J’étais au bord d’un skatepark animé dans l’Est de Vancouver hier, observant les jeunes se faufiler entre les obstacles en béton avec l’aisance que procurent la pratique et un équipement de sécurité adéquat. Un garçon d’environ 12 ans ajustait son casque avant de s’élancer dans le bowl. Sa mère a croisé mon regard et m’a souri : « Trois ans à le supplier de le porter, et maintenant il refuse de rouler sans. »
Cette conversation prend une résonance particulière aujourd’hui alors que Santé Canada vient d’émettre un rappel national de casques de vélo pour jeunes qui pourraient laisser les enfants vulnérables aux blessures à la tête lors de chutes ou d’accidents.
Le rappel concerne environ 62 000 casques vendus sous la marque populaire « SafeRide Youth » entre janvier 2022 et mars 2024, selon l’avis de sécurité des produits de consommation de Santé Canada. Ces casques—reconnaissables à leur finition noire mate et leurs sangles de menton jaune fluo—n’ont pas satisfait aux exigences des tests d’impact lors des récentes évaluations de sécurité.
« Le problème n’est pas cosmétique, » explique Dr. Alisha Moreland, spécialiste en traumatologie pédiatrique à l’Hôpital pour enfants de la Colombie-Britannique. « Ces casques peuvent sembler parfaitement corrects, mais les tests en laboratoire ont montré qu’ils n’absorbent pas correctement les forces d’impact. Dans une chute réelle, cette différence pourrait être celle entre une simple frayeur et une grave lésion cérébrale. »
Pour les familles à travers le Canada, ce rappel touche près de chez nous. Lorsque j’ai appelé Kelsey Thomson, une militante cycliste de Victoria dont les deux enfants possèdent les modèles rappelés, elle les emballait déjà pour les retourner.
« Mes enfants vont à l’école à vélo tous les jours, même en hiver, » m’a confié Thomson. « On fait confiance à un produit conçu pour protéger son enfant. Découvrir qu’il pourrait faillir au moment où ils en ont le plus besoin—c’est déchirant. »
Le timing ne pourrait être pire. Avec l’arrivée du printemps dans une grande partie du pays, les ventes de vélos augmentent généralement, et de nombreuses familles préparent leurs vélos et équipements de sécurité pour la saison. Les données de Statistique Canada montrent que les blessures liées au cyclisme atteignent leur pic entre avril et juin, les traumatismes crâniens représentant environ 20% de toutes les hospitalisations liées au vélo.
L’entreprise offre des remboursements complets et a mis en place un site web dédié au traitement des retours, bien que certains parents signalent que le système est débordé depuis l’annonce. Les détaillants, dont Canadian Tire, SportChek et les boutiques de vélos indépendantes, ont retiré les stocks restants des rayons.
Ce rappel s’inscrit dans une tendance préoccupante concernant la sécurité des produits pour enfants. Selon le rapport annuel le plus récent de Santé Canada sur la sécurité des produits de consommation, les produits pour enfants représentaient près de 30% de tous les rappels émis l’année dernière, les violations concernant les équipements de sécurité étant particulièrement troublantes.
Ce qui rend ce cas inhabituel, c’est que les casques avaient initialement passé les tests de certification. Les documents de Santé Canada montrent que la défaillance a été découverte lors de tests de surveillance de routine du marché, où des échantillons sont achetés anonymement chez les détaillants et soumis aux mêmes normes rigoureuses que la certification avant commercialisation.
« La cohérence de fabrication est extrêmement importante pour les équipements de sécurité, » affirme Michael Reynolds, qui a travaillé pendant 12 ans dans les tests de sécurité des produits avant de rejoindre Protection des consommateurs Canada. « Un design peut être solide, mais si les matériaux ou les méthodes d’assemblage changent ne serait-ce que légèrement pendant la production, la protection peut être compromise. »
Le rappel met également en évidence le défi évolutif de la sécurité des produits à l’ère de la fabrication mondiale et des achats en ligne. L’équipe de surveillance du marché de Santé Canada s’est agrandie ces dernières années, mais le volume de produits pour enfants importés crée d’inévitables lacunes dans la supervision.
Lorsque j’ai visité Kickstand Community Bikes, un atelier de vélo à but non lucratif dans le Downtown Eastside de Vancouver, la coordinatrice bénévole Jasmine Lee aidait une mère et sa fille à choisir un nouveau casque pour remplacer leur modèle rappelé. La fillette, d’environ neuf ans, essayait soigneusement plusieurs options avant de se décider pour un modèle violet.
« Il doit être assez cool pour qu’ils veuillent vraiment le porter, » a expliqué Lee, « mais assez sécuritaire pour qu’il fonctionne réellement. »
Alors que la mère payait le nouveau casque—la boutique offrait une réduction aux familles touchées par le rappel—elle a résumé ce que beaucoup de parents ressentent : « On essaie de tout faire correctement, leur enseigner la sécurité, acheter l’équipement adéquat. Puis quelque chose comme ça arrive et on réalise à quel point ils sont encore vulnérables. »
Les parents qui pensent posséder un casque concerné peuvent consulter l’avis de rappel sur le site web de Santé Canada ou appeler directement le service clientèle de SafeRide au 1-800-522-7233. L’entreprise priorise les options de remplacement en plus des remboursements pour s’assurer que les enfants ne restent pas sans protection adéquate.
À l’approche de l’été, alors que davantage de jeunes cyclistes prendront les rues et les sentiers, ce rappel sert à la fois d’alerte de sécurité pratique et de rappel de la confiance que nous accordons aux équipements de protection—une confiance qui doit être soutenue par des normes rigoureuses et des tests cohérents pour protéger nos cyclistes les plus vulnérables.