Les salles de conseil d’administration du secteur énergétique canadien bourdonnent de tension cette semaine alors que Parkland Corporation, le plus grand détaillant indépendant de carburant du pays, évalue une offre de rachat non sollicitée de 9 milliards $ du géant américain Sunoco LP. La proposition, qui a émergé en fin de semaine dernière, représente une prime de 27 % par rapport au cours moyen de l’action de Parkland du mois précédent et a déjà envoyé des ondes de choc tant à Bay Street qu’à Wall Street.
Pour les Canadiens qui font le plein à la pompe, Parkland n’est peut-être pas un nom connu, mais la portée de l’entreprise s’étend sur plus de 4 000 établissements de détail et commerciaux à travers le Canada, les États-Unis et les Caraïbes. Au niveau local, ils opèrent sous des bannières familières comme Ultramar, Pioneer et Chevron au Canada.
« C’est plus qu’une simple acquisition transfrontalière, » explique Heather Exner-Pirot, analyste de politique énergétique à l’Institut Macdonald-Laurier. « Cela représente la consolidation continue des réseaux de distribution de carburant nord-américains et soulève d’importantes questions concernant la sécurité énergétique, le choix des consommateurs et la concurrence. »
Le moment est particulièrement remarquable. Parkland a consacré ces dernières années à élargir ses offres de carburants alternatifs et ses opérations de dépanneurs—une stratégie qui reflète le pivot plus large de l’industrie alors que les détaillants de carburant traditionnels se préparent à une éventuelle baisse de la demande d’essence. Juste au dernier trimestre, Parkland a signalé une augmentation de 15 % des revenus non liés aux carburants dans l’ensemble de son réseau de dépanneurs.
Selon les documents déposés auprès de SEDAR+, l’offre de Sunoco comprend des contreparties en espèces et en actions, structurées pour donner aux actuels actionnaires de Parkland environ 40 % de propriété dans l’entité combinée. Basée au Texas, Sunoco, qui distribue du carburant à environ 10 000 emplacements à travers les États-Unis, semble poursuivre une plus grande diversification géographique tout en gagnant immédiatement de l’envergure sur le marché canadien.
« Ce qui rend cette transaction particulièrement complexe, c’est le paysage réglementaire, » affirme Michael Plouffe, analyste de la concurrence chez RBC Marchés des Capitaux. « Au-delà des considérations typiques de la Loi sur Investissement Canada pour les prises de contrôle étrangères, il y a d’importantes préoccupations concurrentielles dans plusieurs marchés régionaux où les deux entreprises maintiennent déjà une part de marché substantielle. »
Le Bureau de la concurrence du Canada examinerait probablement l’accord de près, particulièrement dans l’Ouest canadien où l’entreprise combinée contrôlerait près de 40 % de la distribution de carburant au détail dans certaines provinces, selon les données de Kent Group, une firme d’analyse de l’industrie pétrolière.
Pour les consommateurs canadiens, les effets immédiats pourraient