Alors que la Première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, milite pour une autonomie provinciale élargie dans ce qu’elle appelle un rééquilibrage nécessaire des pouvoirs fédéraux, les chefs autochtones sonnent l’alarme concernant les conséquences constitutionnelles potentielles qui pourraient compromettre les droits issus des traités.
L’approche « L’Alberta d’abord » de la Première ministre continue de susciter des interrogations après son dernier discours où elle a promis de créer ce que les critiques décrivent comme des systèmes provinciaux parallèles pour l’immigration, la gestion des pensions et le maintien de l’ordre. Lorsqu’on l’a questionnée sur les sous-entendus séparatistes dans sa rhétorique, Smith a fermement rejeté cette caractérisation.
« Il s’agit d’équité au sein de la confédération, pas de la quitter, » a déclaré Smith aux journalistes à Edmonton hier. « Les Albertains demandent simplement les mêmes pouvoirs provinciaux dont le Québec jouit depuis longtemps. »
Mais la Chef régionale de l’Assemblée des Premières Nations de l’Alberta, Cora Voyageur, n’est pas convaincue. « Les traités ont été signés avec la Couronne, pas avec les provinces, » a-t-elle expliqué lors de notre conversation dans son bureau de Calgary. « La Première ministre Smith ne peut pas redéfinir unilatéralement des relations établies par des accords de nation à nation qui précèdent l’existence même de l’Alberta. »
Les amendements proposés à la Loi sur la souveraineté de l’Alberta permettraient aux responsables provinciaux de refuser l’application des lois fédérales jugées préjudiciables aux intérêts de l’Alberta – une mesure que les experts constitutionnels qualifient de juridiquement problématique.
Patricia Henderson, professeure de droit à l’Université de Calgary, m’a confié que de tels changements « créent une incertitude constitutionnelle qui pourrait prendre des années à résoudre devant les tribunaux tout en laissant les communautés vulnérables dans l’incertitude. »
Ce conflit constitutionnel survient alors que les revenus tirés des ressources en Alberta ont atteint 28,1 milliards de dollars l’an dernier, selon les documents financiers provinciaux, alimentant l’argument de Smith selon lequel l’Alberta contribue de façon disproportionnée aux coffres fédéraux tout en recevant des retours inadéquats.
Les Chefs des Traités de l’Alberta ont publié hier une déclaration commune avertissant que les provinces ne peuvent pas interpréter sélectivement la constitution: « Nos traités sont avec le Canada. Toute tentative provinciale de réinterpréter ces obligations menace le fondement même de la formation de ce pays. »
Pendant ce temps, le ministre fédéral des Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc, a qualifié l’approche de Smith de « inutilement conflictuelle » lors de la période des questions de mardi à Ottawa.
À Fort McMurray, que j’ai visité la semaine dernière, les opinions parmi les