Alors que le premier ministre Mark Carney dévoilait hier son nouveau cabinet, tous les regards se sont tournés vers un visage relativement nouveau qui assume l’un des portefeuilles les plus exigeants du Canada. La députée montréalaise Marjorie Michel a été nommée ministre de la Santé, occupant désormais un rôle d’une importance capitale dans un contexte de tensions persistantes avec les provinces en matière de soins de santé.
Michel, ancienne administratrice hospitalière entrée au Parlement il y a à peine quatorze mois lors d’une élection partielle, fait maintenant face à la tâche colossale de répondre aux défis du système de santé canadien—des retards en chirurgie aux pénuries de soins primaires qui ont laissé des millions de personnes sans médecin de famille.
« Le système de santé appartient à tous les Canadiens », a déclaré Michel aux journalistes sur la Colline du Parlement après la cérémonie d’assermentation. « Ma priorité sera de travailler en collaboration avec les provinces tout en veillant à ce que les principes de la Loi canadienne sur la santé demeurent notre fondement national. »
Sa nomination survient à un moment particulièrement délicat. Les négociations du dernier trimestre sur les transferts en santé ont laissé plusieurs ministres provinciaux de la Santé publiquement frustrés, le ministre de la Santé de l’Ontario ayant qualifié l’approche fédérale de « lamentablement inadéquate » lors de la conférence fédérale-provinciale sur la santé en avril.
Le parcours de Michel suggère que Carney recherche à la fois une expertise technique et une perspective nouvelle. Avant de se lancer en politique, elle a passé onze ans à gérer les opérations de l’Hôpital Sainte-Catherine à Montréal, où elle s’est distinguée en mettant en œuvre des mesures d’économie tout en améliorant les résultats pour les patients—précisément l’équilibre que le gouvernement fédéral cherche maintenant à l’échelle nationale.
L’ancien ministre de la Santé, Jean-Yves Duclos, qui passe au Conseil du Trésor, laisse à Michel plusieurs dossiers complexes, notamment la mise en œuvre continue de la législation sur l’assurance-médicaments nationale, l’expansion des soins dentaires et la question politiquement épineuse de la prestation de soins de santé privés.
Dr Alika Lafontaine, président de l’Association médicale canadienne, a exprimé un optimisme prudent concernant cette nomination. « La ministre Michel apporte une expérience concrète en administration des soins de santé qui pourrait s’avérer précieuse. Cependant, les défis auxquels notre système fait face nécessitent plus qu’une simple bonne gestion—ils exigent une vision transformatrice et une coopération fédérale-provinciale sans précédent. »
Les réactions provinciales à la nomination de Michel ont été mitigées. Le premier ministre du Québec, François Legault, a souligné que la santé demeure fermement une compétence provinciale. « Nous accueillons la ministre Michel et espérons un dialogue productif, mais l’autonomie du Québec dans la prestation des soins de santé reste non négociable », a-t-