La locomotive de l’économie canadienne continue d’avancer à toute vapeur, même lorsque le marché général freine. C’est l’histoire du Canadien National (TSX:CNR) depuis des décennies, et 2024 ne fait pas exception alors que ce géant du transport continue de démontrer pourquoi il mérite sa place comme investissement fondamental dans les portefeuilles canadiens.
Tandis que les actions technologiques font les manchettes avec des promesses éclatantes et que les cryptomonnaies créent des millionnaires du jour au lendemain (ou des faillites), le CN transporte méthodiquement les marchandises physiques qui alimentent notre économie réelle. Le réseau de 20 000 kilomètres de l’entreprise s’étend à travers le Canada et jusque dans le sud des États-Unis, formant ce que les économistes appellent un « monopole naturel » – une infrastructure si vaste et essentielle que les concurrents ne peuvent pas vraiment la défier.
Ce qui rend le CN particulièrement attrayant actuellement est sa position à l’intersection de plusieurs courants économiques. L’économie canadienne, riche en ressources, dépend des réseaux ferroviaires pour déplacer tout, des céréales au bois en passant par les produits manufacturés. Lorsque l’inflation fait grimper les coûts de transport, le pouvoir de fixation des prix du CN lui permet de répercuter ces coûts sur des clients qui ont peu d’alternatives.
« Le CN bénéficie de ce que nous appelons des ‘fossés économiques‘ – des avantages concurrentiels durables qui sont extrêmement difficiles à reproduire, » explique Morley Goldberg, gestionnaire de portefeuille chez Richardson Patrimoine. « Leur réseau d’un océan à l’autre représente des centaines de milliards en infrastructure qui ne peut simplement pas être dupliquée dans l’environnement réglementaire actuel. »
Les chiffres racontent une histoire convaincante. Malgré les vents économiques contraires, le CN a généré 17,1 milliards de dollars de revenus l’an dernier, avec un ratio d’exploitation (une métrique clé d’efficacité dans l’industrie ferroviaire) de 60,3%. Traduction pour les non-experts ferroviaires: pour chaque dollar de revenu, l’entreprise a dépensé un peu plus de 60 cents en opérations, laissant près de 40 cents de profit. C’est une rentabilité enviable dans n’importe quelle industrie.
Il y a aussi l’histoire des dividendes. Le CN a augmenté ses versements pendant 27 années consécutives, avec un taux de croissance moyen des dividendes sur cinq ans dépassant 11%. Le rendement actuel peut sembler modeste à environ 2%, mais cette croissance constante signifie que les investisseurs qui ont acheté des actions il y a cinq ans gagnent maintenant environ 4% sur leur investissement initial uniquement grâce aux dividendes.
Qu’en est-il de l’évaluation? Le CN se négocie à environ 21 fois les bénéfices – ni une aubaine ni exorbitant. Cependant, cette prime reflète la qualité de l’entreprise et sa résilience dans des périodes économiques incertaines.
« Quand vous payez pour le CN, vous payez pour la certitude dans un monde incertain, » affirme Rita Silvan, ancienne rédactrice en chef de Golden Girl Finance. « Peu d’entreprises possèdent le pouvoir de fixation des prix, les métriques d’efficacité et le rôle économique essentiel que le CN maintient. »
Le contexte économique plus large ajoute un intérêt supplémentaire. Avec des baisses de taux de la Banque du Canada potentiellement prévues pour plus tard cette année, les actions versant des dividendes comme le CN deviennent typiquement plus attrayantes à mesure que les alternatives à revenu fixe perdent de leur éclat. De plus, toute dépense d’infrastructure suite à d’éventuels changements gouvernementaux bénéficierait directement aux réseaux ferroviaires qui transportent des matériaux de construction.
Le CN n’est pas sans défis. Les conflits de travail perturbent occasionnellement les opérations, comme on l’a vu lors des récentes négociations contractuelles. Le changement climatique présente à la fois des menaces (conditions météorologiques extrêmes affectant les lignes ferroviaires) et des opportunités (transport accru de composants d’énergie alternative). Et l’exploitation ferroviaire à horaires précis – le système d’efficacité pionnier par feu Hunter Harrison – a déjà capturé plusieurs des améliorations opérationnelles les plus faciles.
Mais ces préoccupations semblent modestes face aux forces fondamentales du CN. L’entreprise continue d’investir dans la technologie pour améliorer l’efficacité, y compris des voitures d’inspection autonomes et des logiciels de logistique avancés. Leur récent programme de dépenses en immobilisations de 5 milliards de dollars axé sur la capacité du réseau, la sécurité et les mises à niveau technologiques démontre l’engagement de la direction à maintenir des avantages concurrentiels.
Pour les investisseurs soucieux de l’environnement, le transport ferroviaire offre des avantages significatifs par rapport au camionnage, produisant environ 75% moins d’émissions de gaz à effet de serre par tonne-kilomètre. À mesure que les réglementations environnementales se resserrent, cet avantage d’efficacité pourrait se traduire par une part de marché accrue et un pouvoir de fixation des prix plus important.
Les années à venir apporteront probablement des opportunités et des obstacles. La relocalisation des chaînes d’approvisionnement pourrait augmenter la fabrication nationale, bénéficiant aux réseaux ferroviaires qui relient les centres de production. À l’inverse, les tensions géopolitiques pourraient perturber les flux commerciaux internationaux que soutient le réseau du CN.
À travers ces vents économiques changeants, les caractéristiques fondamentales du CN demeurent attrayantes: infrastructure essentielle, pouvoir de fixation des prix, excellence opérationnelle et discipline financière. Pour les investisseurs canadiens cherchant à ancrer leurs portefeuilles avec une entreprise qui combine défensivité et potentiel de croissance, peu d’options égalent le profil convaincant du CN.