Dans ce qui devient un schéma préoccupant pour les institutions artistiques du monde entier, Montréal a connu son propre incident de protestation muséale cette semaine lorsqu’une militante écologiste a vandalisé « Femme au béret » de Pablo Picasso au Musée des beaux-arts de Montréal. La manifestante, identifiée comme étant Elise Duval, une Montréalaise de 26 ans, a vaporisé de la peinture sur la vitre protectrice de ce chef-d’œuvre valant plusieurs millions de dollars avant que le personnel de sécurité n’intervienne.
Duval, affiliée au groupe d’action climatique « Urgence Planète », a revendiqué la responsabilité de l’acte lors de son arrestation. « Nous détruisons l’avenir de nos enfants tout en préservant des tableaux derrière du verre », a-t-elle déclaré aux journalistes pendant que la police l’escortait hors du musée. Selon des témoins, la militante a réussi à pulvériser « Crise climatique » en peinture rouge vif sur la barrière protectrice avant d’être détenue par la sécurité du musée.
Le Musée des beaux-arts de Montréal a confirmé qu’aucun dommage permanent n’a été causé à l’œuvre de Picasso elle-même, qui reste en sécurité derrière sa vitre protectrice. La directrice du musée, Marie-Claire Beaumont, a publié une déclaration soulignant l’engagement de l’institution envers la préservation artistique et les enjeux environnementaux.
« Bien que nous comprenions l’urgence de l’action climatique, mettre en danger un patrimoine culturel irremplaçable ne peut pas être la solution », a déclaré Beaumont. « Le musée organise régulièrement des forums environnementaux et consacre des espaces d’exposition à des artistes centrés sur le climat. Il existe des façons constructives d’aborder ces enjeux critiques sans mettre l’art en péril. »
Cet incident fait suite à des protestations similaires dans des galeries majeures, notamment la National Gallery de Londres, le Rijksmuseum d’Amsterdam et, plus récemment, le Louvre à Paris. Les militants écologistes ciblent de plus en plus des œuvres d’art de grande notoriété pour attirer l’attention sur les préoccupations environnementales, bien que la plupart des groupes choisissent soigneusement des cibles protégées par du verre pour éviter des dommages permanents.
La police de Montréal a confirmé que des accusations sont en cours contre Duval, probablement pour méfait et dommages matériels. Des experts juridiques suggèrent qu’elle pourrait faire face à des amendes importantes mais probablement pas à une longue peine de prison, étant donné l’absence de dommages permanents.
Jean-Michel Caron, spécialiste de la sécurité artistique, a noté que les musées du monde entier réévaluent leurs protocoles de sécurité en réponse à ces incidents. « Cela crée un difficile exercice d’équilibre », a expliqué Caron. « Les musées veulent rester des espaces publics accessibles tout en protégeant des œuvres inestimables. Chaque incident comme celui-ci pousse les institutions vers des expériences de visite plus restrictives, ce qui nuit finalement à l’engagement du public avec l’art. »
Le Picasso ciblé, évalué à environ 14 millions de dollars, est actuellement prêté par une collection privée européenne dans le cadre de l’exposition « Visions modernistes » du musée. Les responsables du musée ont confirmé que l’exposition se poursuivra comme prévu après une brève fermeture pour évaluation de la sécurité.
Les groupes environnementaux locaux ont exprimé des réactions mitigées. Gabrielle Tremblay, porte-parole de la Coalition Climat Québec, a distancié son organisation de cette action tout en reconnaissant la motivation. « Nous partageons la frustration concernant les politiques climatiques inadéquates, mais nous nous concentrons sur l’action directe contre les pollueurs, pas contre les institutions culturelles », a déclaré Tremblay.
Pour la communauté culturelle montréalaise, l’incident a déclenché un débat sur les tactiques de protestation et la responsabilité institutionnelle. Le collectif d’artistes Studio Climat a annoncé son intention de réaliser une performance autorisée devant le musée ce week-end, qui abordera les préoccupations environnementales sans menacer les œuvres d’art.
« L’art a toujours été un véhicule pour des messages puissants », a expliqué Thomas Leblanc, membre du collectif. « Nous croyons qu’il existe des moyens d’utiliser les espaces culturels pour l’activisme climatique qui rassemblent plutôt que d’aliéner des alliés potentiels. »
Jeanne Martineau, une visiteuse du musée qui a été témoin de l’incident, a décrit les émotions contradictoires que cela a provoquées. « C’était choquant de voir quelqu’un attaquer une œuvre d’art qui appartient à nous tous, mais je comprends le désespoir. Quand les politiciens ignorent la science climatique année après année, les gens cherchent des moyens de se faire entendre. »
L’incident a relancé les conversations sur la sécurité dans les institutions culturelles montréalaises, les plus petites galeries exprimant leur inquiétude quant à leur vulnérabilité face à des protestations similaires. L’Association des galeries d’art du Québec a convoqué une réunion d’urgence pour discuter d’approches collaboratives en matière de sécurité tout en préservant l’expérience des visiteurs.
Alors que la police de Montréal poursuit son enquête, les responsables du musée ont temporairement augmenté le personnel de sécurité dans tout le bâtiment. L’exposition Picasso devrait se poursuivre jusqu’en mars, et le tableau concerné devrait rester exposé une fois le nettoyage de la vitre protectrice terminé.