saison des fêtes 2025, ces interactions sembleront standard plutôt que nouvelles. »
L’évolution dans la façon dont les Canadiens découvrent des idées de cadeaux est peut-être le changement le plus significatif. La publicité traditionnelle continue de perdre du terrain face au commerce social et aux recommandations entre pairs. TikTok, Instagram et plusieurs plateformes d’origine canadienne fonctionnent désormais comme les principaux moteurs de découverte d’achats pour les consommateurs de moins de 40 ans.
Jamie Rodriguez, propriétaire d’une boutique locale à Toronto, a été témoin de cette transformation : « Il y a cinq ans, je planifiais des encarts publicitaires dans les journaux et des présentoirs dans les centres commerciaux. Maintenant, je m’associe avec des micro-influenceurs et je bâtis une communauté à travers les réseaux sociaux de notre boutique. C’est là que se produit la découverte. »
Les données confirment l’expérience de Rodriguez. Selon la firme de marketing numérique Abacus, près de 60 % des achats canadiens pour les fêtes impliquent désormais les médias sociaux quelque part dans le processus de découverte ou de décision.
Qu’est-ce que cela signifie pour la famille canadienne moyenne qui se prépare pour les fêtes 2025 ? Les experts suggèrent plusieurs ajustements pratiques :
D’abord, attendez-vous à ce que les détaillants offrent des options de paiement plus flexibles. Les services « Achetez maintenant, payez plus tard » deviennent courants, avec les principales banques canadiennes développant des produits concurrents à Afterpay et Klarna. Ces options aident les familles à gérer leurs flux de trésorerie pendant la coûteuse saison des fêtes, bien que les conseillers financiers mettent en garde contre le surendettement.
Ensuite, les programmes de fidélité deviennent plus précieux mais aussi plus complexes. Les détaillants utilisent l’IA pour offrir des promotions hyperpersonnalisées basées sur l’historique d’achat, rendant la participation au programme potentiellement plus gratifiante mais nécessitant une navigation plus astucieuse.
« L’époque des mêmes offres promotionnelles pour tous est révolue, » affirme Josée Lambert, défenseure des consommateurs. « Votre voisin pourrait recevoir des offres complètement différentes des vôtres en fonction de vos habitudes d’achat respectives. Cette personnalisation peut faire économiser si vous êtes stratégique, mais elle exige aussi plus d’attention. »
Troisièmement, les consommateurs canadiens devraient se préparer à une pression accrue pour magasiner plus tôt. Les perturbations de la chaîne d’approvisionnement ont incité les détaillants à étaler les promotions des fêtes sur des périodes plus longues, le « Vendredi fou » s’étendant sur des semaines plutôt qu’une seule journée.
Pour les familles soucieuses de leur budget, cet étalement présente à la fois une opportunité et un défi. Répartir les achats sur plusieurs mois peut alléger la pression financière, mais cela nécessite aussi des plans de dépenses plus disciplinés pour éviter les dépassements de budget.
Les aînés et les Canadiens ruraux font face à des ajustements particuliers à mesure que ces tendances s’accélèrent. Bien que le magasinage numérique offre de la commodité, il désavantage potentiellement ceux ayant un accès ou un confort technologique limité. Plusieurs détaillants canadiens, dont Shoppers Drug Mart et London Drugs, développent des programmes spécialisés pour combler ce fossé, incluant des services de livraison gratuite et de l’assistance numérique en magasin.
« Nous ne pouvons pas laisser des communautés entières en arrière dans cette évolution du commerce, » souligne Teresa Blackwell, défenseure des droits des consommateurs. « La saison des fêtes crée déjà assez de stress sans ajouter des barrières technologiques. »
Alors que les Canadiens se préparent pour les futures saisons des fêtes, la compétence la plus précieuse sera peut-être l’adaptabilité. Le paysage commercial continue d’évoluer rapidement, avec des pressions économiques et des capacités technologiques qui remodèlent des traditions établies de longue date.
La bonne nouvelle ? Malgré ces changements, l’objectif fondamental du magasinage des fêtes demeure constant : se connecter avec nos proches par des cadeaux réfléchis. La façon dont nous trouvons, achetons et payons ces cadeaux pourrait changer radicalement d’ici 2025, mais la motivation sous-jacente perdure – même si nous naviguons à travers l’inflation, la transformation numérique et l’évolution des attentes des consommateurs.