L’appel téléphonique est arrivé un lundi matin. Sarah Winters, pharmacienne à Victoria, venait d’ouvrir sa petite pharmacie communautaire lorsque l’alerte urgente de Santé Canada a illuminé son écran. « Je me souviens avoir pensé, ‘Pas encore un’, » m’a-t-elle confié la semaine dernière alors que nous étions assis dans son bureau, entourés de dossiers médicamenteux méticuleusement organisés.
Ce à quoi Sarah faisait face ce matin-là était le dernier événement d’une tendance préoccupante : un rappel national de prégabaline, un médicament anticonvulsivant et contre la douleur neuropathique sur lequel des milliers de Canadiens comptent quotidiennement. Le fabricant québécois JAMP Pharma venait d’émettre un rappel urgent pour certains lots de leurs capsules de prégabaline 300 mg en raison d’une erreur d’emballage potentiellement dangereuse.
Certaines bouteilles étiquetées comme contenant des capsules de 300 mg pourraient en fait contenir des capsules de 150 mg – une erreur qui pourrait entraîner de graves conséquences pour la santé des patients. Pour ceux vivant avec l’épilepsie ou des douleurs neuropathiques chroniques, ce médicament n’est pas optionnel; il est essentiel.
« Quand des rappels surviennent, nous sommes en première ligne, » a expliqué Sarah, désignant son comptoir où trois employés répondaient déjà aux appels de patients inquiets. « Les gens paniquent. Et franchement, ils en ont bien le droit. »
Le rappel d’avril 2024 affecte le lot CP3933, avec date d’expiration 05/2025. Santé Canada l’a classé comme Type I – leur catégorie la plus grave, indiquant une probabilité raisonnable que l’utilisation du produit affecté puisse entraîner des conséquences graves pour la santé ou même la mort.
En me promenant dans le Downtown Eastside de Vancouver le lendemain de l’annonce, j’ai parlé avec Dr. Michael Chen, qui dirige une clinique servant des populations vulnérables. « Pour les patients souffrant de troubles convulsifs, recevoir soudainement la moitié de leur dose prescrite pourrait déclencher des crises d’épilepsie, » a-t-il expliqué. « Les conséquences pourraient être mortelles, surtout pour ceux dont l’épilepsie est mal contrôlée. »
Le moment de ce rappel est particulièrement troublant car il suit plusieurs autres problèmes de sécurité médicamenteuse très médiatisés ces dernières années. Selon l’Institut canadien d’information sur la santé, les erreurs médicamenteuses affectent des centaines de milliers de Canadiens chaque année, les problèmes d’emballage et d’étiquetage étant des facteurs importants.
Pour les communautés autochtones du nord de la Colombie-Britannique, où l’accès aux soins de santé est déjà limité, de tels rappels créent des préoccupations supplémentaires. Emma Wilson, représentante en santé communautaire de