Le Parti Québécois a réaffirmé hier son soutien à son candidat dans Mont-Royal–Outremont, balayant les critiques concernant le passé militant d’Olivier Bold qui ont récemment fait surface dans les médias.
Bold, un organisateur communautaire de 32 ans qui se présente à la prochaine élection partielle, avait été arrêté lors d’une manifestation étudiante en 2012 pendant le « Printemps érable », mouvement contre la hausse des frais de scolarité. Aucune accusation n’a été portée, mais ses opposants se sont emparés de sa participation comme preuve de « tendances radicales ».
« Soyons clairs sur ce qui se passe ici, » a déclaré le chef du PQ Paul St-Pierre Plamondon aux journalistes lors d’un arrêt de campagne à Montréal. « Des jeunes qui se sont battus pour l’accessibilité à l’éducation il y a une dizaine d’années sont maintenant dépeints comme des radicaux dangereux. Est-ce vraiment là où nous voulons que notre discours politique se dirige? »
La controverse a émergé après la circulation de photos montrant Bold à plusieurs manifestations, dont une où la police a utilisé du gaz poivré pour disperser la foule. Les rivaux de campagne ont rapidement remis en question son aptitude à exercer ses fonctions, Marie-Ève Rancourt, porte-parole de la Coalition Avenir Québec, suggérant qu’il représentait « des éléments extrêmes » au sein du mouvement souverainiste.
Selon les données d’Élections Québec, Mont-Royal–Outremont est un château fort libéral depuis près de deux décennies, ce qui rend la bataille difficile pour le PQ. Le siège est devenu vacant lorsque l’ancien député libéral Pierre Arcand a annoncé sa retraite le mois dernier après avoir servi la circonscription depuis 2007.
La politologue Geneviève Tellier de l’Université d’Ottawa considère l’attaque contre le passé de Bold comme une stratégie électorale prévisible.
« Quand on fait face à un candidat dans une élection partielle où la participation sera probablement faible, on essaie de mobiliser sa base en dépeignant les adversaires comme dangereux ou indignes de confiance, » a expliqué Tellier lors d’une entrevue téléphonique. « Mais il y a un risque à attaquer quelqu’un pour son militantisme étudiant, car de nombreux électeurs québécois gardent des souvenirs sympathiques de 2012. »
Bold lui-même semble imperturbable face à la controverse. Lors d’une petite réunion au Café Social sur le chemin de la Côte-des-Neiges, il a abordé directement la question avec une vingtaine de partisans.
« J’avais 22 ans et je me battais pour quelque chose en quoi je croyais – l’accès à l’éducation pour tous, indépendamment du revenu familial, » a expliqué Bold. « Je n’ai pas honte d’avoir été aux côtés de milliers d’autres étudiants. C’est ce même engagement pour l’équité et les opportunités qui me pousse à me présenter aujourd’hui. »
Les récents sondages suggèrent que l’élection partielle reste compétitive malgré l’historique libéral de la circonscription. Un sondage Léger réalisé la semaine dernière montrait la candidate libérale Sandra Pouliot en tête avec 38 % des intentions de vote, suivie par Jean-François Lefort de la CAQ à 27 %, Bold affichant une force surprenante à 22 %.
La volonté du PQ d’assumer plutôt que de se distancer du passé militant de Bold marque un changement stratégique, selon Philippe Dubois, expert en communications politiques à l’Université Laval.
« Le PQ parie que les électeurs plus jeunes en particulier respecteront l’authenticité et l’engagement envers des principes, » a noté Dubois. « Dans la politique québécoise, il existe une longue tradition d’activistes étudiants qui finissent par entrer en politique. René Lévesque lui-même n’a jamais caché ses propres racines militantes. »
La controverse a suscité des conversations plus larges sur la participation politique. Dominique Anglade, ancienne cheffe libérale, s’est exprimée sur les médias sociaux sans aborder directement la situation de Bold: « Nous devrions encourager les jeunes Québécois à être des citoyens engagés, pas les punir pour cela plus tard. »
La ministre de l’Enseignement supérieur de la CAQ, Pascale Déry, a adopté un point de vue différent, déclarant aux journalistes que si l’activisme étudiant en soi n’est pas problématique, « les méthodes utilisées par certains manifestants en 2012 ont franchi des lignes qui devraient préoccuper les électeurs. »
Pendant ce temps, la campagne de Bold continue de se concentrer sur les enjeux locaux comme l’abordabilité du logement et l’accès aux soins de santé. Lors d’une conversation sur le pas de la porte avenue Wilderton hier, il a parlé avec la résidente Monique Tremblay de ses difficultés à trouver un médecin de famille.
« Le système est brisé, » lui a dit Tremblay. « Je suis sur des listes d’attente depuis trois ans. »
« C’est exactement pourquoi nous avons besoin de changement, » a répondu Bold. « Le statu quo ne fonctionne pas pour les gens ordinaires. »
À l’approche du jour du vote le mois prochain, l’équipe de Bold compte sur les électeurs plus jeunes et ceux mécontents du gouvernement actuel pour surmonter les tendances libérales traditionnelles de la circonscription. Stéphanie Rodriguez, bénévole de campagne de 28 ans, croit que la controverse pourrait en fait aider leur cause.
« Les gens sont fatigués de la politique qui attaque le caractère de quelqu’un au lieu d’aborder les problèmes, » a déclaré Rodriguez en distribuant des dépliants devant la station de métro Mont-Royal. « Quand ils apprennent qu’Olivier défendait l’éducation abordable, beaucoup d’électeurs voient cela comme un point positif. »
La direction du PQ semble partager ce point de vue. St-Pierre Plamondon a conclu la conférence de presse d’hier avec un message pointu: « Le Québec a besoin de représentants qui se sont battus pour quelque chose de significatif avant d’entrer en politique, pas seulement des politiciens de carrière qui n’ont jamais pris position. »
La question de savoir si les électeurs de Mont-Royal–Outremont sont d’accord deviendra claire lorsqu’ils se rendront aux urnes le 12 novembre.