Cette semaine, j’ai assisté au procès pour agression sexuelle impliquant les Knights de London où des détails troublants ont émergé lors du témoignage de l’ancien coéquipier Alex Formenton. Cette affaire a ravivé des questions sur la supervision dans le sport d’élite et la responsabilité des jeunes athlètes.
Selon les documents judiciaires, un ancien coéquipier a témoigné que Formenton l’avait approché lors d’une sortie en juin 2018, lui demandant conseil alors qu’il se dirigeait vers les toilettes avec la plaignante. Le témoin, dont l’identité reste protégée par ordonnance du tribunal, a déclaré à la Cour supérieure de London, en Ontario, que Formenton semblait chercher une validation avant l’incident présumé.
« Il m’a demandé ce que je pensais qu’il devrait faire, » a déclaré le témoin, décrivant comment Formenton et la plaignante avaient dansé dans un bar du centre-ville plus tôt dans la soirée. Ce témoignage fournit un contexte crucial pour la chronologie établie par les procureurs concernant les événements de cette nuit-là.
La plaignante, maintenant âgée de 26 ans, allègue avoir été agressée sexuellement par plusieurs joueurs de l’équipe junior de hockey du Canada après un gala de Hockey Canada. Cinq anciens joueurs font face à des accusations: Formenton, Carter Hart, Dillon Dubé, Cal Foote et Michael McLeod. Chacun a plaidé non coupable.
Les avocats de la défense ont remis en question la crédibilité du témoin lors du contre-interrogatoire, soulignant des incohérences entre ses déclarations à la police et son témoignage au tribunal. L’avocate Megan Savard a demandé pourquoi certains détails apparaissaient pour la première fois au tribunal plutôt que dans ses entretiens antérieurs avec la police.
« Je suggère que vous n’avez jamais parlé à la police de cette conversation dans les toilettes, » a déclaré Savard, ce à quoi le témoin a maintenu qu’il croyait l’avoir déjà mentionné.
Les procès pour agression sexuelle reposent souvent sur de tels détails testimoniaux. La professeure Emma Cunliffe de la faculté de droit de l’Université de Colombie-Britannique a expliqué: « Les témoins se souviennent naturellement d’éléments différents au fil du temps, ce qui ne mine pas nécessairement leur crédibilité mais crée des défis pour établir un compte rendu factuel clair. »
L’affaire a suscité un examen minutieux des communautés sportives et juridiques. Le Centre canadien pour l’éthique dans le sport a documenté un inquiétant schéma de prévention inadéquate des inconduites sexuelles dans les programmes athlétiques d’élite. Leur rapport de 2022 a identifié d’importantes lacunes dans la supervision, particulièrement concernant les jeunes athlètes en transition vers des carrières professionnelles.
Hockey Canada a fait l’objet d’une restructuration organisationnelle suite à l’indignation publique lorsqu’on a appris que l’organisation avait réglé une poursuite liée à ces allégations. Le règlement, d’une valeur estimée à 3,55 millions de dollars, a été payé à partir d’un fonds partiellement constitué des frais d’inscription des joueurs à travers le pays.
« Cette affaire représente un moment critique pour la responsabilisation dans le sport canadien, » a déclaré Michelle Simpson, directrice d’AthletesCAN, une organisation représentant les athlètes des équipes nationales. « Le résultat influencera probablement la façon dont les organismes sportifs mettent en œuvre des politiques de protection à l’avenir. »
Les documents judiciaires révèlent des messages texte échangés entre plusieurs accusés la nuit en question. Ces enregistrements numériques font partie des preuves de l’accusation pour établir une chronologie et démontrer la coordination entre les accusés.
En observant les procédures depuis la galerie du tribunal cette semaine, le contraste saisissant entre l’attitude stoïque des accusés et le témoignage émotionnel des témoins a souligné la gravité de ces procédures. La petite salle d’audience est restée remplie de journalistes, de membres des familles et d’observateurs juridiques, reflétant l’intérêt public significatif pour cette affaire.
Le procès se poursuit avec d’autres témoignages attendus d’enquêteurs des forces de l’ordre et d’experts en médecine légale. La juge Patricia Hennessy a indiqué que les procédures pourraient s’étendre sur plusieurs semaines encore.
Pour la plaignante, dont l’identité est protégée par une interdiction de publication comme c’est la norme dans les cas d’agression sexuelle, ce procès représente l’aboutissement d’un parcours de cinq ans à travers une enquête complexe. Les documents judiciaires indiquent qu’elle a signalé l’agression présumée pour la première fois en 2018, mais les accusations n’ont été portées qu’en janvier 2023 à la suite d’une enquête policière rouverte.
L’affaire soulève des questions plus larges sur les dynamiques de pouvoir dans le sport professionnel et les responsabilités des organisations qui développent de jeunes athlètes. Les experts juridiques suggèrent que le résultat pourrait influencer non seulement le hockey, mais aussi la gouvernance des sports amateurs et professionnels à travers le Canada.