La nomination d’un ancien journaliste pour diriger la stratégie d’intelligence artificielle du Canada marque un tournant dans la façon dont Ottawa envisage d’aborder ce paysage technologique en rapide évolution.
Le premier ministre Justin Trudeau a nommé Evan Solomon comme tout premier ministre de l’Intelligence artificielle du Canada mercredi, signalant ainsi la reconnaissance par le gouvernement que l’IA nécessite une supervision fédérale dédiée. Solomon, qui a précédemment animé « Question Period » sur CTV et divers programmes de radio avant de passer au secteur privé en 2022, apporte une expérience médiatique plutôt qu’une formation technique à ce rôle.
« L’IA transforme notre façon de vivre et de travailler à une vitesse sans précédent, » a déclaré Trudeau lors de l’annonce à Rideau Hall. « Avoir un ministre dédié assure que le Canada maintient notre avantage concurrentiel tout en protégeant les intérêts des Canadiens alors que cette technologie remodèle notre économie. »
La création de ce portefeuille survient alors que les gouvernements du monde entier sont aux prises avec la réglementation du développement de l’IA. L’approche du Canada semble axée sur l’équilibre entre l’innovation et les mesures de protection, bien que les détails restent minces sur le cadre réglementaire que Solomon défendra.
Peter Loewen, directeur de la Munk School of Global Affairs and Public Policy, considère cette nomination comme stratégique sur le plan politique, mais potentiellement substantielle. « Solomon comprend comment communiquer des questions complexes au public, ce qui sera crucial à mesure que l’IA s’intègre davantage dans la vie quotidienne, » m’a-t-il dit lorsque je l’ai joint par téléphone. « La question est de savoir s’il peut traduire cette compétence en développement de politiques efficaces. »
Les acteurs de l’industrie ont exprimé un optimisme prudent. Le Conseil des innovateurs canadiens a accueilli favorablement cette attention dédiée, mais a exhorté à des actions concrètes. « Nous demandons de la clarté sur la gouvernance de l’IA depuis des années, » a déclaré Ben Bergen, président du conseil. « Maintenant, nous devons voir si ce nouveau ministère a une autorité réelle ou s’il s’agit d’une vitrine avant une élection. »
La nomination de Solomon soulève des questions intéressantes sur les qualifications requises pour superviser les technologies émergentes. Bien qu’il manque de références techniques en intelligence artificielle, son expérience en matière de reportage sur les politiques pourrait s’avérer précieuse pour naviguer dans le paysage complexe des parties prenantes.
Durant sa carrière médiatique, Solomon s’est forgé une réputation pour ses questions pointues aux politiciens. Maintenant, il fait lui-même face à des questions sur la façon dont le Canada se positionnera à la fois comme innovateur en IA et régulateur responsable.
Le nouveau ministre hérite de plusieurs initiatives déjà en cours. La Loi sur l’intelligence artificielle et les données, introduite dans le cadre du projet de loi C-27, représente la première tentative globale du Canada pour réglementer les systèmes d’IA à fort impact. Les données de Statistique Canada montrent que le secteur de l’IA a contribué à hauteur d’environ 17