La lumière du matin se déverse à travers les fenêtres du Centre de santé sexuelle d’Halifax alors que Kelsey Chapman glisse la fine bandelette de test dans son emballage protecteur. C’est le quatrième test VIH « à domicile » qu’elle aide à distribuer aujourd’hui—un petit moment dans ce que les défenseurs de la santé appellent une révolution tranquille dans l’accessibilité à la santé sexuelle partout en Nouvelle-Écosse.
« Les gens ont besoin d’options qui fonctionnent avec leur vie, » me dit Chapman, ajustant ses lunettes tout en préparant un autre kit. En tant que coordonnatrice en santé sexuelle qui a travaillé pendant cinq ans avec des populations vulnérables, elle a été témoin de première main comment les obstacles au dépistage peuvent empêcher les gens de connaître leur statut. « Pour certaines personnes, surtout dans les communautés rurales, se présenter dans une clinique n’est pas simple. Il y a la question de qui pourrait les voir, quelles suppositions pourraient être faites. »
Le mois dernier, la Nouvelle-Écosse a étendu son programme de dépistage du VIH à domicile à toutes les zones de santé de la province, suite à un projet pilote réussi qui a débuté en 2022. L’initiative permet aux résidents de commander gratuitement des trousses d’auto-dépistage du VIH en ligne ou de les récupérer auprès d’organismes communautaires désignés, avec des résultats disponibles en quelques minutes dans l’intimité de leur foyer.
Le programme représente un changement significatif dans la stratégie de santé publique—un changement qui reconnaît comment la stigmatisation, la géographie et l’accès aux soins de santé s’entrecroisent de manière profondément personnelle.
« Quand nous avons lancé le projet pilote, nous n’étions pas sûrs de la façon dont les gens allaient réagir, » explique la Dre Lisa Barrett, spécialiste des maladies infectieuses à Santé Nouvelle-Écosse. « Ce que nous avons découvert, c’est une demande extraordinaire, surtout de la part des communautés que nous avons historiquement eu du mal à atteindre avec les tests conventionnels. »
Cette demande en dit long dans une province où environ 20 pour cent des personnes vivant avec le VIH restent non diagnostiquées, selon les données de l’Agence de la santé publique du Canada. Les directives nationales de dépistage du VIH recommandent maintenant un dépistage universel pour toute personne âgée de 15 à 70 ans au moins une fois, mais la mise en œuvre a été inégale à travers les provinces.
Pour Jesse Haverkamp, 27 ans, qui vit dans une petite communauté près de Yarmouth, l’option à domicile a éliminé un trajet de deux heures aller-retour jusqu’à la clinique de santé sexuelle la plus proche. « Je l’ai reporté pendant des années, honnêtement, » admet-il lors de notre conversation téléphonique. « Ce n’est pas seulement la conduite—ici, tout le monde connaît les affaires de tout le monde. Le jour où j’ai fait le test à la maison était la première fois où je me sentais complètement à l’aise avec le processus. »
Les trousses elles