En arpentant les couloirs de la Colline du Parlement mardi dernier, l’habituel bourdonnement d’activité politique était ponctué par quelque chose de différent – un sentiment de malaise parmi la communauté diplomatique canadienne. L’Association professionnelle des agents du service extérieur (APASE) a formellement demandé des éclaircissements à Mark Carney, considéré par beaucoup comme le poids lourd économique du Parti libéral, concernant ses récentes propositions de réforme du corps diplomatique canadien.
La vision de Carney, dévoilée lors d’un discours à l’Université de Toronto le mois dernier, appelle à ce qu’il décrit comme une « modernisation complète » de notre appareil de service extérieur. La proposition a suscité à la fois de l’intérêt et de l’appréhension parmi ceux qui représentent le Canada à l’étranger.
« Nous avons vu les grandes lignes mais avons besoin de détails précis », a déclaré Jennifer McIntyre, présidente de l’APASE, lors de notre conversation dans son bureau du centre-ville d’Ottawa. « Nos membres servent les intérêts canadiens dans 178 missions à travers le monde. Toute restructuration nécessite leur contribution et leur expertise. »
Le moment ne pourrait être plus politiquement chargé. Alors que le gouvernement du premier ministre Trudeau fait face à une pression croissante concernant l’accessibilité au logement et l’inflation, les interventions politiques très médiatisées de Carney alimentent les spéculations sur ses ambitions politiques. De nombreux initiés considèrent sa plateforme de politique étrangère comme faisant partie d’un positionnement plus large en vue d’une éventuelle candidature au leadership.
Ce qui rend la communauté diplomatique particulièrement nerveuse, c’est l’accent mis par Carney sur la diplomatie économique au détriment des fonctions diplomatiques traditionnelles. Sa proposition préconise l’intégration de plus de spécialistes du commerce et de liaisons d’affaires au sein des missions à l’étranger, potentiellement détournant des ressources des services consulaires et du rapport politique.
Un fonctionnaire d’Affaires mondiales Canada, s’exprimant sous couvert d’anonymat, m’a confié qu’« il y a une inquiétude quant à la conversion des diplomates en représentants commerciaux glorifiés alors que le monde fait face à des défis de sécurité complexes. » Les récents efforts d’évacuation au Liban soulignent à quel point la capacité consulaire traditionnelle demeure cruciale.
La demande formelle de l’APASE à Carney définit cinq domaines nécessitant des éclaircissements – les modèles de dotation, les mécanismes de financement, les structures hiérarchiques, les voies d’avancement professionnel, et comment les réformes préserveraient l’indépendance diplomatique du Canada par rapport aux intérêts commerciaux.
Les préoccupations du syndicat reflètent une anxiété plus profonde concernant la place du Canada dans un ordre mondial en rapide évolution. Tim Edwards, un ambassadeur à la retraite qui a servi en Asie du Sud-Est, a offert sa perspective autour