La crise silencieuse qui dévaste les communautés du Nouveau-Brunswick depuis des générations reçoit enfin l’attention gouvernementale qu’elle mérite. La semaine dernière, le gouvernement provincial a dévoilé une stratégie globale contre la violence entre partenaires intimes, engageant 10,3 millions de dollars sur trois ans pour faire face à ce que les défenseurs décrivent depuis longtemps comme une urgence de santé publique.
« Il ne s’agit plus simplement de disputes domestiques—nous parlons d’un problème systémique qui traverse toutes les frontières socioéconomiques, » a expliqué Beth Morrison, directrice exécutive du Refuge pour femmes de Fredericton, présente lors de l’annonce. « Le fait que nous voyions un financement dédié démontre un changement dans la façon dont la province prend ce problème au sérieux. »
Depuis des années, le Nouveau-Brunswick lutte contre des taux alarmants de violence entre partenaires intimes. Selon les données de Statistique Canada publiées l’automne dernier, la province se classe constamment parmi les plus élevées par habitant pour les incidents de violence entre partenaires intimes signalés à la police, les communautés rurales portant souvent le fardeau le plus lourd.
Ce qui rend cette annonce politique différente, c’est son approche à multiples facettes. Le financement soutiendra les refuges d’urgence, les services de counseling et—peut-être plus important encore—un nouveau programme d’intervention obligatoire ordonné par les tribunaux pour les contrevenants. Le programme exige que les personnes accusées de violence entre partenaires intimes complètent des séances d’éducation avant que leurs cas ne progressent dans le système judiciaire.
La ministre du Développement social, Jill Green, a souligné que la politique a été élaborée après une consultation approfondie avec les travailleurs de première ligne et les survivants. « Nous avons écouté les experts—les personnes qui vivent cette réalité chaque jour, » a déclaré Green lors de la conférence de presse à Moncton. « Leurs voix ont façonné chaque aspect de cette stratégie. »
L’annonce survient après le cas déchirant de Sarah Johnston, dont la mort en 2022 à Miramichi a suscité l’indignation de la communauté lorsqu’il a été révélé qu’elle avait demandé de l’aide à plusieurs reprises avant que son partenaire ne lui ôte la vie. L’affaire a déclenché des manifestations à travers la province exigeant de meilleurs systèmes de protection.
Les critiques notent cependant que les 10,3 millions de dollars, bien que significatifs, sont inférieurs à ce que les défenseurs avaient initialement demandé. Robert McKee, critique de l’opposition en matière de développement social, a souligné que le Québec a récemment annoncé un plan quinquennal de 180 millions de dollars pour résoudre des problèmes similaires.
« Bien que ce soit un début, nous devons nous demander si ce financement correspond vraiment à l’ampleur du problème, » a déclaré McKee. « Les femmes du Nouveau-Brunswick méritent plus que des solutions partielles. »
La répartition du financement révèle où se situent les priorités: 4,8 millions de dollars pour les soutiens au logement d’urgence, 3,2 millions pour le programme d’intervention auprès des contreven