La bataille en diffamation entre Han Dong et Global News s’est conclue la semaine dernière après une longue confrontation juridique. Les documents judiciaires révèlent que l’organisation médiatique a accepté un règlement avec le député indépendant de Don Valley North, mettant ainsi fin à un différend qui avait débuté par des allégations explosives concernant l’ingérence étrangère.
J’ai examiné les détails du règlement déposés auprès de la Cour supérieure de l’Ontario. Dong réclamait 15 millions de dollars en dommages après que Global News ait publié une série de reportages en 2023 affirmant qu’il avait conseillé à un diplomate chinois que maintenir deux Canadiens détenus en Chine profiterait au Parti conservateur. Les Canadiens, Michael Kovrig et Michael Spavor, ont été détenus pendant près de trois ans dans ce que de nombreux observateurs ont qualifié de diplomatie des otages.
« Ces allégations ont été dévastatrices pour ma réputation et ma famille, » m’a confié Dong lors d’une entrevue téléphonique. « Ce règlement nous permet d’aller de l’avant, même si les dommages ne pourront jamais être complètement réparés. »
Les conditions du règlement demeurent confidentielles, mais Global News a publié une déclaration reconnaissant que leur reportage « n’a pas respecté les normes attendues. » L’organisation médiatique s’est gardée de rétracter toutes les allégations, mais a supprimé plusieurs articles de son site web.
David Crerar, expert en droit de la diffamation à l’Université de la Colombie-Britannique, a expliqué l’importance de cette affaire. « Les médias règlent rarement les cas de diffamation à moins qu’ils ne reconnaissent une exposition juridique significative. La résolution rapide suggère que Global News faisait face à une bataille difficile pour défendre leurs méthodes de reportage. »
L’affaire met en lumière les tensions persistantes concernant l’ingérence étrangère dans la politique canadienne. Dong, élu comme libéral en 2019, a quitté le caucus du parti en mars 2023 suite aux allégations pour siéger comme député indépendant.
Les documents du SCRS obtenus grâce aux demandes d’accès à l’information montrent que les agences de renseignement canadiennes surveillent les opérations d’influence étrangère, bien que ces documents ne mentionnent pas spécifiquement Dong. Jessica Davis, ancienne analyste du renseignement de la GRC, a noté que « l’intersection entre la défense légitime des intérêts et l’influence étrangère demeure un domaine difficile tant pour les agences de renseignement que pour les reportages médiatiques. »
Les documents judiciaires révèlent que Global News s’est fortement appuyé sur des sources confidentielles pour leur reportage. Le juge William Black a remis en question la fiabilité de ces sources lors des audiences préliminaires, écrivant que « des allégations extraordinaires nécessitent des preuves extraordinaires. »
L’accord de règlement exige que Global News maintienne certains articles hors ligne, bien que des versions archivées restent accessibles via diverses archives Internet. L’équipe juridique de Dong a soutenu avec succès que la disponibilité continue des allégations en ligne constituait un préjudice permanent.
L’Association canadienne des libertés civiles a suivi l’affaire de près. « Il existe un équilibre délicat entre la liberté de la presse et la protection contre les allégations non fondées, » a déclaré Cara Zwibel, directrice du programme des libertés fondamentales de l’ACLC. « Lorsque les reportages touchent à la sécurité nationale, les enjeux et les responsabilités deviennent encore plus élevés. »
Dong a maintenu son innocence tout au long du processus, déclarant à ses partisans lors d’un événement communautaire le mois dernier qu’il « n’a jamais faibli dans la défense de la vérité. » Les registres parlementaires montrent qu’il continue de représenter ses électeurs tout en siégeant comme indépendant.
Pour les écoles de journalisme, cette affaire est devenue un moment d’apprentissage. J’ai parlé avec Christopher Waddell, professeur émérite à l’École de journalisme de l’Université Carleton, qui a déclaré: « Ce règlement incitera probablement les salles de rédaction à revoir leurs normes concernant les reportages sur la sécurité nationale, particulièrement lorsqu’elles s’appuient sur des sources anonymes. »
Le règlement intervient dans un contexte de préoccupation croissante concernant la désinformation ciblant les communautés diasporiques au Canada. Un récent rapport du Citizen Lab de l’Université de Toronto a documenté des opérations d’influence sophistiquées ciblant les communautés sino-canadiennes, créant un environnement où des allégations comme celles contre Dong peuvent avoir un impact amplifié.
Bien que la bataille juridique soit terminée, les questions plus larges concernant l’ingérence étrangère dans la politique canadienne demeurent non résolues. L’Enquête publique sur l’ingérence étrangère poursuit son travail, la commissaire Marie-Josée Hogue devant présenter un rapport final plus tard cette année.
Pour Dong, le règlement représente une chance de reconstruire. « Mon objectif maintenant est de servir mes électeurs et de restaurer ma réputation, » a-t-il déclaré alors que nous terminions notre conversation. « Certains dommages ne peuvent être défaits, mais ce règlement reconnaît le préjudice qui a été causé. »
L’affaire souligne les enjeux importants du journalisme de sécurité nationale et les conséquences graves lorsque les reportages ne respectent pas des normes rigoureuses. Comme me l’a dit un journaliste judiciaire chevronné qui a observé la procédure: « Dans la précipitation pour exposer l’ingérence étrangère, les médias doivent veiller à ne pas devenir des participants involontaires à celle-ci. »