Dans un virage électoral que peu avaient anticipé, le NPD mène une offensive énergique pour retrouver son statut de parti officiel suite aux pertes importantes subies lors des élections fédérales de l’automne dernier. Pour un parti qui détenait autrefois avec assurance la balance du pouvoir au Parlement, l’enjeu ne pourrait être plus crucial.
« Nous nous battons pour la voix des travailleurs canadiens, » m’a confié le député de longue date de Vancouver, Don Davies, lors d’une conversation d’une rare franchise dans son bureau de circonscription. « Sans statut de parti officiel, ces voix sont étouffées par les réalités procédurales du Parlement. »
Les chiffres racontent une histoire saisissante. Avec seulement neuf députés – bien en dessous du seuil de 12 sièges requis pour le statut officiel – le NPD se retrouve en terrain inconnu. Il ne s’agit pas simplement d’une question de procédure parlementaire; cela entraîne des conséquences concrètes sur les opportunités de période de questions, les affectations aux comités et le financement crucial pour la recherche qui permet aux partis d’opposition de tenir le gouvernement responsable.
La situation actuelle marque un renversement dramatique par rapport à l’accord de confiance qui avait donné au NPD une influence sans précédent durant le Parlement précédent. Cet accord, qui voyait les néo-démocrates soutenir le gouvernement minoritaire libéral en échange de concessions politiques, a permis d’obtenir des programmes partiels de soins dentaires et d’assurance-médicaments, mais aurait pu nuire à l’identité distincte du parti auprès des électeurs.
Un récent sondage Angus Reid montre que l’appui au NPD stagne autour de 15 pour cent à l’échelle nationale – stable mais insuffisant pour se traduire en gains de sièges nécessaires. Plus préoccupant pour les stratèges du parti, près de 39 pour cent des Canadiens affirment « ne pas connaître suffisamment » les positions politiques de la nouvelle cheffe Heather McPherson.
McPherson, qui a remplacé Jagmeet Singh après sa démission, a sillonné les provinces atlantiques et le Québec ces dernières semaines, des régions où le parti a été presque anéanti. Son accent sur l’abordabilité du logement et l’accessibilité aux soins de santé vise à renouer avec les électeurs traditionnels du NPD qui sont restés chez eux lors de la dernière élection.
« Les règles concernant le statut de parti officiel ont été conçues à une autre époque, » explique Emmett Macfarlane, politologue à l’Université de Waterloo. « Elles créent un cycle qui se renforce – les partis sans statut peinent à gagner en visibilité, ce qui rend la reconstruction plus difficile. »
Le règlement du Parlement offre peu de voies de changement. Le seuil de 12 députés est resté constant malgré la croissance démographique du Canada et l’évolution de notre système multipartite. Plusieurs démocraties plus petites utilisent la représentation proportionnelle ou des seuils de sièges plus bas pour accommoder diverses voix politiques.
Le changement de fortune du NPD a des implications au-delà de la politique partisane.