Le secteur du forage au Canada semble prêt pour un modeste rebond l’an prochain, bien que la trajectoire reste loin des années florissantes des cycles passés. Après avoir traversé des défis persistants tout au long de 2024, l’industrie envisage prudemment des perspectives de croissance pour 2025.
L’Association canadienne des entrepreneurs en énergie (ACEE) a récemment publié des projections suggérant que le pays verra 5 650 puits forés en 2025, représentant une augmentation de 5 % par rapport au total attendu cette année de 5 365. Bien que tout mouvement à la hausse offre une nouvelle bienvenue pour le secteur, ces prévisions soulignent le rythme mesuré de la reprise dans le secteur pétrolier canadien.
« Nous voyons des signes de stabilisation, mais ce n’est pas l’expansion rapide que certains auraient pu espérer », déclare Mark Scholz, président de l’ACEE. « Les opérateurs restent disciplinés avec leurs dépenses en capital, privilégiant les rendements pour les actionnaires plutôt qu’une croissance agressive. »
Ces perspectives prudentes surviennent malgré des prix du pétrole relativement favorables, qui ont généralement oscillé entre 70 et 80 dollars le baril pendant une grande partie de 2024. Les prix du gaz naturel, cependant, continuent de lutter contre des problèmes de suroffre, créant un tableau mitigé pour les producteurs axés sur différents types de ressources.
Le paysage du forage dans l’Ouest canadien reflète des tendances plus larges qui remodèlent l’industrie. Les entreprises mettent désormais l’accent sur l’efficacité opérationnelle et le développement ciblé plutôt que sur les vastes campagnes d’exploration qui caractérisaient les décennies précédentes. Ce changement signifie faire plus avec moins – maximiser la production à partir de puits moins nombreux mais plus sophistiqués.
Les perspectives d’emploi restent une préoccupation particulière dans l’ensemble du secteur. L’ACEE estime que les emplois directs et indirects soutenus par l’activité de forage atteindront environ 33 800 en 2025, en légère hausse par rapport aux 32 190 de 2024. Bien que cela représente une amélioration progressive, ce chiffre est considérablement inférieur aux plus de 100 000 emplois que l’industrie soutenait pendant les années de pointe.
« La transition des compétences qui se produit dans le secteur énergétique crée à la fois des défis et des opportunités », explique Emma Carson, économiste de l’énergie à l’Université de Calgary. « De nombreux travailleurs sont partis vers des industries plus stables, créant des contraintes potentielles de main-d’œuvre si l’activité s’accélère plus rapidement que prévu. »
Les différences régionales restent prononcées dans les zones productrices de l’Ouest canadien. L’Alberta continue de revendiquer la part du lion de l’activité de forage avec environ 3 700 puits prévus l’année prochaine, tandis que la Saskatchewan en vise environ 1 650. La Colombie-Britannique, principalement axée sur le gaz naturel, prévoit environ 300 puits.
Ces prévisions de croissance modeste arrivent dans un contexte de dynamiques de marché en évolution. Les producteurs canadiens ont travaillé avec diligence pour améliorer leur position concurrentielle en réduisant les coûts et en adoptant des innovations technologiques. Les avancées dans le forage horizontal et les complétions multi-étages permettent aux entreprises d’extraire plus de ressources de chaque puits, faisant effectivement plus avec moins.
La capacité des pipelines – longtemps une contrainte pour les producteurs canadiens – s’est améliorée avec l’achèvement du TMX (expansion de Trans Mountain), bien que des écarts entre les prix de référence canadiens et mondiaux persistent. Ce progrès en matière d’infrastructure apporte une certaine confiance aux producteurs envisageant des plans d’expansion.
Les considérations environnementales continuent de remodeler les pratiques de l’industrie. Les producteurs font face à un examen accru concernant les profils d’émissions, l’utilisation de l’eau et la perturbation des terres. De nombreuses grandes entreprises se sont engagées à atteindre des objectifs ambitieux de réduction des émissions, nécessitant de nouvelles approches des opérations traditionnelles.
« L’industrie continue de s’adapter aux cadres réglementaires en évolution et aux attentes des investisseurs concernant la performance environnementale », note Patricia Thomson, directrice au Réseau des futurs énergétiques. « Les entreprises qui démontrent des stratégies crédibles de décarbonisation bénéficient généralement d’un meilleur accès au capital. »
Les partenariats autochtones représentent une autre dimension évolutive du paysage énergétique canadien. Plusieurs Premières Nations ont poursuivi des participations dans des projets énergétiques, créant des modèles de développement plus inclusifs. Ces partenariats offrent souvent des opportunités économiques significatives pour les communautés tout en établissant de nouveaux cadres collaboratifs.
La transformation technologique des opérations de forage se poursuit sans relâche. L’automatisation, la numérisation et les capacités de surveillance à distance ont considérablement changé les opérations de forage. Les appareils de forage modernes intègrent des systèmes de contrôle sophistiqués qui améliorent la sécurité tout en réduisant les impacts environnementaux – bien que ces avancées signifient souvent moins de travailleurs requis par site.
Pour l’avenir, les observateurs de l’industrie identifient plusieurs facteurs qui pourraient modifier la trajectoire de l’année prochaine. Toute baisse soutenue des prix du pétrole en dessous de 65 dollars le baril déclencherait probablement des réductions d’activité, tandis qu’une reprise significative des prix du gaz naturel pourrait stimuler des forages supplémentaires dans les régions axées sur le gaz. Les changements réglementaires, particulièrement concernant les mécanismes de tarification du carbone, restent également influents.
Les dynamiques internationales affectent également les perspectives de forage canadiennes. La concurrence des producteurs américains dans le prolifique bassin Permien continue de façonner les décisions d’investissement, tandis que les dynamiques d’approvisionnement mondiales, y compris les politiques de production de l’OPEP+, influencent les perspectives de prix des matières premières.
Alors que 2025 approche, le secteur du forage canadien semble prêt pour une progression prudente plutôt qu’une croissance transformatrice. L’augmentation de 5 % de l’activité reflète une industrie qui s’adapte aux nouvelles réalités économiques et environnementales tout en maintenant son rôle dans le paysage énergétique canadien.