J’ai passé la dernière semaine à naviguer dans les couloirs diplomatiques de Bruxelles et de Washington, où j’ai perçu une inquiétude grandissante concernant la préparation du Canada face à l’évolution du paysage mondial. Alors que l’ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mark Carney, se positionne comme potentiel leader du Parti libéral, ses compétences économiques sont bien établies—mais le monde d’aujourd’hui exige plus qu’une simple expertise financière.
« Le prochain dirigeant canadien fera face à l’environnement international le plus complexe depuis la Guerre froide, » m’a confié un conseiller politique de l’OTAN qui a demandé l’anonymat en raison des protocoles diplomatiques. « L’expérience de Carney en politique monétaire ne se traduira pas automatiquement par une capacité à naviguer dans la compétition entre grandes puissances. »
Cette complexité émerge à un moment critique. L’ordre international fondé sur des règles, que le Canada a contribué à établir après la Seconde Guerre mondiale, fait face à des tensions sans précédent. De mes conversations à l’ambassade canadienne à Washington jusqu’au siège de l’OTAN à Bruxelles, une question persiste: l’expertise financière de Carney peut-elle être transférée à l’arène à haut risque de la géopolitique?
Les défis qui attendent tout leader canadien transcendent la pensée économique conventionnelle. Lors de mes entretiens avec des analystes de défense, des diplomates et des experts commerciaux sur trois continents, sept tests critiques de politique étrangère ont émergé, auxquels Carney serait confronté s’il accédait au leadership.
Premièrement, la relation avec la Chine nécessite un recalibrage délicat. La détention de la dirigeante de Huawei, Meng Wanzhou, et la « diplomatie des otages » qui a suivi avec Michael Kovrig et Michael Spavor ont révélé la volonté de Pékin d’exploiter les tensions bilatérales. Un ancien ambassadeur canadien en Chine m’a confié: « L’ère du cloisonnement entre commerce et sécurité avec la Chine est révolue. Carney a besoin d’une stratégie chinoise globale qui n’antagonise pas inutilement sans compromettre les valeurs canadiennes. »
Les données commerciales montrent l’enjeu: les exportations canadiennes vers la Chine ont atteint 28,2 milliards de dollars en 2023, selon Statistique Canada. Pourtant, les préoccupations concernant les infrastructures critiques et la propriété intellectuelle demeurent primordiales.
Le deuxième défi implique de naviguer dans le paysage polarisé américain. Bien que les relations de Carney avec les élites financières américaines offrent des points d’entrée, le retour potentiel de Trump présente des complications. Au Conseil atlantique le mois dernier, un expert américain en politique étrangère m’a averti: « L’approche transactionnelle de Trump envers les alliances forcerait le Canada à démontrer une valeur immédiate—pas simplement à s’appuyer sur des liens historiques. »
Pendant ce temps, les diplomates européens expriment leurs inquiétudes concernant les engagements de défense du Canada. « L’OTAN s’attend à ce que les membres consacrent