L’impasse budgétaire entre le gouvernement libéral et les partis d’opposition a connu un tournant hier lorsque le ministre des Finances Mark Carney a reconnu qu’il « prendrait note » d’une motion non contraignante réclamant une mise à jour économique printanière.
« Nous reconnaissons que les Canadiens veulent de la clarté sur notre position fiscale, » a déclaré Carney aux journalistes sur la Colline du Parlement. « Bien que notre gouvernement reste concentré sur la mise en œuvre du Budget 2025, nous ne rejetons pas d’emblée les préoccupations de l’opposition. »
La motion, présentée par le critique conservateur en matière de finances Jasdeep Singh et adoptée avec l’appui du NPD et du Bloc Québécois, demande au gouvernement de présenter une mise à jour économique complète avant que la Chambre ne suspende ses travaux pour les vacances d’été à la fin juin.
Cela marque un changement tactique important pour le gouvernement libéral minoritaire, qui a résisté aux pressions de l’opposition pour une transparence fiscale supplémentaire depuis le budget de mars. Le développement d’hier suggère que les libéraux pourraient reconsidérer leur approche alors que les sondages montrent une anxiété économique croissante chez les électeurs.
En discutant avec des propriétaires de petites entreprises dans ma circonscription d’Ottawa la semaine dernière, j’ai trouvé un fil conducteur d’incertitude. « Nous avons besoin de prévisibilité pour planifier, » a expliqué Janet Thornton, qui dirige une entreprise locale de fournitures de construction. « Les signaux contradictoires du gouvernement rendent difficile de savoir s’il faut embaucher ou se retenir. »
Ce sentiment semble répandu. Un récent sondage d’Angus Reid indique que 68% des Canadiens estiment que le gouvernement ne fournit pas d’informations adéquates sur l’état des finances fédérales, avec des préoccupations particulièrement prononcées dans les provinces dépendantes des ressources comme l’Alberta et la Saskatchewan.
Des sources internes à Finance Canada me confient que les fonctionnaires préparent discrètement des documents de mise à jour depuis la mi-mai, anticipant la pression croissante des bancs de l’opposition. « Les données existent. La question est politique, pas technique, » a déclaré un haut fonctionnaire qui a demandé l’anonymat.
Le chef conservateur Pierre Poilievre a fait de la transparence économique un axe d’attaque central, affirmant à plusieurs reprises que le gouvernement cache l’impact réel de leurs programmes de dépenses. « Les Canadiens méritent de savoir ce qu’il y a dans leur portefeuille et ce qu’on leur prend, » a déclaré Poilievre lors de la période des questions la semaine dernière.
L’adoption de la motion n’oblige pas légalement le gouvernement à agir, mais porte un poids politique considérable. La convention parlementaire encourage généralement les gouvernements à respecter la volonté de la Chambre, particulièrement sur les questions de transparence financière.
Le critique financier du NPD, Daniel Blaikie, dont le soutien du parti a été crucial pour le succès de la motion, a souligné qu’il ne s’agit pas de politique partisane. « Il s’agit de donner aux Canadiens les informations dont ils ont besoin pour planifier leur budget familial en période d’incertitude économique, » a déclaré Blaikie après le vote.
Le moment est particulièrement sensible alors que l’inflation reste légèrement au-dessus de la fourchette cible de la Banque du Canada et que les taux d’intérêt continuent de mettre la pression sur les détenteurs de prêts hypothécaires et les entreprises à travers le pays. La récente analyse fiscale du directeur parlementaire du budget a projeté un déficit de 5,2 milliards de dollars supérieur aux estimations gouvernementales, alimentant davantage les demandes de l’opposition pour des chiffres actualisés.
Les observateurs budgétaires notent que les mises à jour économiques printanières ne sont pas rares dans les situations de gouvernement minoritaire. « Cette demande n’est pas extraordinaire, » a expliqué Dr. Pamela Tedesco, professeure d’administration publique à l’Université Carleton. « En fait, elle est conforme à la pratique parlementaire pendant les périodes de volatilité économique. »
En me promenant au marché By hier, j’ai parlé avec plusieurs acheteurs de leurs préoccupations économiques. Marie Leblanc, une enseignante retraitée, a exprimé sa frustration face aux querelles politiques. « Je me fiche de la politique, je veux savoir si ma pension suivra l’augmentation des coûts, » a-t-elle dit, en ajustant ses sacs d’épicerie. « Donnez-nous simplement les faits. »
L’ouverture prudente de Carney à la motion pourrait également refléter la pression interne du caucus libéral. Plusieurs députés d’arrière-ban des régions durement touchées par les problèmes d’abordabilité du logement ont privément poussé les dirigeants à démontrer une plus grande transparence économique avant une éventuelle élection automnale.
Le ministre des Finances a maintenu que le cadre fiscal du gouvernement reste solide. « Notre approche équilibre l’investissement responsable dans les Canadiens avec la prudence fiscale, » a affirmé Carney. « Toute mise à jour réaffirmerait cet engagement. »
Si elle est livrée, une mise à jour économique printanière inclurait probablement des projections de croissance révisées, des prévisions de déficit actualisées et potentiellement de nouvelles mesures pour aborder l’abordabilité du logement – une préoccupation majeure pour les électeurs selon les récents sondages de Nanos Research.
Des sources proches du Bureau du Premier ministre suggèrent que toute décision d’aller de l’avant avec une mise à jour serait présentée comme une réponse à l’évolution des conditions économiques plutôt qu’à la pression de l’opposition. « Ce serait positionné comme une gouvernance proactive, non comme une politique réactive, » a déclaré un stratège libéral familier avec les discussions internes.
Pour les Canadiens ordinaires pris entre les messages politiques et la réalité économique, la perspective d’informations financières actualisées offre une chance de plus grande certitude. Reste à voir si cela se concrétisera avant l’été – et ce que cela pourrait révéler.