Alors que la poussière retombe suite à la victoire électorale de Donald Trump, l’émissaire canadien Mark Carney se prépare à un affrontement économique de haute importance avec la prochaine administration américaine. Des sources proches des négociations indiquent que les pourparlers pourraient commencer dès janvier, bien avant l’investiture officielle de Trump.
« On n’attend pas les aspects protocolaires, » a déclaré un haut fonctionnaire canadien qui a demandé l’anonymat pour discuter de questions diplomatiques sensibles. « La relation économique entre nos pays ne peut pas se permettre une longue période d’incertitude. »
Carney, ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre et de la Banque du Canada, a été choisi par le premier ministre Justin Trudeau en octobre précisément pour ce scénario – tirer parti de sa crédibilité financière mondiale pour négocier avec un président élu orienté vers les affaires qui a menacé à plusieurs reprises d’imposer des tarifs allant jusqu’à 25% sur les produits canadiens.
Les enjeux ne pourraient être plus élevés. Le Canada envoie environ 75% de ses exportations aux États-Unis, ce qui représente approximativement 2 milliards de dollars d’échanges quotidiens. Toute perturbation enverrait des ondes de choc à travers l’économie canadienne, déclenchant potentiellement des pertes d’emplois généralisées et une instabilité des marchés.
Lors d’un forum économique privé à Ottawa la semaine dernière, Carney a présenté ce qu’il appelle une « stratégie d’engagement pragmatique » qui regarde au-delà des différences idéologiques pour se concentrer sur les avantages économiques mutuels. Son approche s’articule autour de trois piliers: la sécurité énergétique, les minéraux critiques pour la fabrication technologique et la production de défense intégrée.
« Mark comprend l’approche transactionnelle de Trump mieux que la plupart des politiciens, » a déclaré Jennifer Levin, directrice de la politique commerciale au Conseil d’affaires canado-américain. « Il parle le langage des marchés, ce qui lui donne de la crédibilité auprès de l’équipe de Trump orientée vers les affaires. »
L’agenda commercial « America First » de Trump représente un écart significatif par rapport à l’orthodoxie républicaine traditionnelle de libre-échange. Ses promesses de campagne comprennent des tarifs généralisés sur les importations étrangères, avec un accent particulier sur les automobiles, les produits énergétiques et les produits agricoles – tous centraux à la relation commerciale canado-américaine.
Les leaders d’entreprises canadiennes sont particulièrement préoccupés par le secteur automobile, où les chaînes d’approvisionnement intégrées signifient que les véhicules traversent souvent la frontière plusieurs fois pendant la production. Le Centre de recherche automobile estime qu’un tarif de 25% pourrait éliminer jusqu’à 160 000 emplois dans les régions canadiennes de fabrication automobile.