Dans ce que certains observateurs qualifient de dégel politique, la première ministre albertaine Danielle Smith a décrit sa première rencontre en personne avec l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, comme « un premier pas positif » vers la résolution des préoccupations provinciales. La discussion d’une heure, tenue hier à l’Assemblée législative provinciale à Edmonton, signale un changement potentiel dans les relations de l’Alberta avec les figures associées aux libéraux fédéraux.
« Nous avons eu une bonne conversation sur la place de l’Alberta dans la Confédération et nos priorités économiques, » a déclaré Smith aux journalistes après la séance à huis clos. « Bien que nous ne soyons pas d’accord sur tout, j’apprécie la volonté de M. Carney d’écouter notre perspective sur le développement énergétique et l’autonomie fiscale. »
Cette rencontre survient alors que des rumeurs circulent que Carney, qui a également été gouverneur de la Banque d’Angleterre, pourrait se positionner pour une future course à la direction du Parti libéral. Pour Smith, dont le Parti conservateur uni a souvent dépeint les libéraux fédéraux comme hostiles aux intérêts de l’Alberta, s’asseoir avec une figure libérale importante représente un ajustement tactique.
L’analyste politique de Calgary, Janet Morrison, voit cette rencontre comme stratégiquement importante pour les deux parties. « Smith démontre qu’elle est prête à travailler au-delà des clivages politiques, tandis que Carney montre qu’il peut dialoguer constructivement avec les dirigeants provinciaux conservateurs. C’est du théâtre politique avec des implications pratiques. »
Selon des sources proches de la discussion, la tarification du carbone, le développement des ressources et les barrières commerciales interprovinciales ont dominé l’ordre du jour. Ces questions sont depuis longtemps des points de friction entre l’Alberta et Ottawa, la province ayant contesté les mesures fédérales de taxe carbone jusqu’à la Cour suprême en 2021.
Les enjeux économiques ne pourraient être plus importants. Le secteur énergétique de l’Alberta contribue à environ 90 milliards de dollars annuellement au PIB du Canada, selon le gouvernement provincial. Pendant ce temps, les libéraux fédéraux se sont engagés à réduire les émissions de 40-45 % sous les niveaux de 2005 d’ici 2030, créant des tensions avec les provinces qui dépendent de l’extraction des ressources.
Robert Chen, consultant en énergie basé à Edmonton, suggère que la rencontre reflète des réalités politiques plutôt qu’un compromis idéologique. « Smith a besoin de la coopération fédérale pour l’accès aux pipelines et l’approbation réglementaire. Carney doit démontrer qu’il comprend les préoccupations économiques de l’Ouest. Ni l’un ni l’autre ne peut se permettre de simplement antagoniser l’autre. »
La réaction du secteur énergétique albertain a été prudemment optimiste. La Chambre des ressources de Calgary a publié une déclaration soutenant « un dialogue constructif qui reconnaît le rôle crucial de l’Alberta dans le développement responsable des ressources tout en abordant les objectifs climatiques. »