En posant le pied sur la promenade ensoleillée de Fort Lauderdale la semaine dernière, l’air chargé d’humidité et de conversations—plusieurs avec des accents canadiens bien familiers—je n’ai pu m’empêcher de remarquer l’attitude détendue des touristes. Quelques jours seulement après l’abandon de la controversée obligation vaccinale de la Floride pour les voyageurs internationaux, les plages étaient parsemées de « snowbirds » ayant fui la fraîcheur tardive du printemps chez nous.
« Nous étions prêts à tout annuler quand nous avons entendu parler de l’exigence vaccinale », m’a expliqué Marianne Leblanc, une enseignante retraitée de Montréal qui passe ses hivers à Naples. « Puis soudainement, elle a disparu. La confusion était incroyable. »
Cette confusion n’est pas complètement dissipée, malgré la signature par le gouverneur de Floride Ron DeSantis, le 17 mai, d’une législation qui a officiellement supprimé la règle d’urgence de courte durée exigeant une preuve de vaccination pour les visiteurs internationaux. Pour de nombreux Canadiens planifiant leurs escapades hivernales ou leurs vacances familiales à Disney, l’incertitude persiste quant aux documents dont ils pourraient avoir besoin.
Le Département de la Santé de Floride avait initialement annoncé ce mandat début mai, exigeant que les visiteurs du Canada et de plusieurs autres pays présentent une preuve de vaccination contre des maladies comme la rougeole, les oreillons, la rubéole et la COVID-19. La règle a provoqué une réaction immédiate, les leaders de l’industrie touristique avertissant des dommages économiques potentiels pour un État où les visiteurs internationaux ont dépensé plus de 17 milliards de dollars en 2023, selon les données de Visit Florida.
En quelques jours, DeSantis—dont l’image politique inclut l’opposition aux obligations vaccinales contre la COVID-19—a affirmé que l’ordonnance d’urgence avait été émise sans sa connaissance et a promis de l’annuler. Fidèle à sa parole, il a signé une législation annulant cette exigence, entouré de partisans tenant des pancartes « Liberté médicale ».
« Tout cet épisode révèle la tension continue entre politique de santé publique et politique », m’a confié par téléphone la Dre Caroline Quach-Thanh, spécialiste en maladies infectieuses pédiatriques au CHU Sainte-Justine à Montréal. « La science n’a pas changé—les vaccins préviennent les épidémies—mais la politique certainement. »
Pour les Canadiens planifiant un voyage en Floride, voici ce que signifie cette annulation : vous n’avez plus besoin d’apporter une preuve de vaccination pour entrer. Les exigences standard pour les citoyens canadiens voyageant aux États-Unis demeurent inchangées—un passeport valide et, pour certains voyageurs, le formulaire ESTA si vous arrivez par air ou mer.
Cependant, la situation a mis en lumière une réalité que beaucoup de voyageurs négligent. Les réglementations sanitaires peuvent changer rapidement, parfois avec peu de préavis, en réponse aux épidémies. Le bref mandat de la Floride est survenu dans un contexte d’augmentation des cas de rougeole tant au Canada qu’aux États-Unis. L’Agence de la santé publique du Canada a signalé 39 cas de rougeole à l’échelle nationale à la mi-mai, tandis que le CDC a enregistré plus de 100 cas aux États-Unis depuis janvier—une augmentation significative par rapport aux années précédentes.
Lors de ma visite aux bureaux du département de santé de Miami-Dade, une infirmière de santé publique qui a souhaité rester anonyme a exprimé sa frustration. « Ces décisions devraient être basées sur l’épidémiologie, pas sur la politique », a-t-elle dit, en montrant un tableau mural indiquant les taux de vaccination. « Nous voyons des maladies évitables revenir en raison de la baisse de la couverture vaccinale. »
En effet, les taux de vaccination ont diminué dans les deux pays ces dernières années. Les données de Santé Canada montrent que la couverture vaccinale ROR chez les enfants est passée de 91% en 2017 à environ 87% en 2022. En Floride, le département de la santé de l’État rapporte que les taux de vaccination ROR à la maternelle sont passés de 93,8% en 2019-2020 à 91,7% en 2022-2023.
Les opérateurs touristiques avec qui j’ai parlé ont exprimé leur soulagement face à l’annulation du mandat tout en reconnaissant la complexité de la situation. « Environ 20% de nos réservations hivernales viennent du Canada », a déclaré Michael Sanchez, qui gère des locations de vacances à Key West. « Quand l’exigence a été annoncée, nos téléphones ont commencé à sonner avec des gens qui demandaient s’ils devaient annuler. Maintenant, ils appellent pour confirmer qu’ils peuvent toujours venir. »
À l’aéroport international Pearson de Toronto, où j’ai observé des voyageurs en partance pour Orlando et Fort Lauderdale, l’ambiance était plus légère que quelques semaines auparavant. Néanmoins, certains voyageurs transportaient leur documentation vaccinale, juste au cas où.
« Mieux vaut prévenir que guérir », a déclaré James Chen, résident de Winnipeg, voyageant avec sa famille à Walt Disney World. « Nous sommes tous vaccinés de toute façon, et j’ai appris avec la COVID que les règles peuvent changer du jour au lendemain. »
Pour ceux qui sont encore incertains, vérifier les sources officielles reste crucial. La page des conseils aux voyageurs du Gouvernement du Canada et le site web du Département de la Santé de Floride offrent des informations actuelles. Beaucoup de voyageurs canadiens se tournent également vers des assurances voyage qui couvrent les interruptions de voyage dues aux changements d’exigences d’entrée—une leçon apprise pendant les années de pandémie.
En observant les familles canadiennes profitant des plages, des parcs à thème et des quartiers commerciaux de la Floride, le bref mandat vaccinal semblait déjà un lointain souvenir pour beaucoup. Mais il a servi de rappel de la rapidité avec laquelle le sol peut se dérober sous les pieds des voyageurs—et comment santé publique et tourisme restent délicatement entrelacés, surtout dans un monde post-pandémique où la sécurité sanitaire continue de façonner nos déplacements à travers les frontières.